Michel Drucker ("Vivement dimanche") : "Mon vrai challenge, c'est de savoir à quel moment je partirai"

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Michel Drucker ("Vivement dimanche") : "Mon vrai challenge, c'est de savoir à quel moment je partirai"
Par Christophe Gazzano Journaliste
D’un naturel curieux et passionné de télé, Christophe Gazzano a toujours nourri le désir de devenir journaliste. Après ses études et une dizaine d’années passées dans la presse régionale, ce natif de Salon-de-Provence est “monté à la capitale” pour intégrer Pure Médias en 2017.
La bande-annonce de l'arrivée de "Vivement dimanche" sur France 3 © Guillaume GAFFIOT - Bestimage
L'animateur aux près de 60 ans de carrière se confie à puremedias.com quelques semaines après le transfert de son émission "Vivement dimanche" sur France 3 et quelques jours avant de remonter sur scène pour son nouveau spectacle.

La sérénité retrouvée. Deux ans après sa lourde opération du coeur, Michel Drucker ne cache pas son plaisir de pouvoir exercer de nouveau son métier d'animateur. Il s'apprête même à remonter sur scène dès le 1er octobre. A la tête de l'émission hebdomadaire "Vivement dimanche" depuis 1998 sur France 2, il a changé depuis la rentrée de chaîne puisque le programme est désormais diffusé à 13h30 sur France 3. C'est le 12 septembre dernier, dans son bureau du studio Gabriel rempli de souvenirs, qu'il a accepté de répondre aux questions de puremedias.com. Le jour-même de ses 80 ans.

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Le cadeau de la présidente de France Télévisions

Une nouvelle décennie qu'il a franchi en même temps que sa productrice et complice de toujours, Françoise Coquet, née le même jour que lui. Dans son bureau, une phrase est encadrée juste au-dessus de la plaque de médecin de son père et indique : "Pour chaque cigarette que vous fumez, vous perdez 7 minutes de vie que dieu rajoute directement à Michel Drucker".

Pour l'anniversaire de son animateur phare, la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci lui a offert un micro aux couleurs des Jeux olympiques, annonciateur de l'événement retransmis sur le service public qui se déroulera à Paris en 2024 - l'année de ses 60 ans de carrière - et pour lequel Michel Drucker compte bien jouer un rôle.

Sur son portable, au moment de notre rencontre, figurent 235 textos d'anniversaire encore non lus. Mais il est temps pour lui de répondre aux questions de puremedias.com. Assis sur un canapé, évidemment, avec sa chienne Isia qui somnole à ses côtés mais reste une gardienne attentive concernant les allées et venues dans le bureau de son maître. Lequel nous a prévenu à plusieurs reprises : "Je suis un peu bavard. Je suis resté si longtemps à l'hôpital, je n'ai rien dit, je me rattrape...". Attention, entretien fleuve.

Propos recueillis par Christophe Gazzano

Le jour de notre interview, vous fêtez votre 80e anniversaire. Faites-vous partie des personnes qui dépriment quand elles entament une nouvelle décennie ou est-ce-que l'âge a peu d'importance pour vous ?
Mon anniversaire des deux dernières années était plutôt une oraison funèbre parce que je pensais que je ne referai jamais surface. J'ai mis un an à m'en remettre, tout en continuant à revenir à l'antenne. Je faisais et je continue à faire une heure de rééducation physique par jour. Cela demande du mental. Heureusement que j'avais un bagage sportif qui m'a permis de supporter cette lourde opération. Aujourd'hui, à 80 ans, je ne me suis jamais aussi bien senti. Sur tous les plans : physique, professionnel... J'ai plein d'idées. J'ai retrouvé l'envie d'avoir envie. Ce qui m'a beaucoup touché, ce sont les témoignages parus dans "Match" de Jean-Jacques (Goldman), de Killy, de Céline (Dion), de Bruel, d'Onfray, de Lelouch... qui me connaissent très bien. Ces témoignages m'ont assez rassuré. Comme je suis un peu parano et pessimiste de nature, j'avais tendance à penser dans ce métier que la gratitude et la reconnaissance sont des mots un peu vides de sens. Ils m'ont prouvé le contraire.

