Le CSA intervient mais ne sanctionne pas. Dans un communiqué publié aujourd'hui, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a annoncé qu'il était "intervenu fermement auprès d'Europe 1 suite à la diffusion, le 5 février 2014, dans l'émission La Revue de presque (de Nicolas Canteloup, ndlr), d'une séquence humoristique faisant référence au génocide de 1994 au Rwanda".
Le sketch de Nicolas Canteloup avait provoqué à l'époque l'indignation du CRAN, Conseil Représentatif des Associations Noires, qui avait décidé de saisir le CSA. Dans un communiqué, l'association avait ainsi qualifié ce sketch "d'ignoble". "Quand il s'agit des Noirs, à l'évidence, on peut tout se permettre", avait dénoncé Louis-Georges Tin, président du CRAN. "Mais il est temps que cela cesse. Ce soi-disant humour masque mal une forme extrême de mépris et d'abjection. Devant le crime contre l'humanité, esclavage, Shoah, Rwanda, on ne rit pas, on fait silence". De son côté, Nicolas Canteloup avait refusé de s'excuser pour cette blague et avait reçu le soutien sans faille de son patron, Denis Olivennes, qui s'était dit "choqué" et "blessé" par une "attaque injuste".
"Une désinvolture outrancière"
Le CSA a finalement "estimé qu'en dépit de la visée humoristique de cette émission (...), certains propos de cette séquence ont été marqués par une désinvolture outrancière telle qu'elle pouvait être perçue comme une complaisance à l'égard d'un génocide". L'institution d'Olivier Schrameck a également "demandé à la station de prendre toutes les mesures nécessaires afin que cette séquence ne soit plus mise à disposition du public".
Europe 1 et Nicolas Canteloup s'en tirent toutefois assez bien, échappant à la mise en garde ou, plus grave, à la mise en demeure. Cela n'avait pas été le cas pour Canal+ dans une affaire récente similaire. Au cours de son émission humoristique "Le Débarquement", la chaîne cryptée avait diffusé en décembre dernier un sketch polémique sur le génocide rwandais. Malgré les regrets exprimés par la chaîne, cette dernière avait finalement écopé d'une mise en demeure du CSA.
