Stéphane Bern P1 : "Les animateurs des émissions culturelles veulent paraître plus cultivés que leurs invités"

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Stéphane Bern P1 : "Les animateurs des émissions culturelles veulent paraître plus cultivés que leurs invités"
Stéphane Bern
Stéphane Bern © FTV/KNAUB
Toutes la journée, Stéphane Bern est le rédacteur en chef de puremedias.com. Pour cette première partie, il dévoile ses projets télé et radio.

Le journaliste, animateur et auteur Stéphane Bern est ce mardi le rédacteur en chef de puremedias.com. Toute la journée, il répond aux questions de la rédaction et réagit à l'actualité des médias. Pour cette première partie, il dévoile ses projets télé et radio. Passionné par la campagne présidentielle, il livre aussi à 12h00 son analyse à moins de cinquante jours du premier tour. Dernier rendez-vous en fin de journée avec "les bonus de Stéphane".

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Propos recueillis par Julien Lalande et Julien Bellver.


puremedias.com : Fin 2011, "Comment ca va bien" affichait une moyenne de 850.000 téléspectateurs et 12% de parts de marché, aussi bien sur l'ensemble du public que sur les ménagères. Des scores quasi-stables sur un an alors que le niveau de la chaîne a, lui, reculé... C'est le résultat de votre proximité avec les téléspectateurs ?

Stéphane Bern : L'émission a très vite trouvé un public, qui a un besoin d'informations pratiques et qui, en même temps, aime bien l'humour de bande. On a des pointes jusqu'à 15% de parts d'audience auprès des ménagères. Le seul bémol, c'est que les femmes – qui sont le public visé – ne regardent, en moyenne, que 1,8 émission par semaine en moyenne. Là où on doit travailler, c'est donc sur la fidélisation de notre audience. On retourne donc aux fondamentaux de l'émission : des tests grandeur nature de tout ce qui peut améliorer notre quotidien.

On a pu lire que de nombreuses émissions de France Télévisions étaient menacées la saison prochaine en raison de restrictions budgétaires... Est-ce que "Comment ça va bien" est concerné ?

D'abord, je n'ai pas l'impression qu'on soit très cher (rires). Ensuite, je n'ai pas le sentiment qu'on soit menacé. Ces derniers temps, on a plutôt cherché à savoir si j'étais partant pour une reconduction de l'émission la saison prochaine.

"Je vais présenter le Sidaction"

Selon nos informations, cette année, vous serez à la tête du prime time de France 2 consacré au Sidaction. Vous pouvez nous en dire davantage ?

Oui, c'est vrai. Alessandra Sublet attendant un heureux événement, Line Renaud m'a demandé de prendre la relève. Ca m'a touché beaucoup puisque j'ai moins d'appât et d'attributs qu'Alessandra Sublet mais, en revanche, c'est vrai que je soutiens le Sidaction depuis de nombreuses années. Je peux difficilement vous en dire plus sur la programmation de l'émission, Anne Marcassus (la productrice des "Victoires de la musique" et des "Enfoirés", NDLR) et Nathalie André (la responsable des divertissements de France 2, NDLR) travaillent dessus. Mais il s'agira, comme l'an dernier, d'une émission mêlant humour et variétés.

Depuis quelques années, le dispositif média autour du Sidaction est moins visible...

C'est vrai, ça a diminué. On a tous baissé la garde. Je ne parle pas seulement de la télévision, mais de l'opinion publique aussi. Ca fait 30 ans qu'on dit aux gens de se protéger, ils font moins attention, ils en ont marre. Ma génération, on a toujours vécu avec cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête. Aujourd'hui, les gamins pensent que ça n'arrive qu'aux autres. Et encore, j'ai l'impression que les jeunes se sentent plutôt concernés.



C'est de la faute aux pouvoirs publics ?

Les pouvoirs publics ne peuvent pas tout, c'est aussi aux gens de se responsabiliser. Vous savez, une chose que "Comment ca va bien" m'a apportée, c'est une vraie conscience citoyenne, et notamment sur l'écologie grâce à Isabelle Delannoy. Sous les dehors de la vie pratique, elle nous raconte au fil des semaines toutes les saloperies qu'on avale. Les parabènes, les polyphosphates...