Michel Drucker et son cadeau d'anniversaire
Michel Drucker et son cadeau d'anniversaire © Pure Médias

Vous avez reçu pour votre anniversaire, de la part de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, un micro siglé aux couleurs des Jeux olympiques, référence à l'événement prévu à Paris en 2024...
Delphine Ernotte et Stéphane Sitbon-Gomez (numéro deux de France Télé, ndlr) sont deux personnes à qui je dois beaucoup. Ils sont venus me voir à l'hôpital. J'avais 78 ans et j'étais dans un tel état qu'il fallait vraiment y croire comme eux pour me dire "on va t'attendre le temps qu'il faudra". C'était en plein covid. Je n'ai pas tout raconté à l'époque mais j'étais dans un état de délabrement physique et mental très important suite à une opération gravissime. Je pensais vraiment ne pas m'en sortir. J'ai vu dans leur regard qu'ils étaient très surpris de me voir dans cet état et qu'ils ont tout fait pour ne pas me le montrer. Si ma carrière continue encore et j'espère encore pour longtemps, c'est grâce à eux. J'avais même proposé qu'ils gardent la marque "Vivement dimanche" pour leur trouver un remplaçant. J'avais pensé à Maud Fontenoy, Franck Ferrand...

Est-ce pendant cette période particulière pour vous qu'est née l'idée de votre prochain spectacle, "De vous à moi" ?
Non, car j'ai pensé d'abord à me reconstruire. Puis j'ai décidé de m'inspirer de ce voyage hospitalier interminable pour en faire le fil rouge de mon spectacle. C'est ma fille Stéphanie qui me met en scène. Le spectacle commence lorsque je suis en salle de réveil en réanimation. On peut se demander alors si l'apparition de moi à 28 ans n'est pas la conséquence de la morphine et des antidouleurs. Il y a toute ma vie et la vie des gens que j'ai vu passer à l'hôpital. Dans mes rêves, il y a Claude François, Charles Aznavour, Johnny... Je suis très fier de jouer à Marigny (théâtre situé à Paris, ndlr). En plus, je vais avoir pour voisine de loge Florence Foresti. On fait trois mois ensemble. Moi je fais la petite salle, elle, elle fait la grande salle.
A l'hôpital, j'ai beaucoup travaillé sur ma mémoire. Ma grande angoisse, c'était de ne pas la retrouver car je n'utilise jamais le prompteur, ni l'oreillette. Quand je travaillais avec Zitrone dans les années 1960, ça n'existait pas tout cela. J'ai la mémoire des anciens commentateurs sportifs, c'est-à-dire une mémoire phénoménale. J'ai assuré cinq Coupes du monde en tant que commentateur. Ma grande fierté, outre le César de ma nièce (Léa Drucker, ndlr), c'est d'avoir joué avec Pelé.

(Michel Drucker se lève alors pour nous montrer une photo en noir et blanc où des joueurs prennent la pose sur un terrain de foot)

Voyez, j'ai joué aussi avec Kopa, Puskas, Jazy (athlète), Charles Bietry, Guy Drut... Pelé m'a fait marquer deux buts. De temps en temps, pour voir si je suis encore dans le coup, je baisse le son de ma télévision et je commente les matchs.

Cela vous tenterait-il de redevenir commentateur sportif ?
C'est trop tard maintenant. Il y a des équipes extraordinaires sur Canal+ et sur Amazon. Mais en 1998, l'ancien président de France Télévisions m'avait proposé de revenir aux commentaires pour la Coupe du monde. J'ai regretté de ne pas avoir fait la Coupe du monde 98, parce qu'on l'a gagnée à domicile.

