Raquel Garrido : "C'est quasiment impossible de me museler"

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Raquel Garrido : "C'est quasiment impossible de me museler"
Par Florian Guadalupe Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Raquel Garrido
Raquel Garrido © Abaca
puremedias.com a interviewé la nouvelle chroniqueuse de l'émission "Les Terriens du dimanche" sur C8.

L'Insoumise anime la rentrée médiatique. Depuis qu'elle a accepté un poste de chroniqueuse dans "Les Terriens du dimanche" sur C8, Raquel Garrido est sous le feu des critiques et accusée de "mélange de genres". Récemment, elle a été au coeur d'une polémique pour avoir posé une question à Edouard Philippe lors d'une conférence de presse. A l'occasion du premier numéro de l'émission présentée par Thierry Ardisson ce dimanche 10 septembre, puremedias.com a rencontré la porte-parole de la France Insoumise afin de revenir sur les différentes polémiques.

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Propos recueillis par Florian Guadalupe.

Ils ont dit
"On ne prend pas Raquel Garrido pour la museler, sinon on ne prend pas Raquel Garrido."
Raquel Garrido

puremedias.com : Pourquoi avoir accepté de rejoindre la nouvelle émission de Thierry Ardisson sur C8 ?
Raquel Garrido :
C'est un défi très intéressant ! J'interviens dans les médias depuis cinq ans de façon régulière. Les médias, c'est un domaine où je suis à l'aise. Je connaissais Stéphane Simon, je connaissais son travail, sa maison de production et ses différentes émissions. Quand il m'a proposé de rejoindre l'émission, ça m'a tout de suite branchée. J'ai dit oui tout de suite.

Que vous a-t-il proposé exactement ?
Thierry Ardisson et lui avaient eu l'idée d'une nouvelle émission qui serait différente de "Salut les Terriens". Ardisson ne sera pas en première ligne pour interviewer des personnalités de la variété mais il sera en fond de cour pour que les chroniqueurs puissent porter des sujets. C'est une émission de chroniqueurs. Il m'a présenté ça comme l'émission "Rive droite/rive gauche".

En quoi va consister votre chronique ?
Au début, c'était juste le principe de la chronique. Puis, on a avancé sur un format qui n'est pas un édito politique où je commente le monde avec mes lunettes insoumises, mais un format où on me proposait d'aller sur le terrain et de faire des reportages incarnés. Je suis à l'écran pour mettre la lumière sur des sujets de mon choix. Stéphane Simon avait beaucoup insisté sur ma liberté. Dans le fond, je n'en doutais pas quand j'ai vu comment il défendait la liberté des gens avec qui ils travaillaient.

Aviez-vous mis des conditions à votre participation ?
Non, on n'a pas eu besoin de ça. Stéphane Simon a pris les devants sur la question de la liberté. Mais c'est quasiment impossible de me museler. On ne prend pas Raquel Garrido pour la museler, sinon on ne prend pas Raquel Garrido. Je n'ai donc pas mis de conditions. Après avoir dit oui, j'ai demandé qui étaient les autres chroniqueurs. J'ai été contente d'apprendre que j'étais avec Natacha Polony et Jeremstar. D'ailleurs, Jeremstar, je le connaissais par mes enfants, car ils le suivent comme personnalité médiatique. Cela m'intéressait de pouvoir débattre avec des personnalités comme lui. On a fait à la mi-juillet un dîner d'intégration. J'étais assise à côté de lui, je voulais le découvrir et savoir qui il était. Lui était assez intimidé par les autres. Il avait une sorte de complexe d'infériorité en disant "Je ne serai pas au niveau".

Ils ont dit
"Je ne parlerai pas au nom de la France Insoumise. Ce serait chiant à mourir que je sois sous une forme de dictée."
Raquel Garrido

Vous participez justement à une émission qui ne porte pas uniquement sur la politique. Cela ne posera pas un problème pour votre image de femme politique de siéger aux côtés d'humoristes ou de Jeremstar ?
Le format de l'émission n'est pas à proprement dit du divertissement. C'est de la chronique d'actualité. Par contre, c'est vrai, c'est un format ludique et esthétique. Ce n'est pas de la radio filmée, ce n'est pas austère. Il y a de la musique, des petits jeux... Ça ne me rebute pas du tout que la télé soit sympathique à voir. On peut faire du haut niveau d'information et de débat, enrobé dans un format sympathique. Ce n'est pas choquant. En ce qui concerne mon image, de toute façon, elle va être liée à mes sujets et à la façon dont j'évolue dans ce cadre de débats. Les gens qui me détestent parce que je suis Insoumise continueront à me détester, mais peut-être que j'arriverais à convaincre les autres.

