Depuis hier, la radio Skyrock traverse une crise sans précédent. La nomination du nouveau directeur général, Marc Laufer, est contestée de toutes parts : le personnel, les auditeurs et certains politiques qui défilent au micro de la radio depuis hier. Marc Laufer n'a pas pu hier prendre ses fonctions, bloqué à l'entrée du siège de la radio. Pierre Bellanger, fondateur de la station et actionnaire à 30% n'a plus de fonctions opérationnelles mais reste président. Entretien avec son successeur dont la réputation de cost-killer n'est pas sans inquiéter les équipes en place.
Vous avez été bloqué hier à l'entrée de Skyrock. Allez-vous pouvoir rejoindre votre bureau ce matin ?
Je travaille un peu à distance mais je l'espère, oui ! Je vous dis ça en fin de matinée...
Après la très grosse mobilisation des salariés et des auditeurs, les politiques s'y mettent et défilent dans le studio pour soutenir Skyrock. Qu'en pensez-vous ?
Je pense qu'il y a beaucoup d'émotion autour de ma nomination et de la séparation des pouvoirs entre la présidence confiée à Pierre Bellanger et la direction générale qui m'a été donnée. Cette émotion est naturelle mais les inquiétudes sur le changement de la ligne éditoriale de la radio ne sont pas fondées. Je n'arrête pas de le marteler mais Skyrock restera la radio du rap, du R'n'B et de la libre antenne. La radio est très bien positionnée, elle fonctionne sur ces fondamentaux et ça ne changera pas.
"Je suis hyper motivé, extrêmement déterminé"
Il s'agit d'une récupération politique selon vous ?
Je n'en sais rien. J'ai envie qu'on puisse retravailler rapidement avec les équipes et je ne suis pas très inquiet pour que ça se fasse dans les heures qui viennent.
La mobilisation est très grande depuis hier. Vous ne cèderez pas ?
Je suis hyper motivé, extrêmement déterminé évidemment ! Le conseil d'administration aussi donc il n'y a pas de raison pour que les uns et les autres reviennent en arrière. Ma problématique n'est pas de savoir ce qui se passe aujourd'hui mais plutôt de ce qui se passera demain et je pense qu'on y arrivera tous ensemble.
Mais si le conflit perdure, ce sera compliqué pour vous...
On verra, step by step !
"Il n'y a pas de volonté de restructurer, de réduire les équipes"
Il y a une importante inquiétude sur l'emploi. On parle d'un plan de licenciement de 50 personnes, vous avez la réputation d'un cost-killer...
Je vous arrête, je n'ai pas d'autre feuille de route que celle de gérer et de développer l'entreprise et le groupe. Il n'y a pas de volonté de restructurer, de réduire les équipes. Bien au contraire, je suis là pour comprendre, discuter et puis tirer les enseignements du fonctionnement de l'entreprise et de ses différents segments. Il n'y a pas de plan machiavélique pour Skyrock ! Ma problématique est celle du développement du chiffre d'affaires, pas celle de la réduction des charges.
Skyrock gagne de l'argent aujourd'hui ?
Oui, mais beaucoup moins qu'avant. Une entreprise est aussi là pour dégager des résultats, ce qui permet d'assurer son indépendance et son développement. Ce n'est pas une honte de vouloir dégager du résultat !
Vous aviez conscience avant d'arriver là que Skyrock n'était pas une radio comme les autres ? Très soutenue par ses auditeurs, notamment.
Oui, j'en avais conscience, j'écoute cette radio. J'aime Skyrock, sa libre antenne, sa programmation musicale. Skyrock est une radio fondamentalement différente des autres et c'est pour cette raison qu'il n'est pas question de la changer.
"Je n'ai pas envie que Difool s'en aille !"
Vous aviez sous-estimé cette levée de boucliers ?
C'est toujours compliqué d'arriver dans une entreprise, là c'est plus complexe que d'habitude mais je ne suis pas inquiet, ça va se calmer. Je suis persuadé que les équipes, au-delà de l'aspect émotionnel, vont se reprendre en main. Et elles vont vite comprendre que je ne suis pas là pour nettoyer mais pour construire avec elles.
Vous êtes là pour combien de temps ?
J'ai un mandat sans durée particulière, je suis nommé par le conseil d'administration. Je suis là le plus longtemps possible ! Tout le temps qu'il faudra en tous les cas.
Ce matin, toute la presse écrit que vous êtes là pour rendre plus belle la mariée. Et vous en débarrasser une fois les comptes assainis...
La presse écrit ce qu'elle veut. Je suis là pour faire en sorte que l'entreprise prospère et que les collaborateurs soient épanouis, que le format ne change pas et qu'on arrive à dégager du résultat. C'est essentiel pour une entreprise.
Certains annoncent [personnalite_ozap%]Difool[/personnalite_ozap%] partant si Pierre Bellanger ne revient pas aux commandes opérationnelles. Vous en avez discuté avec lui ?
Je n'ai pas discuté avec lui, je n'en sais rien. Je n'ai pas envie qu'il s'en aille. Posez lui la question directement ! Mais je pense que tout le monde va comprendre assez vite que le chaos annoncé n'aura pas lieu.