Bruce Toussaint : "Créer l'esprit de bande, c'est ce qui me plaît le plus"

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Bruce Toussaint : "Créer l'esprit de bande, c'est ce qui me plaît le plus"
Par Pierre Dezeraud Journaliste
Journaliste à puremedias.com depuis octobre 2016, Pierre Dezeraud est diplômé en histoire, journalisme, sciences politiques et communication. Après un passage au sein du groupe TF1, il rejoint puremedias.com...
Bruce Toussaint aux commandes de "Grand Angle" sur BFMTV
Bruce Toussaint aux commandes de "Grand Angle" sur BFMTV © Eliot Blondet
Recrutement phare de BFMTV à la rentrée dernière, Bruce Toussaint est devenu une figure incontournable de la chaîne info. puremedias.com s'est entretenu avec lui.

Entre Bruce Toussaint et BFMTV, l'aventure continue ! Interrogé par puremedias.com, le journaliste annonce qu'il rempile pour une deuxième saison à la tête de "Grand Angle", la tranche info stratégique du 22h/minuit de BFMTV, qui sera remaniée à la rentrée. Alors qu'il présente ce soir la soirée spéciale consacrée à Elizabeth II, avec la diffusion d'un long format puis d'un débat en plateau, puremedias.com s'est entretenu avec Bruce Toussaint.

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Propos recueillis par Pierre Dezeraud.

puremedias.com : "Elizabeth II, les secrets d'un empire" est le septième long format de la saison de BFMTV. Pourquoi ce sujet ?
On a traité de nombreux sujets ces derniers mois. Il y a eu de la politique, du people et des sujets plus lourds comme le terrorisme... L'idée, c'est de montrer que nous brassons tous les sujets de l'actualité. C'est une manière de montrer la palette ultra-extensible de nos possibilités mais aussi, et c'est le cas avec ce grand personnage historique qu'est Elizabeth II, que ces grands reportages ne sont pas seulement cantonnés à des événements récents ou à des personnages de l'actualité immédiate.

Ce thème plus léger correspond peut-être aussi à la période de fin de saison et de début d'été ?
Le reine vient tout juste de fêter ses 93 ans. Mais, peu importe la période, on aurait fait ce sujet. Il est naturel que l'on s'y intéresse. On voit bien, entre la formidable série "The Crown" - et si vous avez aimé "The Crown", vous allez adorer cette enquête - et la naissance récente du fils du prince Harry et de Meghan Markle, que la famille royale est en permanence au coeur de l'actualité. Et ce n'est pas un portrait dithyrambique, c'est une véritable enquête, qui raconte le pouvoir de cette femme hors du commun qui est juste la femme la plus puissante au monde.

Ils ont dit
"On s'inscrit plus dans le récit que dans le scoop avec ce format"
Bruce Toussaint

Vous traitez d'Elizabeth II comme vous auriez pu faire un sujet sur la mort de Diana, objet de nombreux documentaires ?
Je pense que si on devait faire la mort de Diana, ce serait parce qu'on aurait des éléments nouveaux à apporter sur cet événement. L'idée n'est pas de faire "Un jour, un destin", qui est une émission que, par ailleurs, j'aime beaucoup. Encore une fois, ce n'est pas un portrait historique mais un doc d'actualité avec aussi beaucoup d'images récentes, dont les images cocasses, datées de début juin, de la reine aux côtés de Donald Trump.

On a déjà à peu près tout vu, tout lu, tout entendu sur la famille royale britannique. Est-ce que l'on apprend des choses nouvelles dans cette enquête ?
On s'inscrit plus dans le récit que dans le scoop avec ce format. On rappelle l'incroyable influence qu'elle a aujourd'hui encore. On pourrait croire qu'à 93 ans, au règne des GAFA, la famille royale serait has been. Pas du tout. Ça parait fou mais elle est l'icône d'une série de Netflix et est aussi puissante qu'un Mark Zuckerberg ou un Tim Cook. Entre ce qu'elle représente pour son pays et les responsabilités qui sont les siennes, c'est un personnage incontournable de notre monde. On raconte aussi les sujets tabou derrière le masque. L'argent par exemple. C'est presque un crime de lèse-majesté d'en parler à Buckingham Palace ! En bref, on essaie de faire un tour complet du récit de la vie de ce personnage sans équivalent et presque hors du temps. Pensez qu'on est en 2019 et que son premier Premier ministre était Churchill ! C'est fou !

Qui choisit les sujets abordés dans les longs formats ? La direction de la chaîne ou l'équipe de "Grand Angle" ?
C'est un choix collégial. L'équipe de Myriam Alma, qui dirige le service des reportages de "Grand Angle", fait des propositions qui sont ensuite tranchées par Céline Pigalle et Hervé Beroud. En ce qui me concerne, j'ai un rôle qui concerne surtout la soirée en elle-même à l'antenne avec notamment le débat qui suit le documentaire.

