Greyson Chance : "Toute publicité est bonne à prendre"

Quand on rencontre Greyson Chance, il n'y a pas de doute. Le jeune garçon a tout juste treize ans, et il les fait. Mais dès qu'il se met à parler, Greyson fait beaucoup plus mature que son âge. Cette maturité, le jeune garçon la cultive et compte bien la mettre en avant dans sa musique, comme le confirme son premier single "Waiting Outside the Lines", sorti la semaine dernière chez nous en digital.

De passage à Paris la semaine dernière, Greyson Chance a accordé une interview à Ozap. Il évoque son premier album, qu'il souhaite dans la lignée des titres de Snow Patrol et peut-être même un peu de Muse, mais en dit aussi plus sur les conditions de travail d'un enfant en Californie, sur sa vie un peu particulière alors que les enfants de son âge vont encore à l'école, et même sur les enfants stars qui ont eu du mal à passer à l'âge adulte, de Britney Spears à Miley Cyrus.

« A Paris, tout est propre ! »

C'est ton premier voyage à Paris ?
Oui, c'est ma toute première fois à Paris. J'adore ! C'est magique !

Tu étais déjà sorti des Etats-Unis avant ?
J'ai fait un petit voyage au Canada il y a quelques semaines, mais c'est ma première fois en Europe. Et après Paris, j'enchaîne sur Londres, j'ai hâte.

Quelle est la chose la plus différente ici à Paris, par rapport aux Etats-Unis ?
Ici tout est propre. Aux Etats-Unis, c'est plus sale, les rues sont plus sales. Et ici, l'architecture est assez remarquable. Tout est magnifique, j'adore.

Tu voyages avec tes parents, ou l'un de tes parents ?
Ma mère est avec moi, oui, et mes parents alternent pour les voyages. J'ai un frère et une soeur qui restent à la maison donc il faut bien que l'un de mes parents reste là-bas pour s'occuper d'eux. Et puis j'ai tout une équipe avec moi, c'est très agréable de voyager en groupe.

« Mon album sera rock alternatif »

Tu es donc ici pour promouvoir ton single, "Waiting Outside the Lines", mais il y a un album qui va arriver je suppose...

Oui bien sûr. L'enregistrement avance bien, on en est à 60/70% je dirais. Je travaille avec Ron Fair, Matt Squire qui a collaboré avec les 3OH!3. Il y a pas mal de gens qui sont impliqués, il y aura plusieurs types de sons.

Quel genre de son peut-on attendre ?
Ce sera du rock alternatif, quelque chose qui ressemble à du Snow Patrol je dirais. Il y aura plusieurs variations, des titres pop et puis des titres beaucoup plus rock, mais aussi des ballades. Il y a un peu de Muse peut-être aussi.

Muse, Snow Patrol... Ce n'est pas forcément ce qu'on attend d'un garçon de treize ans...
Non, ce n'est pas du tout ce à quoi on pourrait s'attendre. C'est un disque très intense, très profond. Les textes évoquent les relations entre les gens, le fait qu'on peut aimer quelqu'un à la folie puis avoir le coeur brisé.

Donc ce n'est pas vraiment des choses que tu as vécues toi-même, c'est plutôt ce que tu as entendu, ce que tu as vu...
Non, c'est un peu tiré de mon expérience.

Tu as déjà eu le coeur brisé ?
Je me suis un peu amusé cet été, il y a eu des moments fun et des moments moins fun. (Rires) Donc ça parle beaucoup de ce qu'on ressent quand on a le coeur brisé. Je trouve ça assez fascinant en fait, le fait qu'il puisse y avoir tant d'amour et à la fois tant de haine. Et je suis très impliqué dans tout l'aspect créatif. J'écris la plupart de mes chansons, je réfléchis beaucoup au côté visuel, à ce qui peut plaire à mes fans. Si quelqu'un achète ce disque, que vont-ils penser quand ils verront la pochette, je pense beaucoup à tout ça. Et quand je fais ma musique, je me demande toujours si mes fans pourront me comprendre, s'ils pourront s'identifier à ce que je chante. C'est important pour moi.

