"Ce n'est pas la double peine, c'est la destruction avant le jugement ! C'est indigne !" a expliqué l'ancien garde des Sceaux et sénateur socialiste sur France Inter.
Robert Badinter, avocat, ancien garde des Sceaux et sénateur socialiste était l'invité de Patrick Cohen ce matin sur France Inter pour commenter l'affaire DSK. Dans la lignée de Jack Lang et BHL, il s'est insurgé contre le traitement médiatique et judiciaire infligé au directeur du FMI. « Ce que j'ai vu hier, c'est une mise à mort médiatique, c'est à ça que nous avons assisté (...) L'exhibition organisée par la police américaine sortant de sa garde à vue (...) c'est honteux, ça n'a rien à voir avec la justice ! » a-t-il fustigé.
"Indigne"
Il partage aussi l'avi de Bernard Henri Lévy qui expliquait ce matin en quoi DSK n'était pas un justiciable comme les autres. « Il était promis aux plus hautes destinées et d'un seul coup vous avez l'image d'un homme détruit explique Robert Badinter. Cela porte un mot, cela s'appelle une tragédie. Moi, je pense à sa femme, à ses enfants. Dans ces conditions, je ne peux pas ne pas être bouleversé et indigné. On aurait pu l'emmener discrètement ! Tout le monde dit que c'est la justice égale pour tous. C'est une plaisanterie ! Dérision ! En vérité, quand DSK est assis au milieu des autres, il est ravalé délibérément au rang du minable dealer. Sauf que le dealer, personne ne le connait ! Et que lui le monde entier le connait ! Ce n'est pas la double peine, c'est la destruction avant le jugement ! C'est indigne ! ».
"Un hommes aux abois"
Enfin Robert Badinter s'est dit « très heureux » que les précautions nécessaires aient été prises pour protéger de folie médiatique la victime présumée. « Mais j'aurais aimé l'égalité des armes. Pourquoi ce traitement différentiel ? C'est ce qu'on appelle le procès équitable dont les Etats-Unis se réclament tant ? » s'interroge-t-il. « Vous avez un homme qui proclame son innocence, il faut le respecter en totalité et ne pas accepter que la police américaine mette la main sur ce genre de décision insupportable. Il reste un homme aux abois qu'on accable avant qu'on sache quoi que ce soit sur le fond » a conclu Robert Badinter qui, comme il l'a précisé en début d'entretien, est un ami de longue date de DSK et de son épouse, Anne Sinclair.