Henry Padovani : "Si c'est un âne, on n'en fera pas un cheval"

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Henry Padovani : "Si c'est un âne, on n'en fera pas un cheval"
Par Charles Decant Rédacteur en chef

Rédacteur en chef de puremedias.com, Charles Decant est diplômé de Sciences Po Paris. Après un passage chez Universal Music, il a rejoint l'aventure puremedias.com en 2007 et se spécialise notamment dans...

Olivier Schultheis, Christophe Willem, Veronic Dicaire, Henry Padovani
Olivier Schultheis, Christophe Willem, Veronic Dicaire, Henry Padovani © Nicolas GOUHIER/M6/FMF/ABACAPRESS.COM
Ce soir, M6 donnera le coup d'envoi de "X-Factor". A cette occasion, Henry Padovani nous explique son passé de caution punk dans The Police, son rôle de juré et sa relation aux candidats, ainsi que son espoir que "X-Factor" change les choses.

Ce soir, M6 donnera le coup d'envoi de X-Factor, le format de télé-crochet numéro un dans le monde. L'émission succède à Nouvelle Star et à une première saison sur W9 dont M6 tente de se distancer. Exit Alexandre Devoise, remplacé par Sandrine Corman et bienvenue à un nouveau jury composé de Christophe Willem, Veronic Dicaire, Henry Padovani et Olivier Schultheis.

Ancien membre de groupes de rock dont The Police, puis manager d'artistes comme Zucchero et président de label, Henry Padovani connaît l'industrie du disque sous tous ses aspects et c'est fort de cette expérience qu'il espère dénicher la star de demain. Pour puremedias.com, il évoque son parcours atypique, son appartenance à la mouvance punk et les castings. Entretien.

« Je pense être un bon juré »



Vous avez fait partie de plusieurs groupes, été manager d'artistes, président de label... Vous êtes le juré idéal ?

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Je pense que je suis un bon juré, oui. Quand je me lève le matin j'ai l'impression d'être vraiment dans mon bain. C'est vrai que, j'ai 58 ans et à mon âge j'ai envie de faire partager ce truc. Et je pense que je vais pouvoir le faire à travers ça. Maintenant ce n'est pas simple, il n'y a pas de recette miracle. Quand j'étais en maison de disques on cherchait sans cesse, mais ça n'existe pas. En revanche, je pense qu'avec beaucoup d'amour et de partage on doit arriver à leur donner confiance en eux, ce qui est la chose la plus importante. De toute façon on ne va pas les transformer. Si c'est un âne, on n'en fera pas un cheval. Mais on en fera le plus bel âne du monde ! Et c'est déjà pas mal ! On va les aider à faire sortir la star qui est en eux.

Cette dimension d'acteur dans la découverte et dans le façonnage de l'artiste, c'est ça qui vous a poussé à accepter, plutôt que d'être simple juré et spectateur ?
Complètement. Si je ne suis pas impliqué, je ne sers à rien. Moi j'ai envie de partager. C'est un petit peu ma mission aujourd'hui. Je fais toujours partie de ces gens qui pensaient, surtout quand j'étais jeune, qu'en France c'était nul. Mais j'ai été assez impressionné par les gamins et je me rends compte que peut-être il y a une révolution quelque part. Une révolution de l'intérieur, je crois que ces gens, à un moment donné, ils étaient sous les carcans des maisons de disques, du music business, et ces gamins m'impressionnent. Je trouve qu'ils sont vachement bien et ça, c'est grâce au mp3, à Internet et pas grâce aux maisons de disques ou à tous ces mecs qui expliquaient ce qu'est le rock. Ces mecs-là se trouvent leur truc et ça doit passer par là. Et je suis content de faire partie d'un truc qui y participe. Les gamins de cette génération, on peut dire ce qu'on veut, mais ils chantent vachement bien.