Ils ont dit
"Je n'ai jamais été un champion de l'audience"
Michel Drucker

L'événement de cette rentrée pour vous, outre votre spectacle, c'est le transfert de "Vivement dimanche" de France 2 à France 3...
C'est une longue histoire "Vivement dimanche" ! Quand j'ai succédé à Jacques Martin, je n'aurais jamais imaginé être encore là 24 ans plus tard. Je dis bien "succédé" et non pas "remplacé" car Jacques Martin était irremplaçable. Lorsque Stéphane Sitbon-Gomez m'a proposé il y a quelques mois de venir sur la Trois, j'ai tout de suite pensé que c'est la chaîne des régions. Et que je viens de là, de la Normandie à la Provence. Je me sens presque moins décalé sur la Trois. Je n'ai pas hésité une seconde. Je suis l'homme de la presse quotidienne régionale. Et en tant qu'ancien reporter sportif, je connais la France par coeur. J'ai passé 15 ans dans des stades tous les week-ends. On est diffusés à 13h30, ce qui correspond à l'heure du déjeuner en province le dimanche. Qui plus est, l'émission est diffusée sans coupure.

Etes-vous attentif aux audiences de ce nouveau "Vivement dimanche" ? Pour l'instant, l'émission fait de moins bons scores que sur France 2.
Non, les audiences fin août et au mois de septembre sont toujours les mêmes. En 24 ans, on a toujours pris notre vitesse de croisière fin octobre/début novembre, une fois que la rentrée est passée. Toujours. On démarre à 500.000/600.000 et on monte en puissance.

A partir de quel niveau d'audience serez-vous satisfait ?
Je suis déjà tellement satisfait d'être là... Le public du dimanche après-midi est plutôt un public de séniors. C'est le public le plus fidèle. Il y a également beaucoup de jeunes qui viennent déjeuner avec leurs grands-parents. Donc moi, je ne me fixe pas de chiffres d'audience. Je suis là depuis tellement longtemps... Je sais qu'il y a des gens très fidèles. Et puis je sais une chose, c'est que je n'ai jamais été un champion de l'audience, contrairement à ce qu'on pense. Jamais. J'ai toujours fait de bonnes audiences. Sans plus. Et surtout pas plus. J'ai toujours pensé que l'image est l'audience de demain. On ne peut pas faire une longue carrière sans image. Pour faire de l'audience, on sait ce qu'il faut faire : des tubes, du rire et des choses ultra populaires. J'en sais quelque chose puisque j'ai passé cinq ans dans le privé sur TF1. Le service public, ce n'est pas la même chose.

C'est-à-dire ?
Quand je reçois François Cluzet dimanche dernier et que je rends hommage à Romain Gary, je sais que Romain Gary intéresse un public très particulier. Mais c'est extrêmement important. Ce qui m'intéresse c'est d'avoir à la fois un public fidèle et de ne surtout jamais sacrifier l'image. J'ai appris ça de mon frère Jean (fondateur de M6, décédé en 2003, ndlr). Pour faire une carrière sur la durée, il faut faire très attention à l'image. Le service public, c'est l'image. Que ce soit "Le grand échiquier" de Jacques Chancel, que ce soit Bernard Pivot, "La grande librairie"... Ce sont des émissions très fortes en image. Le plus beau cadeau qu'on m'ait fait récemment, c'est quand Michel Onfray a dit dans "Paris Match" à propos de moi : "Sans lui, le monde de la télévision n'aurait pas la même saveur. Comme le monde sans Bernard Pivot...". Si j'avais été chanteur, j'aurais préféré vendre 50.000 albums pendant 30-40 ans, plutôt que de faire un tube de l'été. Pendant toute ma carrière, ma question a été : comment durer ?

Aviez-vous également en tête cette notion de l'image durant la période "Champs-Elysées" ?
C'est une émission qui a marqué tous les esprits. Deux documentaires seront diffusés en fin d'année sur France 3, produits par Carson. J'y participe. Ca s'appellera "Les années Champs Elysées". Les équipes de Franck Saurat planchent dessus depuis huit mois. C'est une idée de Stéphane Sitbon-Gomez qui voulait marquer les 40 ans de "Champs Elysées". Ca va être un événement.
Quand Pierre Desgraupes est devenu patron des programmes, dans les années 80, il m'a convoqué un jour et m'a dit "Drucker, faites moi une émission de divertissement digne et populaire le samedi soir". C'était un intellectuel, il ne connaissait pas bien le monde du divertissement. Il sous-entendait que si l'émission n'était que populaire, il l'arrêterait. Je m'en suis toujours souvenu. C'est pour ça que dans "Vivement dimanche", je montre aux gens ce qu'ils aiment, ce qu'ils ont aimé et ce qu'ils pourraient aimer.