Elle est plus efficace qu'Eva Joly ?
Je trouve. Elle au moins, elle parle d'écologie. Eva Joly parle de tout, sauf d'écologie.

Pour en revenir à la soirée Sidaction, vous serez en face de "The Voice", une émission qui réalise des audiences exceptionnelles...

Oui, je ne me fais pas beaucoup d'illusions. Je vais tout faire pour que ça soit l'émission la plus festive possible, que ça réunisse le plus grand nombre de téléspectateurs possible. Je pense qu'ils mettront un ruban et qu'ils feront des appels aux dons réguliers. En tout cas, avec cette émission, j'essaierai de servir au mieux la cause.

En juin, vous serez aux commandes avec Marie Drucker de la cérémonie du jubilé de la Reine d'Angleterre...

J'adore travailler avec Marie Drucker ! C'est une grande professionnelle. Elle allie le travail, l'énergie et le charme. Elle n'est jamais bouffeuse de micro. Avant, quand je faisais des grands événements sur d'autres chaînes (TF1, NDLR), on devait calibrer le temps de parole de chacun. Là, c'est très agréable. On sera en direct un dimanche après-midi, on prépare beaucoup de surprises !

Karl Lagarfeld sera-t-il de retour ?

Je ne sais pas mais, en tout cas, on lui a demandé.

"TF1 ne m'a pas fait d'appel du pied, je suis quelqu'un de très fidèle, je n'ai aucune intention de quitter France Télévisions"

Depuis quelques années maintenant, on observe une véritable inversion de tendance : alors que les grands événements étaient majoritairement suivis sur TF1, c'est France 2 qui réalise les plus fortes audiences.

Il faut noter que ce n'est pas forcément lié aux événements royaux. Mais c'est vrai que les mariages royaux ont permis à France 2 de distancer TF1 de dix points. J'attribue ça à une vraie compétence de la rédaction et à une légitimité reconnue. Et puis il y avait un climat entre Marie Drucker et moi qui était plus favorable qu'aux querelles d'ego – m'a-t-on dit – chez eux. Par exemple à Monaco, ils ont misé sur un événement people, au détriment de tous les aspects historiques. Ca ne peut pas marcher, les gens préfèrent l'original à la copie.

TF1 est venu vous voir après ces résultats ?

Oui, j'ai dîné avec Nonce Paolini. Mais TF1 ne m'a pas fait d'appel du pied, je suis quelqu'un de très fidèle, je n'ai aucune intention de quitter France Télévisions. Il faut vraiment que ça se passe mal pour que je parte.

Vous partagez l'analyse selon laquelle TF1 a perdu son statut de chaîne événementielle au profit de France 2 ?

Je ne sais pas si on peut le dire de manière générale. La seule chose que j'observe, c'est que TF1 a une stratégie qui m'échappe parfois qui est de mettre beaucoup de culture américaine. Je trouve logique que le différentiel entre les deux JT de 20 Heures se réduise. David Pujadas et Laurent Delahousse font de très bons journaux. Ce que j'observe de l'intérieur aussi, c'est que quand on prépare un jubilé par exemple, toute la chaîne se mobilise, aussi bien aux programmes qu'à la rédaction. On ne nous traite pas par-dessus la jambe. Quand j'étais à TF1, c'était à l'époque où Charles Villeneuve et Jean-Claude Narcy se tiraient dans les pattes donc j'essayais de tirer mon épingle du jeu. Mais je ne regrette rien vous savez. J'ai appris mon métier à TF1. Il ne faut pas insulter l'avenir mais surtout ne pas insulter le passé. J'ai fait "Sagas", tous les événements royaux...

"Je n'aime pas qu'on vulgarise l'histoire, ce que j'aime, c'est la rendre populaire"

Autre actualité : cet été vous reprendrez "Secrets d'histoire" en prime time. Au vu du succès de l'été dernier, l'émission reviendra-t-elle pour davantage de numéros ?

Oui, on va passer de cinq à dix numéros cet été. Pour cette nouvelle salve, on a essayé de mélanger des sujets très français et des sujets plus internationaux. On va notamment faire une soirée consacrée à Victor Hugo et une autre sur la reine d'Angleterre. Je suis vraiment très heureux du succès de cette émission parce que les sujets proposés ne sont pas forcément connus, comme les émissions consacrées à Anne d'Autriche ou Catherine Médicis. Chaque fois, on a réuni entre 4 et 4,5 millions de téléspectateurs. Cette émission, c'est tout ce que j'aime : je n'aime pas l'idée qu'on vulgarise l'histoire, ce que j'aime, c'est la rendre accessible à tous, la rendre populaire, tout en étant très rigoureux sur le fond.

