Après que l'Autorité de la concurrence et le CSA ont décidé d'autoriser le rachat de TMC et NT1 par TF1, le groupe M6 a déposé deux recours en référé devant le Conseil d'Etat pour faire capoter la vente.
Lundi matin, une première audience s'est tenue au cours de laquelle Nonce Paolini, PDG de TF1 et Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 se sont vivement affrontés. M6 estime que ce rachat pourrait s'assimiler à l'acquisition de Free, le deuxième opérateur télécom français, par le leader France Télécom.
La Six a pointé du doigt la situation dominante de la Une sur le marché de la publicité télé, sur l'importance du stock de programmes de TF1 (notamment en matière de fictions françaises et étrangères) que le groupe va pouvoir faire "circuler" sur ses chaînes ou encore sur la puissance du groupe de Nonce Paolini. « TF1 a la première chaîne nationale, la première chaîne de la TNT (TMC, NDLR) et la première chaîne du câble et du satellite (Eurosport, NDLR) », a expliqué Nicolas de Tavernost.
D'autre part, M6 juge que TF1 est également en position dominante concernant l'acquisition de programmes. « Quand vous avez trois chaînes, c'est beaucoup plus facile pour acquérir des droits. Les appels d'offres de grands droits arrivent dans quelques semaines, nous sommes en état d'infériorité majeure pour les aquérir », a estimé Nicolas de Tavernost qui a réclamé une interdiction d'« achats groupés ». Quant aux engagements de TF1 pris devant l'Autorité de la Concurrence et le CSA, M6 les estime insuffisants voire inopérants. Pire, TF1 « sera naturellement poussée à (les violer) » selon Nicolas de Tavernost qui n'a pas épargné le CSA, accusé d'avoir dit « oui à l'opération avant même de l'instruire » et de ne pas respecter son engagement en matière de pluralité des opérateurs sur la TNT.
Pour sa part, TF1 a accusé M6 de « négocier avec les mandataires d'une trentaine de fédérations sportives » pour mettre la main sur les matches extérieures de l'Equipe de France alors même que TF1 détient l'exclusivité des rencontres jouées à domicile. Nonce Paolini a souligné que la part de marché publicitaire du groupe TF1 « ne cesse de baisser. Dire qu'elle est de 50% est une fiction entretenue par M6 ». Elle atteindrait aujourd'hui 46% selon lui. De surcroît, un représentant de l'Autorité de la concurrence a évalué la part de marché publicitaire de TMC et NT1 à 1,5%, appuyant les dires de TF1. Quant à l'acquisition des programmes, et notamment des séries étrangères, Nonce Paolini a expliqué que l'achat des 7 séries les plus puissantes de la télévision française par TF1 n'est due qu'au « hasard » et au « talent de ses équipes ». Enfin, TF1 a rappelé que M6 « a été la grande gagnante de l'exercice 2009 en termes de rentabilité ».
Rappelons que pour l'exercice 2009, les bénéfices de TF1 ont atteint 115 millions d'euros pour un chiffre d'affaires (CA) de 2,37 milliards d'euros. Ceux de M6 se sont élevés à 139,2 millions d'euros pour un CA de 1,38 milliard d'euros.
La décision du juge des référés du Conseil d'Etat est attendue pour ce jeudi 22 avril. M6 a peu de chances de gagner, estime La Tribune.
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