Cette joyeuse et entraînante comédie de Jason Reitman, pleine d'action et de rebondissements, n'est pas aussi simple qu'elle y parait : elle ne se contente pas de divertir légèrement mais ajoute des blagues assez mordantes et une critique acerbe du monde du travail, où on est aussi vite arrivé que parti, surtout en période de crise. Forcément, le fait de vivre dans un aéroport, comme dans Hôtesse à tout prix et Le terminal, fait de vous un être moderne et ambitieux, comme Ryan Bingham (George Clooney), une sorte de requin du licenciement, machine professionnelle froide pour détruire la vie des gens avec une hypocrisie notoire.
Un portrait intéressant, aussi, de « l'homme-victime » de la femme-mante-religieuse (la femme indépendante et sexuellement libre, ici interprétée par Vera Farmiga, vue dans Esther) en pleine forme. Ce personnage féminin à la fois libre et original, mais qui semble manifestement avoir un problème sans en ressentir de culpabilité, fait justement penser au précédent film du réalisateur, Juno, l'histoire d'une adolescente enceinte.
Presqu'un documentaire sur le monde du travail et ses absurdités
Evidemment, son film au rythme rapide et constant, sans temps mort, amuse puisqu'il fait penser au côté fun de Maman, j'ai encore raté l'avion. Les personnages, des jeunes qui jouent aux adultes, s'amusent comme des enfants en choisissant la voie la plus facile dans la vie (le type sans attache et je-m'en-foutiste). Mais le noyau central du film, les réactions filmées des gens quand on leur annonce qu'ils sont mis à la porte, nous ramène à la réalité.
Toutefois, il faut admettre que l'on n'a pas évité la caricature : l'assistante de Ryan est un vrai cauchemar, jeune et ambitieuse, elle semble être une sorte de robot working girl sans aucun style ou originalité : un portrait glacé et sans vie de la jeunesse individualiste et traditionnelle (le mariage, la stabilité, le travail) qui ne pense qu'à elle-même en se croyant brillante.
Cette comédie noire, si l'on peut dire, met en scène des victimes qui émergent de cette apparente insouciance : le héros lui-même qui se trouve pris à son propre piège, suivant un autre exemple plus proche, celui de José Garcia dans Le couperet, qui plaçait lui aussi le travail au centre de sa vie. Et puis il y a cette femme qui s'est suicidée après l'annonce de son licenciement. Non, tout ne va pas pour le mieux dans le monde moderne obsédé par le travail, et attention justement à ne pas avoir un sac à dos trop léger dans la vie, cela pourrait finir par vous nuire, semble être la leçon de ce film qui divertit autant qu'il questionne.