Christophe Maé : "Brasser du vent, ça ne m'intéresse pas"

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Christophe Maé : "Brasser du vent, ça ne m'intéresse pas"
Par Charles Decant Rédacteur en chef

Rédacteur en chef de puremedias.com, Charles Decant est diplômé de Sciences Po Paris. Après un passage chez Universal Music, il a rejoint l'aventure puremedias.com en 2007 et se spécialise notamment dans...

Christophe Maé sur la pochette de "Dingue Dingue Dingue"
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Interview avec le chanteur français.

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Il est l'un des plus gros vendeurs de disques en France de ces trois dernières années. Ce mois-ci, Christophe Maé signe son grand retour avec [musique:361908 "On trace la route"], son deuxième album studio, déjà annoncé par les singles [musique:343570 "Dingue, Dingue, Dingue"] et [musique:357632 "J'ai laissé"]. Et après avoir vendu près d'un million d'exemplaires de son premier album, et rencontré le succès avec le live [musique:287402 "Comme à la maison"], tous les regards sont tournés vers ce nouvel opus.

A l'occasion de la sortie de l'album, Christophe Maé a récemment reçu Ozap pour en dire plus sur le projet, ses influences et la peur de la page blanche. Le chanteur, repéré dans la comédie musicale Le Roi Soleil, s'exprime également sur le rôle de la maison de disques dans son travail, ou encore sur les critiques virulentes ont il fait l'objet sur Internet. Entretien.

« J'avais peur de la page blanche »



Comment vous sentez-vous alors que l'album vient de sortir ?
Eh bien écoute, un petit peu de pression... Un peu de pression sur les épaules. Ca serait te mentir que de dire que tout va bien ! Mais voilà, je suis très content de l'album, la pression était surtout présente pendant la création des titres. Aujourd'hui, je fais le bilan, je suis très très content des titres que j'ai pu faire, et j'essaie d'aborder la sortie au mieux.

C'était une pression en termes de qualité, ou de ne pas parvenir à répondre aux attentes du public ?

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C'est surtout la peur de se retrouver devant la page blanche. De ne pas arriver à trouver les mots, d'avoir des mélodies qui ne me parlent pas... donc ça a été du travail ! En même temps, je ne suis pas parti de zéro complètement, puisque j'ai commencé les compositions sur la tournée précédente. On a fait une tournée magnifique, avec près d'un million de personnes sur la route, donc l'après-midi, dans les loges, j'ai pris le temps de commencer à penser l'album. Je ne me suis pas bloqué, du jour au lendemain, en me disant « allez, j'ai un album à faire ». Non, j'avais des ébauches, des débuts de mélodies qui m'inspiraient un thème, je posais quelques mots... Et puis pendant un an, j'ai peaufiné tout ça.

Est-ce que le succès incroyable du premier album et de la tournée n'a pas été aussi, quelque part, un poids ? Est-ce qu'un petit premier album à 50..000 exemplaires ne vous aurait pas permis de faire vraiment ce que vous vouliez sur le second ? Vous n'avez pas été obligé de faire aussi un peu ce que les gens attendaient de vous ?
Non, tu sais, moi je compose d'une manière assez spontanée, je suis assez spontané dans l'approche de ma musique. Donc je ne me pose pas toutes ces questions-là. Sincèrement. Je ne me dis pas « je vais faire ça pour plaire à telle personne, pour pas la décevoir »... Non. C'est assez instinctif la façon de composer, et je fais avant tout ce qui me parle, ce qui me correspond. C'est toujours ma musique, ma conception, qui est de mettre les ingrédients ensoleillés, mes influences Caraïbes, Afrique, avec des rythmiques assez chaloupées, pour amener un côté bon humeur, festif. Je ne perds pas de vue le fait que je n'ai pas envie de décevoir les gens qui ont aimé le premier album, mais avant tout, je valide les titres par rapport à mon ressenti et les émotions qu'ils me procurent.

