D'ordinaire très discrète, Audrey Pulvar s'est affichée ce week-end au bras d'Arnaud Montebourg. Devant les caméras, sous les crépitements des photographes. Sans doute galvanisée par le score de son compagnon champion, la journaliste est sortie de sa réserve habituelle. Celle qui refusait d'être prise en photo à ses côtés a lâché prise. Et s'est retrouvée à la surprise générale dans tous les JT, lundi soir. Probablement dans bon nombre de magazines people demain. Cette mise en scène médiatique en a surpris plus d'un.
Les points de vue s'affrontent
Le cas Pulvar n'est pas isolé. La compagne de François Hollande est aussi journaliste sur Direct 8 et à Paris Match. Mais Valérie Trierweiler ne se montre pas en campagne. Et elle a d'ores et déjà annoncé l'arrêt de son émission politique. Une question se pose alors aujourd'hui : Audrey Pulvar doit-elle mettre entre parenthèses sa carrière journalistique le temps de la campagne présidentielle ? Plusieurs points de vue s'affrontent. Oui, plaident certains, pour écarter toute ambiguïté et par respect des auditeurs de France Inter - où elle anime le 6/7 - et des téléspectateurs de France 2 - où elle est chroniqueuse dans On n'est pas couché -. D'autres plaident en sa faveur, rappelant son indépendance d'esprit. Lors de sa mise à l'écart d'i-TELE, bon nombre de ses consoeurs n'avaient d'ailleurs pas hésité à prendre vigoureusement sa défense.
Mais plusieurs voix s'élèvent aujourd'hui pour dénoncer ce mélange des genres. "C'est une question qu'il faudra bien un jour poser, très poliment, sans bouleverser l'ordonnancement ambiant (...) surtout sans vexer personne puisque c'est du côté de la gauche que ça se passe (...) Vous imaginez si ça se passait à droite !" a lancé mercredi matin Jean-François Copé, patron des députés UMP. A la rédaction de France Inter, les images du week-end ont provoqué un énorme malaise lundi matin. "Ce week-end, comme tous les salariés de France Inter, on avait "primaire". Du coup, dimanche matin, un bus affrété spécialement pour l'occasion est venu chercher chaque employé pour nous conduire au bureau de vote installé dans les locaux de Radio France" avait ironisé l'humoriste maison Sophia Aram. Mais fini de rire.
Les journalistes de France Inter "choqués"
Ce mercredi, la Société des Journalistes de Radio France se dit "choquée" par "certaines images de dimanche soir, celles où l'on voit Audrey Pulvar, animatrice de la tranche 6h/7h de France Inter, aux côtés de son compagnon Arnaud Montebourg, fêtant son résultat à la primaire socialiste". La SDJ poursuit : "Jusqu'ici, la discrétion dont elle faisait preuve était appréciée. Mais cette mise en lumière soudaine aux côtés d'un acteur politique au poids décisif a heurté plusieurs membres de nos rédactions, qui craignent une confusion nuisible à l'image de France Inter et à leur travail". Conséquence immédiate : Pulvar n'interrogera plus dans sa tranche l'éditorialiste quotidien de la presse écrite. "Elle ne peut plus rester journaliste à France 2 et France Inter, elle a sablé le champagne avec Montebourg après avoir dit qu'elle était journaliste indépendante !" la tacle Christophe Hondelatte de RTL. En leur temps, Béatrice Schönberg avait été écartée du 20 heures, Anne Sinclair s'était retirée du métier. Une seule survivante, Christine Ockrent, qui n'a jamais cessé d'exercer sa fonction de journaliste malgré la carrière politique de son compagnon, Bernard Kouchner.
Temps de parole
Le CSA peut-il mettre un terme à ce mélange des genres ? Selon Le Figaro, l'Autorité réfléchirait à décompter le temps de parole d'Audrey Pulvar au profit du PS ! "Faux" rétorque-t-on aujourd'hui du côté de l'Autorité. Si Audrey Pulvar exprime un soutien pour le PS et seulement si, son temps de parole sera décompté. Et uniquement en période électorale ! "Or, le temps de la campagne présidentielle n'a pas démarré" nous indique-t-on. Audrey Pulvar peut donc faire et dire ce qu'elle veut, journaliste en exercice ou pas.
Elle ne compte d'ailleurs pas lâcher son job. "En onze mois de campagne d'Arnaud, je n'ai jamais été de ses déplacements (...) J'ai étanchéifié notre vie par rapport à sa campagne. Je ne me suis montrée à ses côtés dimanche que parce que sa campagne est finie ! (...) Après dimanche, il n'aura pas de rôle particulier. Je ne vois pas pourquoi ça devrait m'empêcher de continuer" plaide-t-elle au Point.fr. Mais ses arguments laissent insensibles les syndicats. "Vivez vos amitiés et vos amours, mais gardez-les pour vous. N'oubliez pas les soupçons des auditeurs, pour qui, souvent, l'amitié d'aujourd'hui peut devenir la collusion de demain" écrit le SNJ Radio France dans un communiqué.
