Les Français et leur vision de l'audiovisuel public. C'est le thème d'une grande étude réalisée par Opinion Way et commandée par le Sénat, qui organise aujourd'hui, en partenariat avec nos confrères de "Satellifax", un colloque intitulé "Comment réenchanter l'audiovisuel public à l'heure du numérique ?". D'après les résultats de l'étude présentés ce matin, alors qu'une grande réforme de l'audiovisuel public est en gestation, les médias de service public sont jugés "importants" par une très large majorité de la population, à hauteur de 82% pour la télévision et 79% pour la radio. "La légitimité des médias de service public est largement confortée. C'est vrai pour toutes les classes d'âge" a commenté Frédéric Micheau, directeur des études d'opinion à Opinion Way lors du colloque organisé aujourd'hui au Sénat.
Selon l'étude, la connaissance du service public télévisé est globalement bonne. 76% des Français identifient bien France 2 comme une chaîne publique. Ils sont 72% à le penser pour France 3, 61% pour France 5, 60% pour France 4 ou encore 53% pour franceinfo. "L'identification est facilitée par le déploiement de la marque ombrelle france.tv", a expliqué Frédéric Micheau. 16% des personnes interrogées dans ce panel représentatif de la population française pensent toutefois que TF1 est une chaîne publique alors qu'elle a été privatisée il y a plus de trente ans.
10% des 18-24 ans classent NRJ12 comme une chaîne publique !
Cette proportion monte en flèche auprès de la population jeune qui cerne moins bien les contours de la télévision publique. Les 18-24 ans sont ainsi 28% à penser que TF1 est une chaîne publique. 14% d'entre eux pensent que M6 l'est également. Plus surprenant encore, 10% des jeunes interrogés dans le cadre de cette étude classe NRJ12 comme étant une chaîne publique ! À l'inverse, ils ne sont que 57% à identifier France 2 comme une chaîne publique quand cette proportion atteint 87% chez les plus de 65 ans. "Plus on est âgé, plus on identifie clairement les chaînes du secteur public", confirme Frédéric Micheau.
Pour les stations du média radio, l'identification par l'ensemble de la population est un poil moins bonne que pour la télévision. Entre 61% et 65% des personnes interrogées identifient franceinfo, France Inter et France Culture comme des médias publics. Le taux tombe à 48% pour France Bleu. 18% pensent que Radio Classique est une radio publique, alors qu'elle appartient au groupe Les Echos-Le Parisien (propriété de LVMH). 11% croient qu'Europe 1 est dans la sphère publique tandis que 9% le pensent pour RTL. Une identification jugée "globalement bonne" par Frédéric Micheau. L'étude ne présentait en revanche aucune donnée sur la perception des radios par les 18-24 ans.
Privés/publics, des contenus qui se ressemblent (trop)
Là où le bât blesse pour l'audiovisuel public, ce qui participe à entretenir la confusion dans l'esprit d'une partie de la population, c'est que "les contenus sont perçus comme peu différents entre médias privés et médias publics". Ainsi, seuls 40% des Français interrogés estiment que l'information de service public est "différente" de l'information en provenance du privé. "Les jeunes perçoivent beaucoup plus les différences de service public en ce qui concerne les séries, le divertissement et l'offre sportive", a commenté Frédéric Micheau.
"Les programmes des chaînes privées, perçus comme 'infantilisants' et 'abrutissants' alimentent une image négative qui concerne l'ensemble des contenus télévisés", confirme Frédéric Micheau, qui cite par ailleurs "la dénonciation de la pauvreté des programmes qui sont proposés". Les spécificités éditoriales des chaînes publiques seraient en revanche "bien identifiées" d'après lui. Sans surprise, l'audiovisuel public jouit également d'une image meilleure que les chaînes privées. Une majorité des Français (56%) se disent ainsi satisfaits des programmes de l'audiovisuel public. Un taux toutefois plus bas que celui observé chez la plupart de nos voisins européens. "Le service public a une image plus sérieuse, plus informative, plus pertinente et plus éducative", assure Frédéric Micheau, même si les catégories les plus jeunes déplorent "un manque d'audace et de modernité".
