Virgin Radio : "Si on fait un NRJ bis, ça ne marchera pas !"

Alors que Virgin Radio est une nouvelle fois sanctionnée par la dernière enquête Médiamétrie - l'audience de la station a reculé de 15% entre fin 2010 et fin 2009 -, la filiale du groupe Lagardère est critiquée par de nombreux internautes pour son repositionnement sur les hits. Entretien avec Jean Isnard, directeur des programmes.

Comment réagissez-vous à la vague d'audiences Médiamétrie publiée ce matin, qui traduit une chute de 15% de l'audience de Virgin Radio ?

C'est assez simple, on a changé complètement Virgin Radio, la mutation a démarré en novembre. Quand on change de format, on a d'abord une perte et après un gain de nouveaux auditeurs. Je m'y attendais, c'est normal.

Pourquoi avoir choisi de repositionner Virgin sur les « hits » ?
La consommation de la musique sur les 20-34 ans est une consommation très rapide grâce et à cause d'Internet. On avait une convention qui ne nous permettait pas de suivre ce marché, notre convention nous obligeait à passer 30% de titres gold de plus de trois ans. Le pop rock est assez segmentant, il fallait ouvrir notre format musical à d'autres univers musicaux. On a une forte distribution, une marque commerciale qui est Virgin Radio. On continue à découvrir des talents, on continue à diffuser des titres majoritairement pop rock mais on insère un autre format.

NRJ, numéro un des musicales, conteste ce changement de convention...
J'essaye dans mon coin de progresser. Avec NRJ c'est toujours pareil, ils ont l'impression que les artistes leurs appartiennent. Mais si on fait un NRJ bis, ça ne marchera pas ! L'idée c'est de garder nos fondamentaux mais d'ouvrir notre culture musicale.

Sur Internet, on a critiqué ce changement de format...
C'est normal, je comprends que certains auditeurs soient déçus. Nous, on a 2 millions d'auditeurs, s'il y a un groupe Facebook avec 2..000 mécontents, ça peut arriver, c'est normal. On doit satisfaire un nombre important d'auditeurs pour avoir des revenus publicitaires.

Les producteurs musicaux aussi ne semblent pas enchantés par ce changement de format...
Je ne pense pas, je n'ai pas de plainte des producteurs. J'ai fait le tour des labels pour expliquer ces changements. Ce qui leur plait, c'est qu'on passe moins de vieux titres, que l'exposition des titres soit accélérée. Les labels sont intéressés pour qu'il y ait une exposition au même moment très rapide et très puissante du titre de leurs artistes. Virgin a aidé beaucoup de jeunes talents comme Ben l'oncle soul ou Zaz et on va continuer à le faire. Le coeur de notre métier, c'est d'aider les artistes puis après de récolter leur succès avec eux. Aujourd'hui, des choses démarrent sur le net et la radio devient un porte-voix pour les diffuser au plus grand nombre.

Où en est votre modification de convention auprès du CSA ?
C'est effectif, on ne peut pas être hors la loi.

Outre le repositionnement, quels réaménagements de grille sont prévus ?
Pour l'instant, on a un morning qu'on conserve. La matinale est plutôt stable. En renforçant la musique qui passe, on va la renforcer instantanément. On conserve aussi la tranche avec Camille Combal l'après-midi, on va garder cette grille jusqu'à l'été.

Le slogan d'Europe 2 à l'époque, ex-Virgin était « Un max de tubes ». C'est un retour aux sources le nouveau format de Virgin Radio ?
Cette formule a très bien fonctionné, c'est un des records d'Europe 2 à l'époque, elle a été arrêtée pour des problèmes de convention. Moi je n'ai aucun état d'âme à refaire des choses qui fonctionnent. On est pas à la même époque, le marché n'est pas le même. Cette formule a fonctionné, est-ce qu'elle fonctionnera à nouveau ? Je pense que oui.