Lors de son audition devant la commission d'enquête sur l'affaire Cahuzac en mai dernier, le patron de "Médiapart", Edwy Plenel, avait à plusieurs reprises dénoncé les manoeuvres policières visant à "porter atteinte au secret des sources" des journalistes. Fabrice Arfi, journaliste à l'origine des révélations sur l'affaire, avait enfoncé le clou en évoquant une surveillance des liaisons téléphoniques entre Edwy Plenel et l'une des principales sources du journal.
Les révélations des deux journalistes de "Médiapart" sont loin d'être isolées. Ces dernières années, les accusations d'atteintes portées au secret des sources se sont multipliées. Le Monde, par exemple, a déposé plainte à deux reprises dans l'affaire Woerth-Bettencourt pour violation de la confidentialité des sources de son journaliste d'investigation Gérard Davet. Le quotidien du soir soupçonne les services de renseignement d'avoir procédé, sur ordre de Philippe Courroye, procureur de la république de Nanterre, à l'espionnage téléphonique de son journaliste afin d'identifier ses sources. Plus récemment encore, le 18 mai dernier, Le Monde, encore, révélait que deux juges de Lille avaient envisagé de requérir les relevés téléphoniques (les fameuses fadettes) de journalistes du Figaro, de Libération, du Parisien, de L'Express et du Point dans l'affaire du Carlton.
Une nouvelle loi à venir
Face à ces nombreuses affaires qui mettent en émoi la profession, le gouvernement compte remettre de l'ordre. En effet, le Conseil des ministres a adopté ce mercredi le projet de loi renforçant la protection des journalistes et de leurs sources. Trois points sont à retenir. Tout d'abord, toute atteinte aux sources des journalistes sera désormais strictement interdite sauf si elle est justifiée par "la prévention ou la répression d'une atteinte grave à la personne ou aux intérêts fondamentaux de la Nation". Deuxième point, si cette atteinte est justifiée, les actes juridiques la mettant en oeuvre comme les écoutes ou les perquisitions devront impérativement être validés par un juge des libertés extérieurs à l'affaire. Enfin, le texte du gouvernement prévoira l'alourdissement des sanctions pénales en cas d'atteinte non justifiée par une autorité publique. Le texte en question devrait être présenté au Parlement d'ici six mois.