C'est un drôle de signal envoyé hier par une vingtaine de députés UMP. Membres du collectif de la « Droite Populaire », ils ont reçu à l'Assemblée Nationale Eric Zemmour, récemment condamné pour ses propos sur « les Noirs et les Arabes », afin de lui manifester leur « soutien » et leur « sympathie ».
« Au pays des chansonniers qui jouissaient d'une grande liberté de ton, je trouve dramatique que le politiquement correct soit en train de gagner du terrain partout » a expliqué Marie-Louise Fort membre de ce collectif. Et cette invitation n'est pas la dernière, le chroniqueur est convié aujourd'hui à un débat sur le « trop-plein de normes » organisé par le club des réformateurs du secrétaire général adjoint du parti présidentiel, Hervé Novelli.
Tollé
Dans les rangs de la majorité, cette invitation ne fait pas l'unanimité. L’avocat Arno Klarsfeld, réputé proche de Nicolas Sarkozy, estime cette démarche « scandaleuse ». « J’ai l’impression qu’on assiste à une dérive droitière de l’UMP. Et cette invitation faite à Eric Zemmour en est le pinacle (...) S'il avait dit la même chose sur la communauté juive, il aurait été exclu de RTL, de France Télévisions et certainement pas invité à un débat à l’UMP » a-t-il expliqué hier soir sur Europe 1.
L'association SOS Racisme s'en est aussi émue dans un communiqué : « L'UMP envoie un signal manifeste : la condamnation d'Eric Zemmour est infondée et la pensée raciste ne doit pas être interdite dans notre pays ». Mehdi Ouraoui et Pascale Boistard, sécrétaires nationaux du PS signent ce matin une tribune sur Rue89.com dans laquelle ils dénoncent l'attitude du parti présidentiel, « une très lourde faute ». « C'est toujours à regret qu'en démocratie, on sanctionne un éditorialiste, mais la République a des règles et, en l'espèce, le tribunal a jugé qu'Eric Zemmour avait franchi la limite de la liberté d'expression pour être dans l'incitation à la discrimination raciale. Dans notre République, le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit » écrivent-ils.
Depuis sa condamnation, Eric Zemmour n'a pas été inquiété par ses différents employeurs, qui l'ont maintenu à son poste. « C'est seulement à la fin de la saison que le sort du chroniqueur sera scellé » croit savoir L'Express aujourd'hui.