Allez-vous parler au nom de la France Insoumise ?
Pas du tout. Surtout pas. Ce serait chiant à mourir que je sois sous une forme de dictée. Médiatiquement, ça n'a pas de sens. Je suis là nécessairement de façon libre. D'ailleurs, je n'ai pas demandé l'autorisation à Jean-Luc (Mélenchon, ndlr), ni même à Alexis Corbière, mon compagnon. J'ai dit oui à Stéphane Simon avant d'en parler à Alexis.

Après un passage à la télévision, vous pensez pouvoir ensuite avoir un mandat électif ?
Je ne me fermerai pas pour autant la porte à être candidate à une fonction éligible. Je suis militante depuis 25 ans et j'ai déjà été candidate. Je l'ai été dans des positions pas éligibles pour soutenir des hommes devant moi qui ont été élus grâce à ma campagne. J'ai l'habitude, mais je n'ai plus trop envie de faire ça. Mais si un jour j'étais à nouveau candidate, je le ferais pour être élue. En tout cas, je ne vois pas de problème entre avoir cette chronique aujourd'hui et puis, un jour, être candidate.

Ils ont dit
"Les journalistes qui m'ont critiquée n'étaient pas là pour poser des questions. Ils n'avaient qu'à venir."
Raquel Garrido

Pourquoi avoir choisi la conférence de presse du Premier ministre pour poser la première question de votre chronique ?
C'était mon idée de se pencher sur qui a rédigé les ordonnances concernant la réforme du Code du travail. Je voulais traiter ce sujet, alors comme je fais des sujets incarnés sur le terrain, il faut que ça se fabrique. Il faut trouver des images et des moments. Ce n'est pas hyper simple. Dans l'agenda politique, il y avait cette conférence de presse, alors j'ai voulu leur poser la question. Je pensais au départ la poser à Muriel Pénicaud, je ne savais pas que le Premier ministre animerait cette conférence de presse sur les ordonnances. Du coup, c'est à lui que j'ai posé la question.

Est-ce la place d'un politique de se retrouver dans les rangs des journalistes ?
Je n'y étais pas en tant que militante politique, j'y étais dans le cadre de ma chronique. On avait demandé les accréditations. Je n'ai pas compris l'agacement des autres journalistes. Je pense qu'il est hypocrite. D'abord, nombre des personnes qui travaillent pour la couverture de la politique, notamment dans le milieu audiovisuel, n'ont pas de carte de presse. Quiconque organise une conférence de presse ne va pas exclure les gens qui n'ont pas de carte de presse. Cela fait belle lurette que la carte de presse ne constitue pas une forme de pureté dans les conférences de presse. La deuxième chose est que les gens qui m'ont critiquée n'étaient pas là pour poser des questions. Ils n'avaient qu'à venir.

Ils ont dit
"Je ne me fais pas passer pour ce que je ne suis pas. Je ne me fais pas passer pour une journaliste."
Raquel Garrido

Vous n'avez pas compris leur agacement ?
Moi, je ne les ai pas empêchés de poser une question. Ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. S'ils trouvent que le travail journalistique n'est pas bien fait, qu'ils le fassent. En l'occurrence, j'ai posé une question sur le fond, qui concerne 18 millions de personnes. Une vingtaine de journalistes se sont déchaînés sur les réseaux sociaux pour parler d'eux-mêmes. Attention ! Votre profession est déjà très décriée. Si vous voulez défendre votre job, défendez les conditions de fabrication de l'information, battez-vous contre les contrats précaires dans les chaînes d'information en continu et la pression du temps qui empêche d'enquêter. Battez-vous contre l'oligarchie dans les médias ! Mais ce n'est pas vrai que la difficulté d'être journaliste tient à Raquel Garrido.

Peu de personnes ont dit ça...
En ce qui me concerne, il n'y a pas de tromperie sur la marchandise. Le téléspectateur sait exactement d'où je parle. Je ne me fais pas passer pour ce que je ne suis pas. Je ne me fais pas passer pour une journaliste. Je ne me fais pas passer pour quelqu'un de neutre. J'ai ma subjectivité, j'ai mon engagement. Il y aura d'ailleurs des contradicteurs dans l'émission. Pour le téléspectateur, c'est bien. Les journalistes qui m'ont attaquée l'ont fait pour d'autres raisons. Certains parce qu'ils ont des obsessions contre Mélenchon, à travers moi, ils règlent leurs comptes. D'autres sont dans des logiques de concurrence entre chaînes. Il faut voir la concurrence extrême entre chaque groupe ! Les médias sont pires que les partis politiques. Les peaux de banane, la mauvaise foi...

