Interview
JoeyStarr, héros du "Remplaçant" sur TF1 : "Je pourrais jouer un pilote de ligne borgne, transgenre ou unijambiste"
Publié le 27 mai 2024 à 10:04
Par Laura Bruneau | Journaliste
Laura Bruneau se passionne très tôt pour le petit écran et c’est devant Des Chiffres et Des Lettres qu’elle apprend à lire. La fièvre des jeux ne la quitte plus : plus tard elle participe à Slam ou Questions pour un Champion. Elle aime aussi les séries - les franchises de Dick Wolf, voyageant jusqu’à Chicago sur les traces de Chicago Fire.
"Le Remplaçant" revient sur TF1 avec de nouveaux épisodes. Son interprète principal, JoeyStarr, a répondu aux questions de puremedias.com.
Bande-annonce de la saison 2 du "Remplaçant", sur TF1, avec JoeyStarr et Clémentine Célarié © Christophe Brachet / Blackdynamite / TF1
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La série "Le Remplaçant" est de retour ce lundi 27 mai sur TF1 pour une deuxième saison, composée de 6 épisodes. Une saison où tout change : exit Paris, place au Sud-Ouest. "Le Remplaçant", Nicolas Valeyre, est muté dans un lycée professionnel dirigé par une main de fer par la proviseure incarnée par Clémentine Célarié. Seul Antoine Maclou, joué par Sébastien Chassagne, est rescapé de la première saison. JoeyStarr évoque cette série et sa carrière pour puremedias.com.

Propos recueillis par Laura Bruneau

puremedias.com : Vous êtes à l'origine de la création du "Remplaçant", à quel point avez-vous été impliqué dans le processus créatif de cette fiction ?
JoeyStarr : Au départ, je ne pensais pas que ce projet allait se monter, parce que le jour où ça s'est fait, je tournais un autre truc, et mon agent me dit : "il y a des gens qui veulent te voir dans la journée, ils ont un projet de série à te proposer". Ce qu'on m'a proposé c'était un thriller un peu classique et ça ne m'intéressait pas trop. Je leur ai juste dit : "on ne pourrait pas faire des choses un peu plus ancrées dans la réalité." J'ai rebondi sur un fait d'actualité du moment qui était : l'Education Nationale recrute parce qu'ils sont en manque de personnel. Il y avait un témoignage d'une jeune fille dans le 93 qui expliquait qu'elle avait le bac à la fin de l'année, qu'au premier trimestre elle n'avait pas eu de cours d'anglais et qu'au deuxième trimestre c'était une ancienne institutrice anglaise qui enseignait le français en Angleterre qui avait pris le relais et que tout ceci se faisait sous couvert de, pour pouvoir intégrer le temple du savoir, il fallait avoir le bac et un petit cursus, très léger, et ça m'avait interpellé Je leur ai dit que c'était un truc intéressant, on pouvait avoir un personnage qui arrive de nulle part, qui a son bac et qui pourrait être, je leur avait dit ça comme ça à l'époque, un genre de Mel Gibson dans "L'Arme fatale" mais dans le milieu scolaire. J'ai eu une fulgurance. Je ne pensais pas les revoir. Ils sont revenus vers moi 5 ou 6 mois plus tard en me disant : l'idée est super bonne, ça nous intéresse, on développe. J'ai dit ok, je veux en faire partie. Voilà comment c'est né.

Aujourd'hui, on sent que vous êtes encore impliqué dans l'écriture. Dans certaines répliques de Nicolas Valeyre, on devine que ce sont des mots que vous pourriez avoir...
Oui, il y a mon empreinte, c'est sûr. On a enfin trouvé une vraie équipe. Je pense qu'avant on se cherchait pas mal. Là, par le biais de Stéphanie [Murat, la réalisatrice], on a trouvé la direction qu'on voulait. Ce que je dis, c'est qu'il faut vraiment casser l'aura parisienne de cette série. La France est d'une composante assez large pour qu'on puisse avoir plein d'histoires à raconter.

"J'arrive de l'école Nique Ta Mère et aujourd'hui je fais des programmes pour la ménagère" JoeyStarr ("Le Remplaçant")

Le pilote avait cartonné avec 7 millions de téléspectateurs. Il y avait eu moins de public sur les épisodes suivants. Vous prêtez attention aux audiences ?
Pas vraiment. Ce qui me fait rire doucement c'est que moi j'arrive de l'école Nique Ta Mère et aujourd'hui je fais des programmes pour la ménagère, qui fonctionnent en plus. C'est plutôt ça que je vois. La société est grinçante et c'est plutôt un programme sain. On n'est pas là pour faire la leçon à qui que ce soit, mais pour raconter qu'on peut faire bouger les choses, en essayant justement de se caler sur l'époque, où les jeunes consomment beaucoup plus et beaucoup plus vite.

Quand vous avez commencé, avec NTM, le rap était dévalué dans les médias. On a parlé de vous aussi dans les faits divers. Aujourd'hui, vous êtes devenu un comédien incontournable de la télé, vous divertissez les ménagères. C'est une belle revanche ?
Revanche, non, je ne suis pas revanchard. Je ne vis pas dans l'oeil de l'autre. C'est surtout à moi que ça enseigne plein de choses. Je joue, je participe à l'écriture, je développe ma fibre artistique, je la découvre encore aujourd'hui, ça me plaît à mort.

