Armelle Le Goff ("20 Minutes") : "On nous donnait cinq ans à vivre en 2002"

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Armelle Le Goff ("20 Minutes") : "On nous donnait cinq ans à vivre en 2002"
Par Florian Guadalupe Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Armelle Le Goff, rédactrice en chef à "20 Minutes".
Armelle Le Goff, rédactrice en chef à "20 Minutes".
Afin de commenter les résultats One 2016 et One Global V4 du quotidien gratuit, puremedias.com a interviewé la rédactrice en chef du journal.

"20 Minutes" est en pleine forme. Ce jeudi, l'ACPM a publié ses études One 2016 et One Global V1 2017, qui dévoilent les audiences des titres de presse sur le print et sur le numérique. Parmi les grands gagnants de cette dernière vague, le quotidien gratuit détenu par les groupes Rossel et Sipa Ouest-France enregistre un lectorat de 3,9 millions de lecteurs sur le print, soit une hausse sur une vague de 136.000 personnes.

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De plus, le journal progresse fortement sur le numérique, puisqu'il possède une audience sur l'ordinateur de 6,4 millions lecteurs (+524.000), sur le mobile de 9,4 millions de citoyens (+1,18 millions) et sur la tablette de 3,8 millions de Français (+513.000). Afin de commenter ces résultats, puremedias.com a interrogé Armelle Le Goff, la rédactrice en chef de "20 Minutes".

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

"On mesure l'importance d'aller chercher le lecteur sur les réseaux sociaux"

puremedias.com : Sur cette dernière vague, "20 Minutes" augmente sur l'ensemble des supports. Comment l'expliquez-vous ?
Armelle Le Goff : "20 Minutes" a été pensé en 2002 pour un public : les jeunes actifs urbains. Tout le modèle a été construit autour de son lecteur d'abord sur le print, c'est-à-dire en allant chercher le lecteur là où il est, dans les transports en commun en lui mettant le journal dans la main. Je pense que ça a impacté toute notre façon de travailler jusqu'à aujourd'hui. On mesure aujourd'hui l'importance d'aller chercher le lecteur sur les réseaux sociaux, sur Facebook, sur Snapchat. C'est ce qui fait aujourd'hui le succès du titre, parce qu'il parle véritablement à ses lecteurs là où ils sont et comme ils le veulent. Et puis il y a un effet naturel. Aujourd'hui en ce qui concerne le journal papier, 1 lecteur sur 4 a moins de 30 ans. Il se reporte donc naturellement sur nos applis pour avoir de l'information.

Votre journal gagne plus d'un million de lecteurs sur le mobile. Comment analyse-t-on cette hausse sur ce support ?
Dès le départ, "20 Minutes" en print est mobile-compatible. Ce sont des articles qui sont courts. "20 Minutes" est un journal qui a été pensé pour être hyper réactif et cela explique notre succès sur mobile également. Notre objectif au quotidien, c'est vraiment de donner l'information le plus rapidement possible, avec le moins de biais possible. C'est une information hyper sérieuse. C'est triste à dire, mais le travail sur les attentats, sur Charlie Hebdo, le 13 novembre, "20 Minutes" a été extrêmement réactif, a très bien informé ses lecteurs, à un moment où il y avait un besoin fondamental d'informations et sans faire d'erreurs. Il y a quand même des grands médias qui se sont plantés sur ces séquences là, pas "20 Minutes" ! Cela crée un contrat de confiance avec le lecteur. Et puis il y a le ton "20 Minutes", qui conserve une certaine oralité jusque dans l'écriture et dans laquelle se reconnaissent sans doute nos lecteurs.

"'Direct Matin', ce n'est pas du tout le même journal"

Comment se positionne "20 Minutes" par rapport aux autres grands quotidiens nationaux ?
On ne réfléchit pas vraiment par rapport à nos concurrents. Le matin, nous faisons des choix qui sont vraiment pensés pour nos lecteurs. On connait les gens à qui on parle, parce qu'ils sont au coeur de la rédaction. Ce que fait la concurrence, ce n'est pas au coeur de notre travail.

Arrivez-vous à expliquer l'écart d'audience entre "Direct Matin", désormais "CNews Matin" et votre journal ?
Ce n'est pas du tout le même journal. Par exemple, pour le premier tour de la présidentielle, on était en live dans la rédaction. Nos lives sur mobile, on les fait depuis super longtemps, ils sont hyper interactifs et réactifs. On avait des journalistes qui étaient dans tous les QG, certains faisaient des Facebook Live. On avait deux journalistes qui animaient le compte Snapchat de la rédaction. Tous nos journalistes en région envoyaient des photos pour les réseaux sociaux. Il y a une préoccupation de la rédaction, qui est de raconter une histoire et d'informer, mais sur différents supports.

"Nous travaillons sur notre cellule de fact checking"

Quels sont les grands chantiers sur lesquels vous devez encore travailler ?
On va évidemment encore plus travailler sur le participatif et la place du lecteur dans la rédaction. C'est un des chantiers de 2017 : comment faire en sorte que le lecteur soit encore plus présent pour fabriquer l'information aux côtés des journalistes. On veut faire en sorte qu'un papier publié par un journaliste soit vraiment le début d'une histoire, qu'elle ait une continuité. On veut aussi plus d'échanges, mais ça avec Facebook, les réseaux sociaux, c'est vraiment quelque chose qui va croître. On va travailler notamment sur la vidéo. L'actualité racontée en images est en plein essor.

La rédaction travaille-t-elle sur de nouveaux projets ?
En termes de projet, nous travaillons actuellement sur notre cellule "Fact Checking - Desintox", qui est un des axes de développement de la rédaction. On va faire partie de la plateforme Facebook avec sept autres médias. L'idée, c'est de renforcer encore le contrat de confiance tacite que nous développons chaque jour un peu plus avec notre lecteur : être réactif, pas partisan, crédible et fiable.

"Il n'y a pas un seul annonceur qui peut nous dicter quoi que ce soit"

Beaucoup d'observateurs des médias n'ont pas forcément cru à la survie des journaux gratuits. "Metronews" a d'ailleurs disparu en print. "20 Minutes" garde toujours un lectorat fort, mais comment se porte financièrement le journal ?
Plutôt bien ! Le journal est à l'équilibre depuis l'exercice 2007 et le modèle "20 Minutes", dans sa globalité print et numérique, est rentable depuis 2008. C'est une bonne chose en termes de santé financière et cela nous permet une indépendance économique. "20 Minutes" a trouvé un modèle. Aujourd'hui, dans l'éco-système médiatique, le journal est entièrement détenu par des actionnaires de presse, les groupes Sipa Ouest-France et Rossel. C'est aussi un gage d'exigence éditoriale.

On peut encore faire vivre une rédaction uniquement avec la publicité ?
On donnait cinq ans à vivre à "20 Minutes" quand ça s'est lancé en 2002. En 2008, avec la crise, on voyait le journal disparaître. Aujourd'hui, il fonctionne bien avec une rédaction d'une centaine de journalistes. Quelque part, c'est un gage d'indépendance. On dépend uniquement de la publicité et il n'y a pas un seul annonceur qui peut nous dicter quoi que ce soit, étant donné l'audience qu'on a. Notre garantie d'indépendance, c'est notre audience et le nombre de lecteurs qui nous lisent tous les jours.

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