Portée par une Angelina Jolie au top de sa forme, la superproduction "Salt" est un savant mélange entre le thriller d'espionnage, le drame sentimental et le film politique contemporain.
Initialement prévu pour Tom Cruise, le premier rôle du nouveau film de Phillip Noyce a finalement été donné à la jolie Angelina, obligeant les scénaristes à réadapter les textes pour une femme. Mais ce ne sont probablement que quelques lignes qui ont dû être modifiées tant l'actrice star se donne mieux que bon nombre de ses collègues gonflés à la testostérone. L'une des seules actrices suffisamment bankable pour garantir un succès grâce à son unique nom, elle est surtout la seule femme à Hollywood crédible dans des films d'action. Salt le prouve.
Un scénario convenu mais efficace
Angelina Jolie joue le rôle d'Evelyn Salt, agent de la CIA reconnue, accusée d'être une espionne russe infiltrée. Obligée de fuir face aux accusations, elle va tout faire pour prouver son honnêteté, brouillant les pistes sur son passé et sa réelle identité. Si le scénario paraît peu original, il tient sa force dans un rythme qui ne s'essouffle jamais, entre poursuites et cascades, et surtout dans une tête d'affiche, Angelina Jolie, inépuisable entre femme d'émotion et femme d'action, capable des scènes les plus musclées.
L'un des points forts du scénario est aussi d'arriver pendant plus d'une heure et demi à nous interroger sur l'identité de Salt, sans jamais être certain de la réponse. Son final, évidemment ouvert dans la perspective d'une suite au film, donne certaines clés tout en laissant le spectateur dans l'attente.
Un film politique
Les premières minutes du film donnent le ton. Emprisonnée en Corée du Nord, Salt se fait torturer violemment par des militaires nord-coréens. Tout au long du film, Salt remet au goût du jour les relations fratricides entre le cinéma et l'espionnage sous fond de relations ambiguës entre les deux blocs. Espions russes, taupes infiltrées, terrorisme international, la production de Noyce n'épargne pas les questions politiques contemporaines et semble avoir visé juste puisque la sortie du film a coïncidé avec l'affaire des espions russes arrêtés puis échangés avec la Russie contre des espions américains. Un parti pris plutôt opportun pour remettre au goût du jour une problématique toujours d'actualité, mais souvent éclipsée au cinéma ces dernières années par les conflits en Irak et en Afghanistan, et les secousses du terrorisme islamiste et religieux.
On l'aura compris, Salt tient sa plus grande originalité dans sa tête d'affiche, inhabituelle pour un film d'action hollywoodien et qui fait de l'ombre au reste d'un cast qui ne démérite pourtant pas, Liev Schreiber en tête. Face à un scénario convenu mais néanmoins agréable et prenant, on apprécie toutes les scènes d'une Angelina Jolie parfaite et qui prouve une fois de plus qu'elle est capable de tout jouer. A l'opposé de l'Echange, son plus grand rôle dramatique qui lui avait d'ailleurs valu une nomination aux Oscars, Salt ne révolutionne rien, mais l'installe une fois pour toutes au Panthéon des plus grandes actrices américaines.