Votre personnage Nicolas Valeyre cite de grands auteurs. JP, votre personnage dans la série "Machine" sur Arte citait, lui, Marx. Pour vous c'est important de transmettre leurs mots à une heure de grande écoute à la télé ?
Énormément. En général, dans tout ce que je fais, c'est important. Les mots ont changé ma vie. J'ai arrêté l'école après la troisième, j'ai redécouvert le français au travers de mon vécu, je suis encore en construction là-dessus, en ayant des enfants en plus, c'est plus comme ça que je vois les choses.

C'est important que la culture soit mise en avant à la télé ?
Que la culture soit mise en avant, bien sûr. Avec la culture on peut accepter et comprendre pas mal de choses, sur le mécanisme de notre société.

"Notre but c'est d'upgrader la série, d'essayer de se fixer au réel le plus possible" JoeyStarr ("Le Remplaçant")

Vous êtes musicien mais vous ne signez pas la BO de la série...
Parce que je n'y suis pas en tant que musicien, je ne cherche pas à être partout. En ce moment, je suis sur un projet de film d'animation fait par des Guadeloupéens, là j'essaie de placer un peu de musique. Sur "Le Remplaçant", j'ai placé Cut Killer [qui signe le nouveau générique, un remix des "Cactus" de Dutronc], ça fait partie de mon essence aussi.

Vous avez commencé sur TF1 avec "La Main du Mal" en 2016. Après il y a eu aussi "Gloria". Quels sont vos rapports avec la chaîne aujourd'hui ?
Ils sont plutôt sains en fait vu qu'on a remis ça. Je commence à comprendre comment ça fonctionne. Ils me permettent de bien m'entourer, je dis ça pour Stéphanie [Murat], Sébastien Chassagne, Clémentine [Célarié] et de faire les choses comme il se doit. Nous, notre but c'est d'upgrader la série, d'essayer de se fixer au réel le plus possible, même si on tangue sur la comédie parce qu'il en faut aussi. On n'était pas parti pour faire un programme noir.

Etre héros sur TF1, est-ce que ça implique parfois de vous restreindre dans certains dialogues ?
Je fais beaucoup de propositions, je ne me restreins pas du tout car je connais le personnage. On tente toujours un peu.

Qu'est-ce qu'un projet doit avoir pour que vous acceptiez le rôle ?
A la lecture, il faut que ça ait de l'épaisseur, quel que soit le style, que ce soit de la comédie ou autre . Quand on est comédien, on attend tous ce projet où on va pouvoir s'abandonner. C'est le graal un rôle où on s'abandonne et qui nous subjugue une fois que tout est monté, tout est en place.

"Je pourrais jouer un pilote de ligne borgne, transgenre ou unijambiste" JoeyStarr ("Le Remplaçant")

Récemment, il y a eu plusieurs séries sur le rap, comme "Validé" ou "Le monde de demain", qui ont fonctionné. Est-ce qu'on pourrait vous retrouver en tant que comédien sur ce registre ?
Oui. Moi je vais vers des histoires qui me parlent, qui m'émeuvent. Je pourrais jouer un pilote de ligne borgne, transgenre ou unijambiste.

Est-ce que vous pourriez passer à la réalisation ?
Je suis trop fainéant pour ça, je ne suis pas assez constant. J'ai monté une pièce avec David Bobée en tant que metteur en scène, je pense que je suis à mon max. Faire ce qu'a fait Stéphanie pendant trois mois, c'est trop vertigineux pour moi. Peut-être un court-métrage. J'ai déjà réalisé des clips. J'ai suivi Clarisse Fontaine en mise en scène pendant trois ans, mais ça n'était pas la même dynamique que monter toute une saison. Je serai incapable de le faire, j'ai même envie de simuler un AVC quand vous m'en parlez.

Mediawan, qui produit "Le Remplaçant", produit aussi "Nouvelle Ecole" pour Netflix. C'est quelque-chose qui vous a été proposé ?
Non. Mais je sais qu'ils sont touche-à-tout, c'est ce qui les rend intéressants justement.

On vous a connu aussi comme membre du jury de "Nouvelle Star". Est-ce qu'un jour on pourrait vous revoir dans ce rôle ?
J'ai fait ça une fois, c'est bon. J'ai essayé, ça va.

Au départ je n'avais aucune velléité pour être comédien JoeyStarr ("Le Remplaçant")

En préparant cette interview, on m'a mise au fait que vous aviez du mal à tenir en place 20 minutes pour parler posément. Comment vous faites pour travailler sur un tournage où il peut y avoir une certaine lenteur ?
On est une équipe. Mes journées sont longues, je suis dans l'hyperactivité, je compose avec mes contemporains. Il faut que ça se passe bien, on n'est pas à l'usine.

Si en 1989, quand vous formez Suprême NTM, on vous avait dit que vous seriez héros d'une fiction sur TF1 ou sur Arte, vous y auriez cru ?
J'aurais bien ri. Quand on signe en s'appelant Nique Ta Mère, c'est pas pour faire carrière au départ, c'est quelque chose d'hormonal. J'étais, et encore aujourd'hui, je suis bien en spectateur. J'ai la chance d'avoir des gens qui convergent vers moi, j'appelle ça des doux dingues, qui m'emmènent sur de beaux projets, mais au départ je n'avais aucune velléité pour être comédien ou acteur.

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