Vous paraissez en parfaite harmonie avec l'état major actuel de France Télévisions.
Avec Delphine Ernotte, évidemment. Stéphane Sitbon-Gomez est un surdoué. C'est un des plus jeunes patrons de la télévision dans le monde. Anne Holmes (patronne de la fiction, ndlr), quelle réussite ! Et puis, sur le plan commercial, Marianne Siproudhis, qui supervise la publicité de France Télévisions, a obtenu le prix de la meilleure régie de l'année décerné par CB News. Et le groupe a obtenu le Grand prix des médias 2022. Que demander de plus ?

Ils ont dit
"Si on m'avait dit que j'ai fait mon temps, je l'aurais compris"
Michel Drucker

Vous qui êtes attaché à la longévité des émissions, qu'avez-vous pensé de l'arrêt du jeu "Des chiffres et des lettres" en quotidienne sur France 3 ?
Le jeu reste à l'antenne le week-end. On peut comprendre cette décision. Si on m'avait dit que j'ai fait mon temps et que mon émission a assez duré, je l'aurai compris. Apparemment, ce n'est pas le cas. Les gens trouvent que j'ai encore ma place, pour une raison très simple, que m'a expliquée Stéphane Sitbon-Gomez à l'hôpital : "Tu es l'ADN de cette maison, j'ai besoin de transmission. Tu es un passeur, tu as toujours mis des gens en lumière". Je continue de le faire. Deux visages nouveaux intègrent "Vivement dimanche". Le magicien David Jarre, fils de Jean-Michel Jarre et de Charlotte Rampling. S'il est déjà connu à l'étranger, il n'a jamais voulu percer en France, il attendait d'être prêt. J'ai pris aussi un chroniqueur littéraire qui interviendra deux fois par mois : Nathan Devers. Sa première aura lieu ce dimanche. Il a seulement 24 ans, agrégé de philosophie. Il intervient sur CNews chez Pascal Praud. Je le connais et je voulais l'engager depuis longtemps. Quand il est venu sur le plateau pour sa première, il a appris qu'il était sur la liste pour le Goncourt. Nathan Devers, retenez bien son nom. Je suis content parce que c'est la première fois que je mets en lumière un magicien et un écrivain.

Dans deux ans, vous fêterez vos 60 ans de carrière. Avez-vous prévu de fêter cet événement à l'antenne ?
On m'a fait des propositions. La productrice Anne Marcasssus m'a proposé de faire une soirée sur le modèle de celle de Renaud. C'est-à-dire moi dans le public et tous mes amis qui viennent chanter.

Ils ont dit
"Ce serait amusant de présenter une émission à 100 ans"
Michel Drucker

Cela vous plairait ?
Non. J'ai répondu non. Et Carson m'a proposé de faire une grande soirée surprise pour mes 80 ans. A chaque fois, j'ai répondu : "non, ma nécro attendra". Car pour moi, c'est une nécro. J'aurais l'impression que c'est une fin. Et depuis que j'ai retrouvé la santé, dans mon esprit, je suis reparti pour très longtemps.

De quelle manière souhaitez-vous marquer vos 60 ans de carrière ?
Si on m'incorpore dans la dream team des sports de France Télévisions pour les Jeux olympiques de 2024, je serai très content. Symboliquement, j'aurai commencé ma carrière comme reporter sportif et d'une certaine manière, la boucle sera bouclée. 60 ans après, je reviendrai à mes premières amours. Mais qui vous dit que je m'arrêterai après 60 ans de carrière ? La reine Elizabeth II a fait 70 ans de règne (rires). Line Renaud, 70 ans de carrière. Idem pour Aznavour ou Hugues Aufray. Aznavour me disait souvent : "Vieillir, on ne peut pas faire autrement. Mais devenir vieux, pas question !". Dans mon spectacle, la dernière phrase m'a été soufflée par Claude Lelouch : "Les plus belles années d'une vie sont celles qu'on n'a pas encore vécues". Et je termine en disant : "Soyez heureux, vive la vie, vivement demain et vivement dimanche".