« Au début, on a voulu me faire chanter du R&B »

Ce choix de faire un album pop/rock, c'était ce que tu voulais depuis le début, ou c'est le résultat de discussions avec ton label ?
Lors de mon premier rendez-vous avec Ron Fair, qui est responsable du développement des artistes du label Geffen, il m'a fait écouter un titre qu'il aurait bien voulu que je chante. Il ne savait pas quel type de musique je voulais faire, donc il m'a fait écouter ce titre, et c'était un peu R&B, un peu hip-hop. Donc je lui ai dit « écoute Ron, ce n'est pas que j'ai envie de faire, ce n'est pas le son que j'aime, je n'ai pas envie que ce soit mon premier single ». Je lui ai fait écouter "Chasing Cars" de Snow Patrol et il m'a répondu "Pas de problème, on peut faire ça". On s'est donc mis au travail et ce jour-là, on a enregistré "Fire", qui est sur mon single physique aux Etats-Unis. En fait, je pense que personne ne savait à quoi s'attendre de ma part, mais moi, j'avais toujours cette idée-là en tête. J'adore le vieux rock, et même si je veux que le son reste jeune - parce que je n'ai pas 25 ans ! (Rires) - je voulais m'en inspirer.

Tu n'es pas fatigué des comparaisons inévitables avec Justin Bieber ?
J'adore Justin, et je l'ai rencontré aux derniers MTV Video Music Awards. C'est un mec très sympa et très attentionné, mais notre musique est très différente. Moi je suis plus Snow Patrol et lui est plutôt R&B. Mais j'adore ce qu'il fait, et c'est fou ce qu'il danse bien ! J'ai vu des vidéos sur YouTube, quand il est tombé... Wow, ça doit faire mal ! (Rires)

Je suppose donc qu'on ne te verra pas danser de si tôt...
Non, je ne pense pas que je puisse le faire. Je me suis fait mal devant mon Kinect à la maison, donc je pense que je ne suis pas fait pour ça ! (Rires)

« J'ai le droit de travailler neuf heures par jour »

Tu es un jeune ado, qu'est-ce que ça implique pour toi au niveau du droit du travail... Je suppose que tu ne peux pas travailler trop longtemps dans la journée ?
En Californie, j'ai le droit de travailler neuf heures par jour. Et parfois c'est très difficile parce que j'adore travailler, j'adore passer du temps en studio et faire de la musique. J'ai une prof qui me suit partout en studio, et dès qu'il faut arrêter elle me le dit, et j'avoue que je n'ai pas forcément envie d'arrêter. Mais même quand je ne suis pas en studio, j'y pense toujours. J'envoie des SMS aux producteurs, aux musiciens, pour savoir ce qu'ils font.

Et après tes neuf heures de travail, tu suis des cours ?
J'ai trois heures de cours par jour, oui. Je les fais le matin, puis j'enchaîne avec le studio, les interviews, tout ça, et au bout de neuf heures je rentre à la maison. Et on recommence tout le lendemain matin.

Même si ce que tu vis en fait rêver plus d'un, est-ce que parfois tu n'aurais pas envie d'être un ado normal qui vit une vie normale ?
Parfois, oui. Le truc le plus difficile, c'est que ma maison me manque, ma famille me manque. Et aller à l'école comme un enfant normal, ça me manque aussi. Je suis un enfant normal, mais je vis une vie un peu particulière. Mais j'adore ce que je fais, et c'est que moi je veux faire. Je suis en train de modeler ma carrière, de créer Greyson Chance, de faire de ce nom ce que j'ai envie d'en faire. Je suis entouré par une équipe incroyable, mon manager est le même que celui de Lady Gaga, donc j'ai énormément de chance. J'aime tout ce que je fais, j'adore tout le côté créatif.

« Péter les plombs ? Je ne pense pas que ça puisse m'arriver »

Il y a un grand nombre d'artistes qui ont commencé jeune et qui ont peu de mal à devenir adulte... Je pense à Miley Cyrus ou à Britney Spears, par exemple. Tu as peur qu'à un moment, tu puisses rencontrer des difficultés similaires ? Est-ce que tu l'envisages même comme une éventualité très peu probable ?
Honnêtement, non. Je ne pense pas que ça puisse m'arriver parce que j'ai vécu la normalité, j'ai été à l'école, tout ça. Je sais ce que c'est que d'être un enfant normal. Et je fais de mon mieux pour garder le même état d'esprit qu'avant. C'est ce dont j'ai le plus peur, de prendre la grosse tête, mais j'ai confiance en moi et je sais que je ne deviendrai pas... une diva. C'est un travail très difficile, parce que c'est un temps plein mais il faut garder la tête froide et garder la motivation.

