De 2010 à 2020. A quelques jours de 2021, que retenir de la décennie médiatique écoulée ? Celle durant laquelle les réseaux sociaux ont pris leur plein essor, qui a installé les plateformes de SVOD dans notre quotidien ou qui a sonné le glas de la télé-réalité d'enfermement. Et tellement d'autres événements... Pour la première fois, puremedias.com a proposé à plusieurs personnalités de revenir sur ces dix années, en lieu et place de la traditionnelle, "Année médias vue par...".
Au tour de Christophe Beaugrand, co-animateur de "Ninja Warrior" et du "Grand Bêtisier du 31" sur TF1, ainsi que du "Brunch de l'info" chaque week-end sur LCI, sans oublier sa casquette de sociétaire des "Grosses Têtes" sur RTL.
L'animateur/animatrice de la décennie ?
Je dirais Nikos Aliagas qui reste à mes yeux l'animateur numéro 1 toutes chaînes confondues, le patron, le taulier. A la fois dans le divertissement, dans la variété, dans l'interview people. Et en plus, c'est sans doute l'un des plus sincères et gentils dans le métier. J'ai la chance qu'il m'ait toujours épaulé, c'est un peu mon parrain. Il est toujours de bon conseil.
L'émission télé/radio de la décennie ?
"Koh-Lanta". Sans doute l'émission la plus marquante pour toute une génération de téléspectateurs. Malgré les polémiques, malgré les drames, cette émission est toujours là. Car le public l'adore, et moi le premier ! Et puis ça a vraiment été l'émission du confinement cette année. "Koh Lanta" a aidé les gens à tenir et à garder le moral. C'est aussi ça le rôle de la télé.
Le fiasco médiatique de la décennie ?
C'est un fiasco récent... mais qui est un véritable coup de tonnerre pour le monde des médias et du football : Mediapro. L'échec total de cette affaire risque de ruiner le monde du football. Il faudra un jour en tirer les leçons. En tout cas, c'est la preuve que la cupidité n'est pas forcément la meilleure formule pour faire fortune. Les clubs devront s'en souvenir.
La réussite médiatique de la décennie ?
Netflix. Cette décennie a bien montré l'émergence des plateformes face aux chaînes de télévision traditionnelles. Aujourd'hui, on hésite souvent le soir entre le programme des grands chaînes et une série Netflix. Cette évolution doit pousser les chaînes à se casser la tête pour proposer des contenus innovants et différenciant pour continuer à exister. C'est peut-être un mal pour un bien qui nous contraint à la nouveauté et à la production de contenu haut de gamme. Soyons optimistes !
La série de la décennie ?
Si on parle de série française, je dirais "Le bazar de la charité" qui a prouvé que la France pouvait produire des sagas magnifiques avec une qualité cinéma, sans avoir à rougir à côté des américains. Et côté feuilleton, c'est "Plus belle la vie". Une telle longévité, c'est admirable, je vous avoue que je regarde tous les soirs, ou en replay quand je la loupe. Je suis accro, faut que je me fasse désintoxiquer ! (rire) D'autant que j'ai "Ici tout commence" en plus maintenant, j'ai peur de ne pas avoir le temps de tout regarder !
La chaîne de télé de la décennie ?
Je ne pense pas qu'il faille raisonner en terme de chaînes désormais mais de groupes. Quand j'ai commencé sur LCI, on ne parlait que du vaisseau amiral TF1 et jamais de ses chaînes satellites. Désormais le groupe TF1, c'est aussi TFX, TMC, TF1 SERIES FILMS, LCI plus les thématiques. C'est une stratégie qui pèse. Donc je dirais à égalité les groupes TF1 et M6 (qui a réussi un des plus gros coups médias de la décennie en rachetant RTL).
La radio de la décennie ?
RTL qui a su évoluer au fil des années, et réussir le pari que beaucoup croyaient impossible de la succession de Philippe Bouvard aux "Grosses Têtes". Laurent Ruquier qui s'est retrouvé à la tête de l'émission qu'il écoutait gamin, réaliser ainsi son rêve de gosse c'est formidable !
Le titre de presse de la décennie ?
"Charlie Hebdo" évidemment. Ce journal que tout le monde connaît, même ceux qui ne l'ont jamais ouvert. Cette marque est devenu un slogan, un symbole de la liberté d'expression à la française. J'y suis toujours fidèle ! J'ai été élevé par un papa fan de Charlie. C'est important à mes yeux de continuer à défendre notre modèle français qui permet de tout tourner en dérision.
Le scoop de la décennie ?
L'affaire Fillon, ou plutôt les affaires : Pénélope, emplois fictifs de ses enfants, affaire des costumes... "Le Canard Enchaîné" et "Mediapart" ont enchaîné les scoops en 2017 et barré la route à celui que tout le monde voyait déjà président. Des scoops au retentissement tellement importants qu'ils ont abouti à l'élection d'un quasi inconnu à la présidence, Emmanuel Macron.
Le patron médias de la décennie ?
Pierre-Antoine Capton. Un selfmade man incroyable ! Rien ne le prédestinait à une telle carrière. Il a créé sa boîte de prod à 26 ans, 3ème OEIL, et il est aujourd'hui à la tête du 1er groupe média français indépendant, Mediawan qui pèse pas loin de 400 millions d'euros. Un succès entrepreneurial assez exceptionnel qui force le respect.