Votre objectif est donc d'atteindre les 70 ans de carrière ? Vous ne vous fixez pas de limite ?
Un des mes modèles, c'était Charles Aznavour. Nous avions un projet avec lui : faire une grande émission pour ses 100 ans. Quand il m'en a parlé, il avait 96 ans, cela ne paraissait pas impossible. On avait imaginé organiser cela sur la place de la Concorde, à Paris, le jour de l'arrivée du Tour de France. Ce serait amusant que je présente une émission à 100 ans (sourire)...

Si votre complice de toujours Françoise Coquet vous dit un jour qu'elle arrête, est-ce-que cela sera de nature à vous faire réfléchir ?
La durée, c'est mon truc. J'ai une équipe dont certains sont là depuis 50-60 ans. J'espère que mon équipe sera avec moi jusqu'au bout, qu'elle m'accompagnera jusqu'au bout de ma carrière. Mais ils commencent à s'inquiéter parce qu'ils trouvent que je suis plus en forme qu'eux alors qu'ils sont plus jeunes que moi ! (sourire).

Ils ont dit
"Face aux plateformes, on a de la chance d'être sur le service public"
Michel Drucker

Est-ce-que Michel Drucker s'intéresse aux plateformes de vidéo à la demande comme Netflix ?
Pas vraiment. Je ne suis pas abonné.

Quel regard portez-vous sur la concurrence qu'elles exercent face à la télévision ?
Face à cette concurrence, on a beaucoup de chance d'être sur le service public. Pour l'instant, toutes ces plateformes n'empêchent pas le service public de faire des cartons d'audience. Il n'a jamais été aussi fort, que ce soit dans l'info, dans la fiction, le sport... Sur 58 ans de carrière, j'en ai passé 52 dans le service public. Je sais de quoi je parle, je suis un enfant du service public. Je sais également ce que c'est qu'une chaîne privée. Je le sais d'autant plus c'est mon frère Jean qui a créé M6 avec Nicolas de Tavernost. J'ai vu naître la chaîne sur un morceau de papier, en Provence.

Votre frère aurait-il imaginé qu'un jour TF1 veuille se marier avec M6 ? (L'interview a été réalisée avant l'annonce de l'abandon du projet de fusion, ndlr).
Jamais. Je me souviens des batailles homériques entre Patrick Le Lay et Nicolas de Tavernost. Ils en sont presque venus aux mains. J'ai été témoin de ça. Si je raconte à mon frère, là où il est est, que TF1 et M6 vont se marier, il va beaucoup se marrer. Je ne sais pas ce que va donner cette opération, mais d'ores et déjà, quelle réussite pour M6 ! Je suis très fier pour mon frère. Et dire qu'à l'époque, c'était la chaîne dont il fallait couper la tête... La fusion, cela va être un truc énorme. Mais les moyens d'Amazon, de Netflix et de Disney sont tellement énormes que ce n'est pas une mauvaise idée d'avoir un groupe qui soit aussi fort en Europe.

On entend votre attachement au service public. Mais on sait aussi que le groupe Canal+ vous a fait publiquement des appels du pied. A commencer par Cyril Hanouna. Qu'est-ce-qui pourrait vous faire changer de maison ?
Personne. Je n'oublie pas que c'est grâce à la gouvernance actuelle du service public que je suis revenu à la télévision et que j'ai signé un contrat de deux ans sur France 3 pour me sécuriser. Tout en me proposant de faire partie de l'équipe des sports pour les Jeux olympiques. Vous vous rendez compte de ce que cela signifie pour quelqu'un de 80 balais ! A l'époque, Berlusconi voulait que je vienne sur la Cinq et je ne l'ai pas senti du tout. Je suis allé sur TF1 pour deux raisons : je connaissais Etienne Mougeotte depuis toujours et la famille de Patrick Le Lay, le grand patron de TF1, avait aidé la mienne pendant la guerre. J'y suis resté cinq ans. J'ai beaucoup appris. J'y ai été très bien traité.

