La direction de l'hebdomadaire dénonce une atteinte à la liberté d'informer. Ce matin, sur le site de "L'Obs", la reporter du journal, Emmanuelle Anizon, raconte comment elle a été hier verbalisée par les forces de l'ordre alors qu'elle suivait des Gilets jaunes pour un article sur le vote anti-Macron.
Verbalisée pour "participation à une manifestation illégale"
La journaliste explique avoir rejoint hier à 18h "six ou sept" Gilets jaunes dans un café, près de la place de la Madeleine, à Paris, afin de connaître leur stratégie de vote et leurs attentes du scrutin du premier tour. Vers 19h30, les interviewés ont quitté l'établissement et ont été interpellés par "une trentaine de policiers", "vêtus de noirs", "casqués", pour un contrôle d'identité, raconte Emmanuelle Anizon. Cette dernière souligne avoir présenté sa carte de presse : "On vous laisse travailler tranquille, quand on est journaliste, en tout cas dans un contexte calme comme celui-ci, où rien ne menace apparemment l'ordre public".
Les forces de l'ordre ont ensuite réclamé une pièce d'identité à la reporter de "L'Obs" et lui ont indiqué qu'elles comptaient la verbaliser pour "participation à une manifestation illégale". Emmanuelle Anizon a répété qu'elle travaillait et qu'il s'agissait d'un malentendu, expliquant aux policiers le sujet de son article. "Le policier continue ostensiblement à noter mon adresse, à laquelle il compte manifestement envoyer cette amende de 135 euros", écrit-elle.
"Elle me menace de m'envoyer au poste"
Sur Twitter, le compte "Opérations Spéciales Gilets Jaunes" a diffusé ce matin la vidéo de l'altercation entre la journaliste et un policier. "Je suis bousculée par les policiers, qui me plaquent contre le mur, l'un d'eux me maintient par le bras, durement. Une policière me demande de lui rendre mon permis de conduire, je refuse. Elle me menace de m'envoyer au poste. Finalement, elle abandonne l'idée. Je suis ramenée dans la nasse, avec les autres". "Verbalisée, un soir de premier tour d'élection, parce que je faisais mon métier de journaliste", ajoute-t-elle amèrement dans son article.
Emmanuelle Anizon, grand reporter, est verbalise et malmene par la police aprs un entretien avec des #GiletsJaunes le soir de la #Presidentielle2022 pic.twitter.com/DQ2ghoRR9U
— Oprations Spciales GJ (@OSGiletsJaunes) April 11, 2022
Après la publication de l'article ce matin, "L'Obs" a ajouté un paragraphe expliquant avoir été appelé par la préfecture de police de Paris "pour s'excuser" et "dire qu'il n'y aurait pas de verbalisation". "En ajoutant que c'était parce que la carte de presse présentée n'était pas de format classique". Une affirmation fausse selon la direction de "L'Obs" qui "condamne ces entraves à la liberté d'informer".