Ils ont dit
"Le people, c'est de l'info"
Bruce Toussaint

Après "Johnny/Laeticia, à la vie, à la mort" et "Depardieu, l'homme sans limites", c'est le troisième long format "people" de BFMTV. Quelle est la légitimité d'une chaîne info, comme BFMTV, sur ce créneau ?
Le people, c'est de l'info. Après tout dépend aussi de ce que l'on appelle people. Mais Johnny, par exemple, bien sûr que c'est de l'info. D'une part, cela passionne les Français et d'autre part, ça raconte des choses sur notre société, notamment notre rapport à la question d'héritage. L'actualité people, culturelle et artistique a toute sa place sur BFMTV. D'ailleurs, à plusieurs reprises, dans la journée, cette actualité-là est présente. Ça me parait naturel, ce n'est pas "sale". Au fond, c'est important pour BFMTV de pouvoir montrer qu'elle n'est pas juste un robinet à images. C'est une chaîne qui a d'énormes ressources et qui est capable de faire tout de l'enquête, de l'analyse politique, du débat, des grands directs et même de diffuser une finale de Ligue des Champions !

Plus globalement, quel bilan tirez-vous de cette première année à BFMTV ? Un année pour le moins exceptionnelle puisque marquée par le mouvement des Gilets jaunes...
Ça a été une année riche, intense, incroyable. L'actualité est toujours surprenante mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a été dense cette année. Bien sûr, il y a eu les Gilets jaunes. Mais l'année ne peut pas se réduire à cela. Notre-Dame a été un événement incroyable, mondial. J'ai eu aussi à couvrir l'attentat de Strasbourg. Il s'est passé énormément de choses, notamment sur le plan politique, avec les européennes. Être aux premières loges et vivre tout cela dans la première chaîne info de France, ça a été très enrichissant. À dire vrai, j'ai beaucoup appris cette année, au contact de cette rédaction et grâce à l'expérience de Céline Pigalle et Hervé Beroud. Je me suis retrouvé confronté face à des situations parfois compliquées, nouvelles. Il a fallu faire des choix et prendre ensuite toutes ses responsabilités. Ça a été une année de dingue ! Et ce n'est pas complètement terminé !

Vous rempilez pour une deuxième "année de dingue" ?
Je rempile pour une deuxième année, oui. Dingue, je ne sais pas ! Mais si c'est le cas, tant mieux (rires). Plus sérieusement, Hervé Beroud et Marc-Olivier Fogiel m'ont demandé de poursuivre l'aventure le soir, j'en suis très heureux. Ces dernières années, j'ai pas mal bougé donc je suis très content de pouvoir construire quelque chose.

Ils ont dit
"On va faire émerger une bande dans 'Grand Angle'"
Bruce Toussaint

Est-il vrai que l'émission reviendra dans une nouvelle formule, autour d'une bande, à la rentrée ?
Oui, mais l'intention reste la même : proposer tous les soirs du lundi au jeudi un tour complet de l'actualité du jour avec toujours des reportages un peu plus longs de cinq ou six minutes. Autour de moi, il y aura désormais moins d'invités et, effectivement, une bande. On va faire émerger cette bande de quatre personnes, éditorialistes et chroniqueurs. Il y aura notamment Bruno Jeudy et des nouveaux visages comme Benoît Gallerey et Chloé Cambreling, qui assurait la présentation des journaux le matin sur RMC. Le recrutement de la quatrième personne est encore en cours. Avec cette bande, nous allons commenter et décrypter l'info du jour. J'en suis ravi parce que j'ai fait ça dans les matinales que j'ai présentées ou bien à l'époque de "L'édition spéciale" sur Canal+. C'est ce qui me plait le plus : distribuer, mettre en valeur autour de moi et donc créer l'esprit de bande.

Continuerez-vous à être mobilisé sur les soirées spéciales comme la grande soirée spéciale crise des Gilets jaunes avec Ruth Elkrief ou le dispositif autour de la finale de la Ligue des Champions ?
Je le souhaite en tout cas. Ce sera selon les événements et l'organisation qui sera mise en place par Marc-Olivier Fogiel et Céline Pigalle. J'ai été très sollicité cette année et j'en ai été ravi. Ça a été des expériences très fortes. Je me souviendrai longtemps de la soirée avec Ruth. Ça a été la première grande émission qui mettait en prime des ministres et des Gilets jaunes. Beaucoup de gens ont pris conscience à ce moment-là de la gravité de la crise. Je suis fier d'avoir participé à ce programme. En ce qui concerne la finale de la Ligue des Champions, le fan de foot que je suis a été comblé et je crois qu'on a réussi à faire un programme très grand public pour mettre en valeur cet événement. C'était énorme !

Si on vous demande de rempiler l'an prochain pour la finale de la Ligue des Champions, ce sera donc un grand oui ?
Sans hésiter ! En priant pour qu'il y ait un club français, ça donnerait une dimension encore plus forte à l'événement. Ça a été une super expérience d'autant qu'il y avait une dimension totalement inédite pour BFMTV. Mais c'est la chaîne de l'événement, c'était assez naturel qu'elle le fasse.