Ils ont dit
"Les trolls macronistes, ça les rend fous qu'un Insoumis puisse avoir accès aux médias."
Raquel Garrido

En acceptant de rejoindre "Les Terriens du dimanche", vous attendiez-vous à une telle déferlante médiatique ?
Non. C'est beaucoup plus fort que ce que je pensais. Je me doutais que la novation serait repérée. D'ailleurs, je comptais dessus. Je veux que les gens viennent voir cette émission. J'espère qu'elle va vivre, qu'elle aura de l'audimat, qu'elle va perdurer dans le temps. J'espère que ce sera un rendez-vous agréable à voir et intéressant pour le téléspectateur. Je ne m'attendais pas à cristalliser à ce point des attaques qui, pour la plupart, sont en dessous de la ceinture, pas argumentées, voire l'expression d'une pure jalousie. Les trolls macronistes, ça les rend fous qu'un Insoumis puisse avoir accès aux médias. Au bout du bout, ceux qui me critiquent préféreraient que je n'y sois pas. Ça s'appelle de la censure.

Comment expliquez-vous cette nouvelle tendance des politiques à rejoindre les médias ?
Je ne me sens pas associée à cette tendance. Il y a deux phénomènes différents. Le premier phénomène est déclinant des anciens partis de la Ve République, c'est-à-dire Les Républicains et le Parti socialiste. Ce sont des forces qui ont été évacuées de la scène politique, pour lesquels un certain nombre de compétences sont recyclées dans le système médiatique. Ce sont des gens qui savent s'exprimer, qui connaissent la vie politique et qui savent la commenter. Moi, c'est l'inverse. Je fais partie d'une force ascendante. Elle n'existait pas il y a un an et demi. Sa représentativité médiatique est inférieure à ce que nous sommes vraiment dans la société. Je suis la pointe émergée d'un iceberg qui va continuer à grandir et qui est une forme de rééquilibrage des idées dans le PAF. Aujourd'hui, les idées libérales sont sur-représentées. Qu'ils viennent du PS, des Républicains, des banques, du gouvernement, de l'oligarchie des chaînes, au final, ils pensent tous pareil. Cette semaine, Bruce Toussaint a fait un "C dans l'air" avec quatre personnes qui pensent exactement la même chose. C'était une émission complète de Mélenchon-bashing. Ma présence rééquilibre un poil cela. Mais je note que même ça, les médiacrates ne le supportent pas.

Ils ont dit
"Quand vous entendez dire que je suis salariée de Bolloré, c'est un mensonge grand comme la Tour Eiffel."
Raquel Garrido

Pourquoi ne pas avoir mis fin à votre carrière politique afin d'éviter les critiques de mélange des genres ?
Ça veut dire quoi mettre fin à ma carrière politique ? Je n'ai jamais été élue !

Vous avez été au porte-parolat de la France Insoumise...
Ça n'a rien à voir. C'était un engagement bénévole et citoyen. Je n'ai même pas été rémunérée par le mouvement pendant la campagne. Je suis une citoyenne engagée, c'est permis ou pas ? Pardon, je n'ai jamais touché un seul centime d'argent public pour militer. Je n'ai pas été ministre de Sarkozy comme Bachelot. Je n'ai pas été Premier ministre comme Raffarin. Je n'ai pas été député, comme les uns et les autres, qui font des interventions médiatiques. Je suis une citoyenne. Je suis avocate. Je tiens à mon métier et à l'indépendance à laquelle il m'oblige. Je ne peux pas être dans un lien de subordination. Quand vous entendez dire que je suis salariée de Bolloré, c'est un mensonge grand comme la Tour Eiffel. Je n'ai aucun lien avec Bolloré et surtout, je n'ai pas le droit d'être salariée.

Votre mouvement a-t-il vraiment besoin de chroniqueurs dans des émissions pour avoir un temps de parole dans les médias ?
Les Insoumis ne sont pas assez représentés dans les médias, et il en faut davantage pour représenter les 7 millions d'électeurs de la présidentielle, voire plus.

Ils ont dit
"Je ne suis ni journaliste, ni élue politique. Le mélange des genres ne me concerne pas."
Raquel Garrido

Comprenez-vous quand même que l'on puisse critiquer ce mélange des genres entre journalistes et politiques ?
Vous parlez de qui ? Vous parlez de moi ? Parce que moi, je ne suis pas journaliste. Je ne mélange pas le genre politique et journaliste. Je ne suis ni journaliste, ni élue politique. Cela ne me concerne pas.

