La vérité sort-elle toujours de la bouche des enfants ? Si c'est vrai, il faut protéger les sans-papiers installés depuis longtemps en France. C'est en tout cas ce que choisissent de faire, dans Les mains en l'air, quatre enfants lorsque l'une de leurs amies, tchétchène, est menacée d'expulsion.
Et c'est vrai que c'est pratique, un enfant, pour évoquer un sujet sensible : ça évoque l'innocence, la candeur, et ça nous fait nous poser des questions sur l'adulte que nous sommes devenus. Sans oublier que ça permet d'évoquer avec légèreté un sujet lourd comme du plomb (il suffit de revoir La vie est belle de Roberto Benigni pour s'en convaincre). Dans ce film, Romain Goupil utilise donc les bêtises d'une bande d'enfants pour évoquer le problème des sans-papiers. A moins que ça ne soit l'inverse.
La guerre des boutons, version sans-papiers
Une chose est sure, ces enfants sont drôles, très drôles. Et ils sont aussi drôles qu'ils sont justes. Dans tous les sens du terme : acteurs parfaitement justes et personnages indignés par l'injustice. Ces enfants ne sont pas sans nous faire penser à ceux de La Guerre des Boutons. D'ailleurs, ici, il est bien question de guerre. Et si les téléphones portables n'étaient pas là pour nous rappeler qu'on est en 2010, on pourrait croire à un film sur la Seconde Guerre Mondiale. Comme si Romain Goupil voulait nous dire que de nos jours, l'extermination du peuple juif avait fait place à l'expulsion des sans-papiers.
Mais si le film s'engage clairement aux côtés des sans-papiers, le réalisateur réussit à ne pas tomber dans un pamphlet manichéen. On pourra d'ailleurs reprocher principalement à Romain Goupil son honnêteté ! Pour équilibrer son film, il choisit d'intégrer des personnages plus conservateurs, des ''anti-sans-papiers'' un peu caricaturaux dont les propos sonnent le plus faux... de là à penser qu'inconsciemment, il a voulu les décrédibiliser, il n'y a qu'un pas (d'enfant).
Dans la famille Bruni, je demande la soeur
A l'opposé, quelle bonne idée d'avoir choisi Valéria Bruni-Tedeschi pour incarner la mère de ces enfants frondeurs ! Déjà - et surtout - parce qu'elle confirme qu'elle est l'une des meilleures actrices de sa génération ; mais aussi parce qu'il y a quelque chose de forcément jouissif à voir la belle-soeur du président de la République se lancer à corps perdu dans le combat pour les sans-papiers.
Au final, Goupil nous délivre un film plus proche du conte moderne que du documentaire. Un film aussi drôle que poignant, en grande partie grâce à ses jeunes acteurs. La vérité sort-elle toujours de la bouche des enfants ? Pas sûr. La sincérité, ça ne fait aucun doute.