Réussite incontestable, "Le Cercle rouge" de Melville est diffusé ce soir sur France 2. L'occasion de retrouver un certain cinéma français plus ou moins disparu, et qui a inspiré les plus grands.
Le Cercle rouge représente un pan du cinéma français. Il fait partie de ces films qui ont façonné la légende de notre cinéma, lui donnant ses lettres de noblesse. Le genre de films qui marquent à jamais. Le mérite revient surtout à Jean-Pierre Melville, cinéaste génial, influencé par le cinéma américain, qui orchestre ici un ballet essentiellement masculin. Et quel ballet ! Alain Delon, Bourvil, Yves Montand, François Périer...
Une ambiance singulière et alléchante
Le film s'ouvre par une magnifique citation de Rama Krishna, qui met de suite le spectateur dans une ambiance singulière et alléchante. S'ensuit une séquence de 7 minutes avec Bourvil et Gian Maria Volonté, séquence qui a la particularité d'être entièrement muette ! Le film contient une autre muette, cette fois de braquage, mais qui dure 25 minutes.
Melville, formidable raconteur d'histoires, humanise ses gangsters, les rendant vulnérables, sensibles, presque touchants. Un véritable filmeur d'hommes qui donne une aura et une dimension considérable à ses personnages. Du caviar pour les amoureux de cinéma, sachant que Melville soigne consciencieusement sa lumière, une photo magnifique qui ferait pâlir James Gray de jalousie.
Un casting six étoiles
Alain Delon est lui aussi responsable de la réussite du film. Insolent de talent et de charisme, très loin de sa caricature actuelle, de ses « il vous en prie » ou autres suffisances, il offre une prestation digne de ce nom. Fatigué, malade, Bourvil offre une dernière prestation en forme de testament. Ambigu, solitaire, complexe, il est somptueux. Un contre-emploi incroyable. Tchao Pantin est de la rigolade à coté.
C'est aussi l'occasion de voir ce que le cinéma français pouvait faire de mieux. Une lumière sublime, un casting en or massif, des personnages mémorables, une ambiance noire et envoûtante... Bref, du grand cinéma de genre populaire français. Le genre de cinéma qui ramenait les foules. Malheureusement ce cinéma a un peu disparu. Bêtement complexé par le cinéma américain, le cinéma populaire français se résume maintenant à des comédies (réussies 1 fois sur 2). La Nouvelle Vague (Truffaut, Godard, Rohmer) a tout dévasté : par son opportunisme et sa vanité, elle a embelli le cinéma américain mais a poussé le cinéma français dans ses derniers retranchements.
Le Cercle rouge réconcilie tout le monde : du cinéma d'auteur (Melville) de genre (polar) et populaire (le film a très bien marché en salles). Certains cinéastes tentent encore (avec talent et réussite) de retrouver ce cinéma là : Olivier Marchal, Florent Emilio Siri, Nicolas Boukhrief ou encore Fred Cavayé.