Dans un rapport publié hier, les autorités israéliennes accusent Charles Enderlin, correspondant de France 2 en Israël, d'avoir menti dans un reportage montrant la mort d'un enfant palestinien. Selon elles, l'enfant ne serait en réalité pas mort.
L'affaire remonte à septembre 2000. France 2 diffuse un reportage de Charles Enderlin sur des affrontements dans la bande de Gaza. On y voit un jeune palestinien de 12 ans, Mohammed Al-Dura, dans les bras de son père Jamal, pris au piège au milieu de violents combats entre Palestiniens et Israéliens. Une rafale de coups de feu survient, l'enfant meurt devant la caméra de France 2, le père est grièvement blessé. Charles Enderlin laisse entendre dans son reportage que les tirs mortels viendraient des positions israéliennes.
"Une seule façon de contrer les mensonges, c'est par la vérité"
Les autorités de l'Etat hébreu ont jusqu'alors nié être à l'origine de la mort du jeune garçon, rejettant la faute sur les combattants palestiniens. Mais dans ce rapport, évoqué par Le Monde, elles affirment désormais que l'enfant ne serait pas mort. "Les accusations et affirmations centrales du reportage de France 2 sont infondées", assurent les membres de la commission d'enquête à l'origine du document.
"Contrairement à l'affirmation du reportage selon lequel l'enfant est tué, le visionnage des images non montées par la commission montre que dans les scènes finales, qui n'ont pas été diffusées par France 2, on voit l'enfant vivant", souligne le texte. Toujours selon le rapport israélien, il n'y a pas de "preuve que Jamal ou l'enfant aient été blessés de la manière présentée par le reportage (...) Au contraire, il y a de nombreuses indications selon lesquelles aucun des deux n'a été touché". Dans un communiqué accompagnant la publication du rapport, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou enfonce le clou : "Il n'y a qu'une seule façon de contrer les mensonges, c'est par la vérité".
"Supercherie"
Sur son blog et sur son compte Twitter, Charles Enderlin a vivement répliqué à cette publication. Dénonçant une "enquête unilatérale", il précise que la commission d'enquête israélienne n'a jamais contacté France 2 ni le père de l'enfant, Jamal Al-Dura. Il rappelle aussi que ce dernier a été hospitalisé en Jordanie à la suite des évènements. "Jamal Al-Dura n'a pas été blessé, les chirurgiens qui l'ont opéré jouaient-ils la comédie ?", s'interroge t-il faussement sur Twitter. Et le journaliste de rappeler avec dérision, toujours sur Twitter, que le roi Abdallah de Jordanie a rendu visite en personne au père de l'enfant à l'hopital d'Amman : "Jamal Al-Dura n'a pas été blessé. Le roi de Jordanie le savait-il en lui rendant visite à l'hôpital à Amman ?".
Ce n'est pas la première fois que Charles Enderlin est frontalement attaqué pour ce reportage. Depuis plusieurs années, en France, Philippe Karsenty, le fondateur d'un site d'observation des médias, "Media-Ratings", accuse lui aussi le reporter de "supercherie". Selon lui, le reportage n'est qu'une "série de scènes jouées". Charles Enderlin a choisi de poursuivre Philippe Karsenty pour diffamation, le jugement de la Cour d'appel de Paris est attendu mercredi 22 mai.