En juin, vous animerez un autre prime time : "Le village préféré des Français", la suite de "La maison préférée des Français".

Exactement. On va s'intéresser aux patrimoines de nos villages, mais aussi à leur joliesse, leur charme en quelque sorte. On est en train de faire la sélection, puis un classement va être élaboré grâce au résultat d'une enquête d'opinion réalisée par un institut de sondage. Je ferai mes plateaux depuis cinq à six villages.

"Le mot culture n'est pas grossier, ça ne doit pas faire fuir les gens"

Enfin, selon nos informations, la saison prochaine, vous serez aux commandes d'un magazine hebdomadaire programmé en deuxième partie de soirée, une émission qui mêlera divertissement et culture. Plusieurs producteurs travaillent sur un tel projet...

Exactement. C'est ce que j'ai toujours fait. A la radio, j'anime un divertissement et je parle culture. Le mot culture n'est pas grossier, ça ne doit pas faire fuir les gens. Dans les esprits, ce mot manque de générosité parce que souvent, les animateurs des émissions culturelles veulent paraître plus cultivés que leurs invités. Je ne parle de personne en particulier, ce sont souvent les concepts qui sont en cause. Les émissions avec les chroniqueurs par exemple, c'est horrible ! Il faut arrêter.

Soutenez-vous officiellement l'un des projets ?
Oui, je soutiens officiellement le projet de Thierry Ardisson et de Stéphane Simon.

"On ne m'a fixé qu'un objectif à RTL, celui d'être leader"

En septembre dernier, vous êtes arrivé à RTL après onze années passées à France Inter. Les sondages montrent que la reconquête de vos anciens auditeurs est difficile...

On ne m'a fixé qu'un objectif à RTL, celui d'être leader. C'est le cas. On a récupéré pas mal d'auditeurs mais d'autres n'ont pas suivi. Pourquoi ? Parce qu'ils n'aiment pas la pub ! Mais ils nous écoutent en podcast. Je savais que ça serait difficile mais j'avais envie de le faire, notamment parce que j'avais envie de me lancer dans un nouveau défi en m'adressant à un nouveau public, à un public plus populaire qu'à France Inter. J'ai adoré les onze années passées à France Inter donc je ne vais pas dénigrer ces années-là. Mais je vois qu'à RTL c'est plus facile, je travaille avec des gens qui m'apprécient.

Depuis plusieurs années, RTL ou Europe 1 vous faisaient des appels du pied. Pourquoi avoir dit oui cette fois-ci ?

Il y avait de la lassitude. J'aurai pu partir quand Didier Porte a été licencié mais ça aurait ajouté du drame au drame. Je ne voulais pas que Jean-Luc Hees et Philippe Val (patrons de la radio publique, NDLR) le prennent comme une gifle personnelle parce que je leur dois beaucoup. Et Christopher Baldelli, le patron de RTL, a eu des arguments intelligents. Il ne m'a pas proposé de prendre la place de quelqu'un ou de prendre la succession de quelqu'un, il m'a proposé de venir animer un véritable rendez-vous à 11h dans une case dédiée aux jeux pendant plus de 30 ans.

C'est moins politisé à RTL ?

Oui, on peut le dire. Je reconnais que c'est aussi une chose qui m'agaçait cet état d'esprit un peu formaté des producteurs du service public. Je ne dis par pour qui je vote. Je n'ai pas de leçon de morale ou de politique à donner. Qui suis-je ? Soyons un peu modeste.

Certains de vos anciens complices, comme Didier Porte, vous ont rejoint sur RTL. Pas Stéphane Guillon. Vos rapports se sont détériorés ?

Oui. Il a beaucoup de talent mais il a du mal à oublier, à tourner la page. Pourtant, c'est moi qui l'ai fait venir à France Inter. Les animateurs passent et les chaînes restent. Il faut arrêter de se prendre pour des stars.

Stéphane Bern sur puremedias.com

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