« Les punks ne sont pas ceux que l'on croit »



Quand vous avez accepté le poste, vous n'aviez vu personne chanter. Vous aviez peur de ne tomber que sur des ânes, justement ?
Non parce que je connaissais The X Factor en Angleterre et j'ai toujours eu un a priori favorable parce que je le regardais avec mes potes et là-bas, c'est un truc incroyable. Quand je passe le week-end chez des potes, on se mettait devant la télé avec les enfants et on donnait tous notre avis. Et je trouvais ça génial, et je me demandais pourquoi on n'avait pas ça en France. C'est arrivé, on m'a demandé et je me suis dit "C'est trop génial", mes copains sautaient de joie. Donc je n'ai pas hésité.

Je suis allé sur votre site officiel...
Qui n'est vraiment pas à jour ! (Rires) Mais j'y travaille, je veux tout faire moi-même.

Dans un de vos posts, vous vous décrivez comme la caution punk de The Police, à la fin des années 70. Aujourd'hui, X-Factor, ce n'est pas nécessairement ce qu'on attendrait de quelqu'un qui faisait partie du mouvement punk...
C'est une très longue discussion qu'on peut avoir un autre jour sans problème. Mais je pense tout le contraire. Les punks ne sont pas ceux que l'on croit. Je crois que les punks voulaient du changement et moi je suis pour l'action. Je me dis qu'en France, il y a tellement rien au niveau de la musique, que c'est bien de faire quelque chose. C'est comme en Angleterre, il y a quelques années, il y a des mecs qui ont fait des émissions de cuisine. Il n'y en avait pas, les mecs ne savaient pas cuisiner ! Eh bien aujourd'hui tout le monde parle de cuisine et s'y intéresse et les mecs cuisinent, les meufs cuisinent et ils cherchent des idées. Et je pense qu'il faut le voir comme ça. Franchement, si on était le pays le plus musical du monde et qu'on arrivait avec un programme de plus... Mais non, il n'y en a pas et il en faut pour ces jeunes, il faut les canalyser, donc je suis pour.

On a une image un peu trop limitée des punks ?
Les punks, on les a réduits à des iroquois qui cassaient tout sur leur passage mais ce n'était pas ça. Les punks c'était aussi des coiffeurs ! Des mecs qui voulaient faire de la coiffure. Et ils n'avaient pas de thune, ils ne savaient pas comment faire, ils n'avaient pas forcément été à l'école. Donc ils mettaient une chaise dans la rue et ils coiffaient les gens pour 2 livres. C'est ça aussi, ce côté de s'en sortir. Donc je ne peux pas dire que j'ai regardé tous les télé-crochets, les Nouvelle Star tout ça, ce n'est pas mon truc. Mais ceci dit, celle-ci est différente. Déjà il y a les groupes et ils ont aussi accepté les plus de 25 ans. Et là il y a du talent, je peux te le dire. C'est là qu'ils se sont gourrés dans les émissions précédentes, comme s'il fallait s'arrêter à 25 ans. C'est encore un truc de maisons de disques qui nous ont imposé plein de gamins qui ne savaient pas tous chanter. Aujourd'hui, tu prendrais Sting, il a 59 ans, il sait chanter je crois. Mais il faudrait une émission pour qu'il puisse se présenter ! Je pense que X-Factor est une vraie solution. Et si c'est une solution, c'est punk.

« Je ne sais même pas si je suis rock et je n'en ai rien à foutre »



