Tournant stratégique pour la marque à la pomme. Hier, Tim Cook, le PDG d'Apple, a convié la presse au siège de la firme à Cupertino, en Californie, pour une keynote très attendue. Objectif principal : lever le voile sur son offensive en matière de services. Comme à son habitude, la marque fondée par Steve Jobs n'a pas lésiné sur les effets d'annonce, affublant sa conférence du slogan "It's showtime !". L'annonce la moins attendue a été celle de l'Apple Card, une carte bancaire qui sera associée à l'iPhone et fonctionnera via l'appli Wallet. Un service pour lequel Apple s'associe à la banque d'affaires Goldman Sachs et au système MasterCard.
Outre la carte bancaire made in Apple, la firme à la pomme a aussi dévoilé un nouveau service dédié aux jeux vidéo et intitulé Arcade. Accessible via l'AppStore, Arcade permettra dans plus de 150 pays de jouer à plus de 100 jeux présentés comme exclusifs sur tous les appareils de la marque, le tout sans publicité et achats intégrés. Aucun tarif n'a été dévoilé pour cette nouvelle offre mais cette annonce intervient après que Google a dévoilé la semaine dernière Stadia, son "Netflix du jeu vidéo", une plateforme qui permet de jouer à des jeux vidéo en ligne grâce à la puissance du "cloud".
Stratégie agressive de services sur abonnement
Côté presse, comme attendu, la firme à la pomme a annoncé le lancement d'Apple News+, son service d'abonnement à la presse, proche de ce que proposent des applications comme LeKiosk ou SFR Presse, qui ne sera pas disponible en France. Moyennant 9,99 dollars, les possesseurs d'iPhone et d'iPad pourront accéder en illimité à des articles payants de plus de 300 titres, dont le "Wall Street Journal", le "Los Angeles Times", "Time", "Vogue", "National Geographic" ou encore "Billboard". Certains gros titres comme le "New York Times" ou le "Washington Post" ont toutefois refusé d'intégrer ce service, jugeant notamment peu avantageuses les conditions financières imposées par Apple, qui conservera la moitié des revenus générés par les abonnements.
Là encore sans grande surprise, Apple a annoncé une nouvelle version de son appli TV. L'interface sera remaniée et le service se prolongera avec Apple TV Channels. En clair, ce service, auquel Netflix a refusé de s'associer, transformera les offres tierces, comme celles d'Amazon, Hulu, HBO, Showtime, Starz ou encore CBS, en "chaînes" disponibles dans l'application. En France, Canal+ Séries, OCS ou encore Molotov TV feront partie de ces "chaînes". Apple TV Channels sera disponible à partir du mois de mai. La nouvelle application Apple TV sortira prochainement sur iOS dans 90 pays et sera aussi désormais disponible sur les téléviseurs Samsung. La nouvelle version sur Mac est, elle, attendue pour l'automne. Apple a annoncé que les téléviseurs Sony, LG et Vizio, tout comme les boitiers Roku et Fire TV, seront aussi bientôt concernés.
Un premier pas sur le territoire de Netflix
Mais l'annonce la plus attendue de la soirée était assurément celle concernant le lancement du nouveau service de SVOD de la marque à la pomme. Intitulé Apple TV+, ce service payant attendu à l'automne - dont Apple n'a pas dévoilé les tarifs ni la date de lancement - proposera aux clients de la marque à la pomme d'accéder à des contenus originaux. Histoire de montrer les muscles, Apple s'est offert une promotion assurée par les plus grands noms d'Hollywood dont Steven Spielberg, connu pour son inimitié contre Netflix.
Parmi les contenus originaux attendus : un remake de la série "Amazing Stories" réalisé par Spielberg, la série "Morning Show" avec Jennifer Aniston et Reese Witherspoon, la série post-apocalyptique "See" avec Jason Momoa et Alfre Woodard, la série "Little Voice" réalisée par J.J. Abrams avec la compositrice Sara Bareilles ou encore deux documentaires réalisés par Oprah Winfrey. Un line-up impressionnant, dont Apple s'est contenté de distiller à peine quelques images, qui servira donc à la firme de porte d'entrée sur le marché de la SVOD.
Marché en pleine expansion
L'offensive d'Apple sur ce créneau ultra-dominé par Netflix n'est pas isolée. La liste des futurs concurrents ne cesse de s'allonger. Dans les prochaines semaines, le marché scrutera les annonces de Disney et de Warner, qui se doteront toutes deux de leur propre plateforme. Pour tous ces acteurs, Netflix est devenu une obsession, un modèle du genre. Grâce à son portefeuille de plus de 130 millions d'abonnés et à un investissement massif et inégalé dans les contenus - plus de 8 milliards de dollars en 2018 -, qui lui permet de rafraîchir régulièrement son catalogue, la plateforme de Reed Hastings semble bénéficier, pour un petit moment, d'une belle longueur d'avance.