« Le choix des singles, c'est le boulot de la maison de disques »



Sur cet album, il y a des titres qui sont quand même assez différents de "Mon Paradis", mais les deux premiers singles sont beaucoup plus proches de ce premier opus...
Moi, ma démarche, c'est de livrer un album à la maison de disques. Et pour ne pas être surpris ou ne pas avoir de conflit avec eux sur le choix des singles et tout ça, j'essaie de livrer juste un album qui me correspond, et d'essayer d'assumer - et c'est le plus dur dans ce métier - tout ce que je fais. Je pars de ce principe-là. Après, le choix des singles, c'est le boulot de la maison de disques.

Vous leur faîtes une confiance absolue ?
Oui, disons que moi, voilà, je pose l'album sur la table - bon après, j'ai mon droit de regard, évidemment je partage mes idées, tout ça... Et le choix de "Dingue", je pense qu'il n'est pas mauvais, quand on voit les résultats aujourd'hui, et je suis ravi de sentir un tel engouement et je pense qu'effectivement, ce n'est pas le morceau le plus représentatif de l'album, mais c'est le morceau qui fait vraiment le lien entre le premier et le second.

Pourquoi avoir intitulé l'album "On trace la route", après un premier opus baptisé "Mon Paradis". Vous fuyez ce paradis ?
Non, c'est parce que mon paradis, c'est justement de tracer la route. C'est de voir des milliers de gens, de faire ma musique avec eux. "On trace la route" parce qu'aujourd'hui, j'ai eu la chance de rencontrer le public, et on trace la route ensemble. C'est un rendez-vous, une invitation au voyage. Ca comprend le public, les gens qui m'entourent et me soutiennent... toi aussi, puisque tu vas parler de moi ! Ca comprend tout le monde en fait !

« Le milieu de la nuit, brasser du vent... ça ne m'intéresse pas »



Dans le titre "J'ai vu la vie", vous dîtes « je veux ramener un peu de vous chez nous ». C'est une mission ?
C'est cette forme de sagesse qu'il peut y avoir là-bas, en Afrique. Il n'y a pas tout ce côté matérialiste, et donc ils baignent dans des vraies valeurs. Après, je ne dis pas que c'est mieux là-bas qu'ici, ou le contraire d'ailleurs. C'est juste que là-bas, il n'y a pas ce côté business qu'il peut y avoir à la capitale. La vie, c'est tranquille, et c'est quelque chose qui me touche parce que je suis un méditerranéen, que je viens du sud de la France, et c'est vrai que prendre le temps de vivre, c'est une qualité de vie. A Paris, tout va très vite, donc forcément, on prête moins d'attention aux autres.

Vous avez l'air de dire que vous êtes très extérieur au milieu du showbiz... Vous êtes parfois surpris des attitudes de telle ou telle personne ?
Non, moi je n'ai pas de préjugé. Je ne juge personne. Chacun voit midi à sa porte. Moi, en tous les cas, ce qui me tient bien ancré au sol, c'est d'habiter dans le sud de la France, d'être près des miens, de mes proches, de ma famille. C'est ça qui me ressource, et qui fait que, quand je suis à Paris, je suis bien. Mais c'est vital pour moi de vivre dans le Sud. Depuis que je fais de la musique, j'ai un côté un peu casanier. Je suis chez moi, tranquille, avec mes potes, en comité restreint.

Le fait de vivre en dehors de Paris, ça vous retire quelques contraintes de la notoriété ?
Oui, on peut dire ça. Mais si tu veux, le milieu de la nuit, tout ça... ça ne m'intéresse pas ! Brasser du vent, parler à des gens toute une soirée sans les revoir le lendemain, ça ne me fait pas vibrer. Et puis j'ai ma petite famille, et je suis heureux comme ça.