Ils ont dit
"Je sais que je finirai ma carrière dans le service public"
Michel Drucker

Et concernant Cyril Hanouna ?
A l'époque, j'ai fait une émission itinérante, un grand barnum qui s'appelait "Tenue de soirée". C'est là que j'ai connu Cyril. Il y a trois ou quatre ans, il voulait que je vienne sur C8, Vincent Bolloré aussi. Je me suis toujours dit que si je pense avoir tout dit sur le service public et que j'ai encore le feu sacré pour ce métier, pourquoi ne pas faire une émission sur le modèle de celle des archives de Patrick Sébastien ? On se voyait souvent pour en parler. Et contrairement à ce que je pensais, ma carrière a continué à fonctionner. Elle a repris un deuxième souffle à partir du moment où je suis ressorti de l'hôpital en pleine forme. Désormais, je n'ai plus l'ombre d'un doute. Je sais que je finirai ma carrière dans le service public.

Mais qu'est-ce-qui vous a fait douter à ce point il y a quelques années ?
De voir que tous les gens de mon âge disparaissaient. La liste était impressionnante. J'ai fait une crise de parano. C'était l'époque où France 2 voulait mettre Delahousse le dimanche en fin de journée (dans la case de "Vivement dimanche prochain", ndlr). Ce qu'ils ont fait et ils ont bien fait. Je m'étais dit, après tout, pourquoi pas. Je suis là depuis tellement longtemps. Place aux jeunes ! A un moment donné, on arrive toujours pour prendre un créneau. Quand j'ai repris le dimanche après-midi il y a 24 ans, j'étais mal à l'aise parce que je l'ai pris alors que Jacques Martin était très malade. Donc j'aurais trouvé normal que quelqu'un prenne ma place.

Quel est votre principale préoccupation à l'heure actuelle ?
Mon vrai challenge, c'est de savoir à quel moment je partirai. Ni trop tôt. Ni trop tard. A l'époque où Cyril Hanouna voulait me faire venir, j'étais partagé entre le fait de me dire "je veux continuer" et, quand j'arrivai chez moi, ma femme et mes proches me disaient "mais tu vas faire de la télévision pendant encore combien de temps ?". C'est le début de mon spectacle. Je ne me pose plus cette question grâce à mes chirurgiens, à Stéphane Sitbon-Gomez et à Delphine Ernotte, qui m'ont dit qu'ils ne me lâcheront pas.

Ils ont dit
"La passion ne fatigue pas"
Michel Drucker

Tant que vous serez en bonne santé, vous n'aurez donc aucune raison d'arrêter...
C'est moi qui déciderai. J'ai une très grande lucidité sur moi. J'arrêterai quand je constaterai que ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, ce qui n'est pas le cas ou quand je verrai que je commence à décliner physiquement. Je m'aperçois que 80 ans, ce n'est pas si vieux que ça. La passion ne fatigue pas.

Après vous, aucun autre animateur ne sera en mesure d'atteindre 60 ans de carrière, non ?
Probablement. J'ai beaucoup de respect et d'estime pour tous ceux qui font mon job et qui sont plus jeunes. Parce que durer, en ce moment, c'est très difficile. J'ai beaucoup de respect pour Camille Combal, qui était mon chroniqueur sur Europe 1, mais aussi pour Matthieu Noël... La performance de Cyril Hanouna est extraordinaire : il en est à sa 12e année ! Je l'ai souvent dit : pour moi celui qui fera une carrière assez longue s'il ne se trompe pas, c'est Cyril Féraud. Il plait aux jeunes, aux parents, aux grands-parents, aux filles, aux mecs. Tout le monde est amoureux de lui. C'est extrêmement rare. C'est un bosseur. Il est simple, ce qui est une des vertus de ce métier.

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