La chronique que vous faites dans l'émission ressemble à un travail journalistique...
C'est vrai que poser des questions, lire des articles, etc. Cela fait partie des choses que font les journalistes. Mais pour autant, je ne bascule pas dans la profession de journaliste. Je n'ai pas envie de faire ce métier. Je ne veux pas me présenter pour ce que je ne suis pas. Je suis chroniqueuse télé. Peut-être que les journalistes considèrent que cette évolution est délétère par rapport à la profession. Je veux bien l'entendre. Mais ça ne concerne pas Raquel Garrido. C'est surtout que l'essentiel des interventions médiatiques sont faites par des éditorialistes ou des animateurs de débats. Le problème de la profession de journaliste, c'est qu'il n'y a plus d'enquêtes. S'il n'y a plus d'enquêtes, ce n'est pas à cause de Raquel Garrido. Si le fait que je fasse un tout petit peu d'enquête les fait péter un câble, on met le doigt sur un problème qui est réel. La profession doit prendre en charge cette question. Si elle considère qu'elle a des conditions de travail si précaires et qu'elle n'a pas les moyens de faire des enquêtes sur un mois ou plus, la profession doit se battre. Moi, je les soutiendrai.

Ils ont dit
"Que Roselyne Bachelot ne se fasse pas passer pour ce qu'elle n'est pas."
Raquel Garrido

Selon Roselyne Bachelot, "rejoindre un média, c'est franchir le rubicon". Vous ne semblez pas d'accord avec son affirmation.
Roselyne Bachelot me fait rire. Elle est ancienne ministre de Sarkozy. Evidemment, lorsqu'elle intervient dans les médias, elle reste elle-même avec ses idées et ses valeurs. Quand on a lui a posé la question sur Penelope Fillon, c'est la seule personne en France qui n'a rien trouvé à redire sur la situation de Penelope. Pourquoi ? Parce que c'est une grande amie de François Fillon, elle a été son ministre. Je ne conteste pas ça. Mais qu'elle ne se fasse pas passer pour ce qu'elle n'est pas. Elle n'est pas journaliste. Elle n'aura pas de carte de presse. Elle est une ancienne ministre de Sarkozy, c'est une nana de droite qui, dans une campagne présidentielle où tous les Français s'interrogeaient sur la légitimité de l'affaire Penelope, a décidé de ne pas taper sur Penelope. Alors, le mélange des genres... Elle, comment ça se fait que personne ne l'a critiquée quand elle est allée sur RMC, puis sur LCI ? Ensuite, elle a eu des mots excessivement violents à mon égard. Surtout, elle m'invite à la télé. J'étais invitée hier à son émission. Je lui ai dit "Roselyne, faudrait savoir ! Vous appelez pratiquement à la violence physique contre moi et après vous m'invitez à la télé". C'est ça l'hypocrisie du système. Ils sont tous d'accord pour casser du sucre sur Mélenchon, sur les Insoumis et sur moi. Cela évite de poser les vraies questions.

Aujourd'hui, il y a une vraie défiance envers les politiques et les journalistes. Cette tendance ne va-t-elle pas accentuer cette méfiance ?
Je ne me sens pas concernée pas la collusion entre les médias et les vieux partis balayés. Je ne me sens pas concernée par Bruno Roger-Petit qui part à l'Elysée et qui a fait toute la campagne contre nous. J'ai débattu avec lui plusieurs fois et jamais il n'a dit qu'il ne roulait pour Macron. D'ailleurs, s'il l'avait dit, on lui aurait appliqué des règles : le temps de parole, les contradicteurs, etc. Il a bien caché son jeu. Il était totalement militant pour Macron. Ces moeurs, oui, c'est l'oligarchie. Moi, je ne me sens pas concernée par l'oligarchie. Je passe mon temps à la combattre et à vouloir l'abolir.

Vous avez dénoncé un "France Insoumise Bashing" il y a quelques mois. Avez-vous le sentiment que certains médias sont contre votre mouvement ?
Il y a un certain nombre de médiacrates ou d'émissions qui se sont mis martel en tête d'éviter notre croissance. A la rentrée, il se passe quelque chose de fascinant. Un gouvernement vient d'être élu. Il met en place un certain nombre de mesures. La presse, au lieu de jouer son rôle de contre-pouvoir, elle joue un rôle de bras armé contre la France Insoumise. Qui joue le rôle de contre-pouvoir, si les médias ne le jouent pas ? Il y a un problème démocratique. Je suis estomaquée par l'énergie consacrée à nous critiquer alors même que dans un mois une réforme phénoménale de la réforme du travail va venir. Au lieu de la décrypter, ils tapent sur nous. C'est absolument détestable par rapport à la fonction que doit jouer la presse dans une démocratie saine.