« Sans ma maison de disques, je serais où aujourd'hui ? »




Dans le climat actuel de l'industrie du disque, un album comme "Mon Paradis" permet à une maison de disques de faire rentrer de l'argent. Ca fait vivre des employés, ça permet de développer des artistes. Vous avez conscience d'être économiquement important pour Warner ?
Je ne réfléchis pas. Moi, sans la maison de disques, je serais où aujourd'hui ? On travaille main dans la main avec elle. Moi, j'ai la chance, le luxe et le privilège de faire la musique que je veux. C'est-à-dire que personne ne m'appelle pour me dire « tu peux pas parler de ça », ou « tu devrais composer une mélodie plus efficace ». Non. Je n'entends pas ces mots-là. J'ai pris le temps que j'ai voulu, je n'avais pas de deadline, je n'ai pas eu de pression pour une sortie rapide. Il n'y a pas ce discours-là. Ca m'a permis de faire un album avec autant de sincérité que le premier, et de prendre le temps de vraiment réfléchir aux thèmes que j'allais aborder. Après, je ne me dis que grâce à moi, il y a des gens qui vivent bien. Je ne me pose pas ces questions-là. Mais si c'est le cas, tant mieux !

Vous suivez un peu les chiffres de ventes du marché français ?
Oui, forcément, et c'est vrai que ça peut faire peur. Mais déjà depuis quelques années.

Vous étiez un peu l'exception...
Oui, j'ai eu la chance - va savoir pourquoi, je n'ai pas la recette - de passer un peu au travers.

« On a l'impression que le piratage, ce n'est pas du vol. Mais c'est faux ! »



Quand on voit le discours de gens qui estiment qu'on n'a pas à payer pour la musique, que c'est un service public, et que de donner un euro à un artiste ou à une maison de disques, c'est scandaleux, ça vous fait quoi en tant qu'artiste ?
Je ne trouve pas ça cool, tout simplement. C'est surtout que ça ne motive pas les jeunes mecs de 18 ans, qui sont chez eux, qui y croient et qui composent... ça ne leur donne aucune motivation. Tu te dis « attends, je vais faire tout un album, je vais travailler dans mon coin, et du jour au lendemain, le mec est chez lui, il va cliquer et il écoute l'album... et mes droits dans tout ça ? comment je vais vivre ? » Après, il y a un autre développement, qui est la scène, et je pense qu'il faut compenser comme ça aujourd'hui. Mais ce n'est pas plus mal, parce que ça développe de vrais artistes. Après, ça va loin. Ca fait partie de l'éducation aussi. Mais je comprends le truc, la démarche de télécharger et de ne pas payer. On n'a pas l'impression que c'est du vol. Et pourtant, c'est du vol. C'est comme aller chez le boulanger du coin, prendre sa baguette et dire « je paie pas » ! Il y a une éducation à refaire, mais c'est compliqué. Et c'est arrivé tellement vite, tout ça, que ça s'est banalisé.

« Les critiques sur internet, ça fait mal, forcément »



Pour continuer sur les usages sur Internet, les gens se cachent souvent derrière l'anonymat sur les forums, notamment, pour critiquer les artistes. Ils sont parfois très violents, notamment certains groupes Facebook. Vous lisez parfois des forums, des critiques ?
Non, franchement, je ne m'endors pas là-dessus.

Ca ne vous fait rien ?
C'est pas ça, mais moi, je fais ma vie, je fais ma musique, j'en parle, je vais jouer, et je partage ça avec les gens qui sont là, qui sont présents, et je m'éclate quand je fais ça. Après, aller voir si on dit du mal de moi sur Internet... Forcément, ça te fait mal, ça te touche, donc je n'y vais pas. J'ai autre chose à penser.

On est dans une nouvelle ère pour les artistes, qui peuvent communiquer sans intermédiaire avec leurs fans, via Facebook, Twitter... Vous avez ce type de rapport avec vos fans ?
Il existe un peu ce rapport grâce à mon MySpace. Pour moi, ce site est fait vraiment pour les artistes, pour les découvrir, je trouve ça vachement bien. J'y vais souvent sur MySpace, ça m'arrive de répondre à des fans. Bon, pas tous les jours, parce que c'est vrai que ça demande du temps. Mais je trouve ça très intéressant.

Christophe Maé
Christophe Maé
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