Tu as peur de ce que les médias et la presse people en particulier pourraient faire si un jour tu faisais le moindre petit faux pas ?
Non, je m'en moque... (Rires) Toute publicité est bonne à prendre ! Non, le plus important pour moi, ce sont les fans. S'ils aiment ma musique, je continuerai à la faire et si mon comportement leur convient ça me suffit. Ils sont la raison pour laquelle je suis où je suis et je fais ce que je fais, je fais tout pour eux.

Tu lis les critiques négatives, du coup ? Ca ne t'affecte pas ?
Je les lis parfois, oui, et je les analyse. Parfois ça rentre par une oreille et ça ressort par l'autre, mais c'est important je pense. Je me dis que je pourrais peut-être faire mieux ou différemment la prochaine fois. Mais au bout du compte, je fais de mon mieux sur scène ou sur disque, et si ça ne plait pas à quelqu'un, eh bien tant pis. Ce n'est pas comme si je pouvais revenir en arrière et changer les choses.

« Si tout s'arrête, j'écrirais pour les autres »

Tu as un grand frère et une grande soeur qui font de la musique, si je ne me trompe. Tu n'as jamais pensé à fonder un groupe ?
Ils font de la musique, oui, mais je n'y ai jamais pensé. C'était plus l'idée de mes grands-parents. Ils voulaient qu'on crée un groupe et qu'on les appelle les "One Two Three" ! (RIres) Mais ma soeur est plus intéressée par le théâtre, la comédie musicale, ce genre de choses. Je m'y étais mis aussi juste avant que tout ne décolle, j'avais passé des auditions pour un rôle dans une pièce. Mais deux semaines plus tard, Ellen Degeneres m'appelait, et du coup j'ai dû laisser tomber. On ne refuse pas ce genre d'opportunités !

Si ta carrière n'avait pas démarré si tôt, tu aurais attendu d'avoir 15 ans pour passer les auditions pour American Idol ?
Je pense que oui, ou celles d'America's Got Talent. L'un des deux. Mais je suis ravi de là où je suis aujourd'hui. Ellen est incroyable, elle est mon American Idol à moi.

Si jamais ta carrière s'arrête d'ici quelques années, que feras-tu ?
Je pense que je déménagerais à Los Angeles et j'écrirais des chansons. J'adore l'auteure avec laquelle je travaille, Danielle Brisebois. Elle a écrit "Unwritten" et "Pocketful of Sunshine" pour Natasha Bedingfield, notamment, et elle était chanteuse avant ça. Mais sa carrière n'a pas démarré, elle n'aimait pas les gens avec qui elle travaillait, donc aujourd'hui elle écrit des titres pour d'autres, elle a son studio à elle, elle travaille avec David Archuleta (finaliste d'American Idol 2008, ndlr). Ma chanson préférée sur l'album, c'est avec elle que je l'ai écrite. Elle est géniale, elle passe son temps à écrire et elle m'inspire beaucoup. Mais si je n'étais pas auteur, je serais sans doute photographe. Je me baladerais et je prendrais des photos un peu partout.

Si tu devais choisir un artiste - à part Lady Gaga, qui serait je pense ta première réponse - pour un duo, qui choisirais-tu ?
J'adore Christina Aguilera, j'ai aussi été absolument envoûté par Amy Winehouse, j'adore "Back to Black". Je pense que c'est un album fantastique, et ce que j'aime chez elle, c'est qu'elle est vraie, elle n'a peur de rien et elle n'hésite pas à mettre son coeur et son âme dans sa musique. C'est un modèle pour moi dans ce sens, parce que la musique doit être vraie et honnête. J'essaie de faire pareil avec ma musique, mais je ne vais pas aussi loin qu'elle, quand même ! (Rires) Je pense qu'elle est géniale et elle a une voix fantastique.