Ils ont dit
"En gros, on me dit 'Touche pas au grisbi, salope'"
Raquel Garrido

Jean-Luc Mélenchon a rédigé une tribune ce lundi sur son blog au sujet des médias. Êtes-vous d'accord avec lui lorsqu'il dit que vous subissez la "hargne de la caste médiatique" ?
Oui, je le constate. On me dit, en gros, "Touche pas au grisbi, salope". Ils ne supportent pas l'idée que je m'exprime. Ils adoptent des comportements béotiens de censeurs. Ils génèrent une campagne publique pour que je me fasse virer.

Aviez-vous envisagé de renoncer à l'émission ?
Non, ce n'est pas mon genre. J'ai d'autant plus envie de la faire !

Dans sa tribune, Jean-Luc Mélenchon a aussi expliqué que vous étiez victime de "sexisme". Ce n'est pas un peu fort ?
Non. Le sexisme, je le vis comme toutes les femmes qui interviennent dans les médias. Ce n'est pas propre à cet épisode. On sent dans certaines émissions que les femmes sont traitées différemment que les hommes. Par exemple, "Les Grandes Gueules" sur RMC. Vous regardez une interview d'Olivier Truchot, il ne parle pas de la même façon à Alexis Corbière et Adrien Quatennens qu'à Danièle Obono et Raquel Garrido. Ils vont se permettre des choses avec les femmes qu'ils ne vont pas se permettre avec les hommes. C'est du machisme.

Ils ont dit
"Les chaînes se livrent une concurrence terrible qui est plus féroce que celle des partis politiques entre eux."
Raquel Garrido

Revenons un peu sur Vincent Bolloré que la France Insoumise a vivement critiqué pendant la crise d'iTELE. N'est-ce pas paradoxal d'avoir une représentante de ce parti sur la chaîne C8 ?
Cette question se pose comme à chaque fois que je vais sur BFMTV. Je crée des revenus publicitaires pour Patrick Drahi, pareil sur Europe 1 pour Arnaud Lagardère ou dans "Le Figaro" pour Serge Dassault. Cette problématique, elle n'est pas nouvelle pour moi et pour la France Insoumise. J'ai eu une émission pendant un an sur BFMTV, en duo avec Marie-Laure Harel, animée par Christophe Hondelatte. Je l'ai fait gratos en plus. Cette question, on l'a tranchée. Nous contestons la concentration oligarchique dans les médias. Nous proposons de libérer les médias des forces de l'argent et de mettre davantage de droits pour les journalistes pour qu'ils aient les conditions de fabrication de l'information. Mais nous répondons aux sollicitations médiatiques dans le cadre actuel, car c'est le nerf de la guerre, la diffusion des idées. Le problème se pose dans les mêmes termes que ce soit C8, BFMTV ou LCI. Pareil pour YouTube, alors que Google ne paye pas ses impôts en France. On ne va pas s'auto-exclure des médias.

Pourriez-vous dénoncer des décisions de Vincent Bolloré dans le cadre de votre chronique sur C8 ?
Dans "Les terriens du dimanche", oui, je pourrais. Après, là où je ris sous cape, si un journaliste d'une autre chaîne me demande de critiquer Vincent Bolloré sur une autre chaîne, j'aurais tendance à lui demander "Pourquoi tu ne me poses pas de questions sur ton patron ?". Patrick Cohen, si un jour sur Europe 1 il me pose une question sur Bolloré, j'aurais envie de lui dire "Pose-moi d'abord une question sur Lagardère !" Je ne suis pas non plus dupe et naïve. Je sais bien que les chaînes se livrent une concurrence terrible qui est plus féroce que celle des partis politiques entre eux. Je sais très bien qu'à travers moi les chaînes cherchent à s'attaquer.

Selon LesJours.fr, Stefan Etcheverry ne serait finalement pas dans "Les Terriens du dimanche" en raison de son profil d'ancien gréviste d'iTELE. Si cela se confirme, seriez-vous gênée ?
Je ne suis pas au courant. Je demande à ce que ce soit confirmé, parce que ça m'étonnerait beaucoup. La preuve, il y a moi. Nous, les Insoumis, on a déjà dit des choses, à la fois sur la grève ou sur Bolloré. Pourtant, j'y suis. Ça m'étonnerait beaucoup que Stefan Etcheverry ait été blacklisté. J'ai aussi tendance à me méfier des peaux de banane entre médias. Il y a un niveau de détestation telle qu'il y a souvent de la mauvaise foi.

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