Vous n'avez peut-être pas regardé beaucoup Nouvelle Star, mais c'est une émission qu'on a pointé du doigt parce qu'elle était un peu trop bobo, trop élitiste. Vous êtes plus ouverts dans le jury de X-Factor ?
Oui, il faut tout oublier quand tu juges. Mais c'est souvent le mal en France. Par exemple le rock, tout le monde parle de rock, moi je ne sais même pas si je suis rock alors que je suis censé l'être. Mais je n'en ai rien à foutre. Or, ça semble si important d'être rock. Moi je ne pense pas être dans les dictionnaires de rock en France, on ne m'y a jamais mis mais je n'en ai rien à foutre. Je sais que quand je remonte à Londres, je joue avec des groupes, je pars en tournée faire le roadie dans ce monde de rock'n'roll. En France, le rock c'est un truc élitiste. Il y a quelques gourous du rock, ils ont tout leur savoir, mais ils ne le partagent pas parce que ça leur permet d'être des sortes de champions, et c'est toujours ça. J'imagine qu'à un moment donné - parce que je n'ai pas beaucoup regardé - la Nouvelle Star, c'est devenu ça : est-ce que le mec a le bon t-shirt ou pas ? Mais on n'en a rien à cirer ! Donc je ne dis pas qu'on est les gens qui vont changer tout ça, mais je suis quelqu'un qui se remet en question sans arrêt, et j'adore partager.

Vous vous remettez souvent en question : est-ce que vous vous êtes surpris dans vos réactions quand vous vous êtes retrouvé face à des candidats ? Est-ce que c'était plus dur de leur dire non que ce vous pensiez, par exemple ?
Oui, parce que, dès que j'en ai eu l'occasion, je suis allé les voir pour leur dire que je les aimais de toute façon. Et à partir de là, ça te permet de les juger. Et comme je ne leur veux que du bien, je me suis mis dans ce rôle-là. Mais évidemment c'est difficile parce que c'est vrai qu'il y en a qui ont vraiment beaucoup d'espoir. Mais si tu leur dis non, il faut leur dire de manière constructive, il faut leur dire de ne surtout pas s'arrêter.

Mais il y a des gens qui sont très mauvais, qui chantent faux et pas en rythme... Est-ce qu'il y a quelque chose de constructif à leur dire dans ce cas ?
Oui, on leur dit que c'est bien qu'ils continuent à chanter, mais chez eux ! (Rires) Mais jamais méchant parce qu'il n'y a pas de raison d'être méchant. Mais j'avoue que parfois, ça fait mal au coeur parce que tu sens que le mec a tout misé là-dessus. Et c'est surtout vers la fin que c'est difficile parce que quand il en reste 20 et qu'on réduit à 6... Les 3 premiers, c'est à peu près évident, mais les autres, on a pu discuter trois heures ! Moi il y en a où j'ai eu vraiment, vraiment de la peine.

Pour certains, vous avez réellement leur vie entre vos mains...
J'espère qu'ils reviendront. Il y en a, ils ne le sauront jamais, mais pour qui je me suis battu et je suis content ! (Rires)

« La gloire, c'est de la connerie ! »



Est-ce que vous allez les prévenir que le genre de gloire acquise dans ces émissions peut être éphémère ?
Sûrement, oui. Encore une fois, je n'ai pas de recette mais je pense qu'il faut les diriger vers le pied qu'ils prennent. C'est une chance absolue de pouvoir prendre son pied en une soirée plus que certaines personnes dans une vie. Il faut qu'ils en soient conscients. C'est pas la gloire qui compte. Ca, c'est de la connerie.

Et des gens venus plus pour la gloire qu'autre chose, ça se voit ?
Oui, ça se voit tout de suite !

En même temps, on peut venir pour la gloire et avoir un talent fou...
Un mec comme Sting, il était venu pour la gloire mais en même temps, il a un talent de dingue. Des gens comme ça, il faut les connaître vraiment pour connecter. Il y a beaucoup de gens qui le croient hautain par exemple. Mais ce désir de gloire, d'ambition, leur permet quand même de passer pas mal de caps. Ca aide, il faut en vouloir aussi. Il y en a une qui m'a écrit, qui a raté à cause d'un manque d'ambition. Je lui ai répondu "Pourquoi tu t'es cachée comme ça" et elle m'a dit "Je sais, ça fait 20 ans que ça dure". Je lui ai conseillé de ne travailler que ça et c'est sûr qu'elle passera ! Mais personne n'a connecté avec elle, on se demandait où elle était...

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