Soupçonné d'être à la botte de l'Elysée depuis son arrivée à la présidence de France Télévisions, Rémy Pflimlin répond très longuement à la polémique ce matin dans Libération.
La suppression de l'émission de Franz-Olivier Giesbert ? Nicolas Sarkozy n'y est pour rien. Celle de Guillaume Durand ? Le chef de l'Etat n'a pas demandé sa tête. L'arrivée de Pierre Sled proche de Nicolas Sarkozy à la direction de France 3 ? Le locataire de l'Elysée n'a rien demandé. Le départ d'Arlette Chabot ? C'est elle qui a choisi de partir. Ce matin, Rémy Pflimlin, premier président de France télévisions à avoir été nommé par l'exécutif répond aux nombreuses polémiques dans un long entretien à nos confrères de Libération.
Paralysie
Et il nie tout en bloc. « Les procès d’intention peuvent varier et être contradictoires (...) La pire des choses serait d’être dans la paralysie. Si vous changez quelqu’un, c’est politique ; si vous prenez quelqu’un, c’est politique… Si on en tient compte, on ne fait plus rien » explique-t-il. Même le départ d'Eric Zemmour, annoncé comme une volonté de Nicolas Sarkozy ce week-end dans Le Monde est démenti : « C’est absurde. Eric Zemmour fait partie de l’émission… J’attends de voir ce que la productrice, Catherine Barma, et Laurent Ruquier vont nous dire sur la manière de faire évoluer On n’est pas couché à la rentrée. C’est très curieux, il y a quelques semaines, on me disait : "Pourquoi ne vous en séparez-vous pas?" Tout ça n’a pas de sens ».
L'arrivée de Pierre Sled à France 3, contestée de toutes parts, ne serait pas non plus une volonté du Chef de l'Etat. « Dès que j’ai été nommé, (il) m’a appelé explique-t-il. Je le connais depuis très longtemps. Il avait un désir très fort de venir, je lui ai demandé de se rapprocher de François Guilbaud (directeur de France 3, ndlr) qui pense que, par son expérience, Pierre Sled peut nous apporter ». Rémy Pflimlin indique par ailleurs qu'il n'y a pas de « liste noire » imposée par l'Elysée ou à contrario une liste de personnalités à engager.
Le soupçon
Enfin, le président de France Télévisions s'insurge contre le lourd soupçon qui pèse sur chacune de ses décisions. « C’est totalement pervers explique-t-il. Si vous vous affichez aujourd’hui contre le président de la République, alors on ne peut pas vous bouger. A l’inverse, si on peut suspecter que vous soyez bien vu, alors vous n’avez pas le droit de travailler. Ça s’appelle ni plus ni moins du maccarthysme et ça n’est pas acceptable. Je vais vous dire une chose : je n’ai jamais déjeuné, ni dîné avec le chef de l’Etat, jamais. J’ai de très bonnes relations avec Franz-Olivier Giesbert, avec lequel je ne veux pas polémiquer, mais lui voit Nicolas Sarkozy, il le tutoie ; moi, je le vouvoie. Les rares fois où je l’ai vu avant d’être nommé - parce que depuis, je l’ai revu exclusivement pour les otages -, je n’ai eu aucune familiarité avec lui. Je le vouvoie, il me vouvoie. Les gens qui vous parlent d’indépendance mangent avec lui et le tutoient ». Cette longue interview à Libération suffira-t-elle à éteindre l'incendie ? Probablement pas, tant que les présidents de l'audiovisuel public seront nommés par le Chef de l'Etat.