La disparition d'un grand metteur en scène. Comme l'a annoncé le quotidien "La Croix" en début d'après-midi, suivi sur Twitter par l'institut Lumière qu'il présidait, Bertrand Tavernier s'est éteint aujourd'hui à l'âge de 79 ans alors qu'il se trouvait dans le Var, à Sainte-Maxime, le fief de sa famille. Ayant une trentaine de films à son actif, ce natif de Lyon a signé des longs métrages marquants tels que "Le juge et l'assassin" avec Philippe Noiret en 1976, un de ses acteurs fétiches. Dans sa filmographie figure aussi en bonne place "Un dimanche à la campagne", sorti près de dix ans plus tard avec Louis Ducreux ou, ces dernières années, "La princesse de Montpensier" et "Quai d'Orsay", projeté en 2013.
Un premier film tourné dans sa ville natale
Dans une première vie, Bertrand Tavernier fut l'assistant réalisateur de Claude Sautet et de Jean-Pierre Melville, avant de devenir attaché de presse. Il a sauté le pas de la réalisation en 1973 avec son premier long-métrage, "L'horloger de Saint-Paul" tourné dans sa ville natale, avec Philippe Noiret. Ce passionné au fort caractère a permis de révéler au grand public des talents tels que Sabine Azéma, Charlotte Kady ou Jacques Gamblin.
Cinéaste engagé, l'homme a dénoncé le racisme et le colonialisme dans "Coup de torchon" en 1981 ou la misère sociale dans "Ca commence aujourd'hui" en 1999.
Son film américano-français "Autour de minuit", lui avait valu en 1987 l'Oscar de la meilleure musique. Le metteur en scène a signé aussi en 2009 "Dans la brume électrique", avec Tommy Lee Jones. En 1997, "Capitaine Conan" avait permis à Bertrand Tavernier de recevoir le César du meilleur réalisateur. Régulièrement nommé pour cette cérémonie qui récompense le meilleur du cinéma français, il l'avait été pour la dernière fois en 2017. Cette année-là, le professionnel avait été en lice pour recevoir le César du meilleur documentaire pour "Voyage à travers le cinéma français" qui, peu après, avait été décliné sous la forme d'une riche série documentaire pour France 5.
Avec son pouse Sarah, ses enfants Nils et Tiffany et ses petits-enfants, l'Institut Lumire et Thierry Frmaux ont la tristesse et la douleur de vous faire part de la disparition, ce jour, de Bertrand Tavernier. pic.twitter.com/apVuXzYgmS
— Institut Lumire (@InstitutLumiere) March 25, 2021
"La mort en direct", le cynisme de la télévision pointé du doigt
Près de quarante ans plus tôt, Bertrand Tavernier avait signé un film se déroulant dans l'univers de la télévision, "La mort en direct", avec Romy Schneider. L'actrice y incarnait une femme mourante filmée à son insu pour les besoins d'une émission.
Bertrand Tavernier était le père de deux enfants, Nils et Tiffany. Tous deux ont suivi ses pas : l'aîné est devenu réalisateur et acteur, tandis que sa cadette est scénariste et écrivaine.
Sur Twitter, l'ancien président du festival de Cannes Gilles Jacob lui a rendu hommage en ces termes : "Bertrand Tavernier est parti. Le cinéma français le pleure. Le cinéaste, le cinéphile, la mémoire, tout concourait à l'exercice d'un art auquel il a dédié sa vie. Il ne nous racontera plus ses histoires avec cette percutante force de conviction qui en faisait un auteur si précieux".