Ils ont dit
"En matière d'info, BFMTV donne le la en permanence"
Bruce Toussaint

Vous ne comprenez donc pas la position du CSA qui a mis BFMTV en demeure pour manquement à sa convention ?
Honnêtement, l'interprétation de la convention me parait étonnante. Mais, dans le foot, on ne commente pas les décisions de l'arbitre...

L'année prochaine sera celle des Municipales. Vous êtes candidat à l'animation de débats ?
Je ne suis pas journaliste politique et la maison est pleine de ressources et de grands talents, bien plus légitimes pour l'exercice, comme Ruth Elkrief et Apolline de Malherbe, qui ont d'ailleurs animé le grand débat des européennes avec brio. Je serais bien sûr ravi si on me demandait de participer à des débats mais je suis déjà très bien servi avec "Grand Angle", les grandes soirées autour des reportages et les éditions spéciales en soirée. Après, l'actu autour des municipales sera présente sur toute l'antenne, dont "Grand Angle" bien sûr.

Dans le sillage de la Présidentielle 2017, les Européennes ont été le prétexte à l'organisation de nombreux débats. Vous comprenez cet engouement ?
On en faisait surtout pas assez avant, c'était ça l'erreur ! Je crois que BFMTV, en lançant le débat à 11 en 2017, a lancé un mouvement, qu'elle avait d'ailleurs initié dès 2007 avec le débat Royal/Bayrou. Je constate d'ailleurs qu'en matière d'info, c'est BFMTV qui donne le la en permanence. Maintenant, pourquoi les gens aiment-ils cela ? Ce sont des moments de vérité, où les candidats sont mis en difficulté pour le bien du débat public. Il faut multiplier les débats. J'y crois beaucoup.

Ils ont dit
"L'interview de Brigitte Macron par Marc-Olivier Fogiel ? Qui d'autre peut le faire ?"
Bruce Toussaint

Marc-Olivier Fogiel va prendre la tête de BFMTV. Vous l'avez cotoyé à Canal+ dans les années 90 puis vous lui avez succédé à la tête de la matinale d'Europe 1 en 2011. Comment appréhendez-vous son arrivée au poste de directeur général de la chaîne ?
C'est une excellente nouvelle. J'ai effectivement connu Marc-Olivier dans les années 90, ça ne nous rajeunit pas (rires) ! Là-bas, je l'ai vu émerger, exploser, devenir le grand journaliste qu'il est. On avait failli travailler ensemble, ça n'avait, hélas, pas pu se faire. Mais on s'est jamais perdu de vue. Lorsque j'ai repris la matinale d'Europe 1, je l'ai beaucoup consulté. Ses avis m'étaient précieux. Aujourd'hui, c'est forcément agréable de voir arriver quelqu'un que l'on connait et que l'on apprécie. Je me sens en confiance, on parle la même langue. Je suis aussi enchanté pour la chaîne. Ce qu'il vient de faire avec Brigitte Macron, qui d'autre peut le faire ?

Comme lui, vous avez une longue expérience du média radio. Après une année de chaîne info, ce média vous manque-t-il ?
Sans langue de bois, ça ne me manque pas. La chaine info en continu est un média tellement intense. Vous n'avez pas le temps de penser à autre chose. J'adore la radio, j'espère en refaire un jour, mais là je n'ai pas d'envie particulière si ce n'est de me consacrer pleinement à BFMTV. Après, je constate que ce média évolue. C'est dur pour certaines radios, la concurrence est féroce. Mais c'est une guerre. La guerre des matinales, par exemple, est sans pitié. Et ça ne va pas s'arranger car les enjeux sont de plus en plus forts.

Mais cette guerre existe aussi entre les chaînes info.
Bien sûr. J'avais déjà connu ça lorsque j'étais à iTELE et que je me bagarrais à l'époque contre BFMTV. On se regarde tous. C'est important et c'est sain. Je suis très attentif à ce que font mes concurrents. Pour accroître son avance, il faut rester au courant de ce que font les autres.

Ils ont dit
"Je suis très dépendant des prime-time des grandes chaînes"
Bruce Toussaint

Comment ressent-on la pression de l'audience sur une chaîne comme BFMTV ?
Aujourd'hui, quel que soit le média, ça fait un moment que j'ai compris que la pression de l'audience existe. Et je pense qu'elle est normale. Cette saison, je pense que nous nous sommes bien défendus. Nous progressons un peu malgré une concurrence qui s'est organisée sur le 22h/minuit, ce qui n'était pas forcément le cas avant. C'est important de connaître ces chiffres et de savoir si nous sommes suivis et par qui nous sommes suivis. Ça fait partie du modèle économique des chaînes info, pourquoi se boucher le nez ? J'aime beaucoup analyser les structures d'audience. Par exemple, le soir, je sais que je suis très dépendant des prime-time des grandes chaînes. Le prime est de plus en plus tardif. Il débute à 21h10 voire 21h15. Or, je prends l'antenne à 22h. Nos vrais concurrents, ce sont TF1, France 2, France 3 et M6. Quand leur prime-time se termine, on voit un afflux de téléspectateurs. Et c'est à ce moment-là qu'il faut être solide pour les garder.

Bruce Toussaint
Bruce Toussaint
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