

Un nouveau chapitre de l'histoire de l'Eglise catholique se referme. Après le décès de Benoît XVI le 31 décembre 2022, son successeur François a, à son tour, rendu son dernier souffle, ce lundi 21 avril 2025, à l'âge de 88 ans. "Ce matin à 7 h 35, l’évêque de Rome, François, est revenu à la maison du Père. Toute sa vie a été consacrée au service du Seigneur et de son Église", a annoncé le cardinal camerlingue Kevin Farrell, dans un communiqué publié par le Vatican sur sa chaîne Telegram. La veille, le pontife argentin s'était présenté très affaibli lors d’un bain de foule surprise place Saint-Pierre, auprès de milliers de fidèles réunis pour célébrer Pâques. Sa santé avait décliné ces derniers mois ; le 23 mars dernier, il était sorti de l'hôpital après avoir été interné pendant 38 jours pour une pneumonie bilatérale, sa quatrième et plus longue hospitalisation depuis le début du pontificat en 2013.
Malgré des problèmes de hanche, douleurs au genou et autres infections respiratoires, Jorge Mario Bergoglio, né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, souhaitait maintenir ce rythme effréné (il s'était rendu à Marseille en septembre 2023), en dépit des avertissements de ses médecins. Il se déplaçait donc en fauteuil roulant et s'est éteint à Rome, dans la vie éternelle, comme il le souhaitait. Pour de nombreux chrétiens, il restera comme le défenseur des exclus, infatigable pourfendeur des inégalités. Au moment de lui rendre hommage, Emmanuel Macron l'a d'ailleurs qualifié comme tel. "J'adresse mes condoléances les plus sincères à l’ensemble des catholiques du monde entier", a déclaré le chef d'Etat français depuis Mayotte. "Il a été tout au long de son pontificat auprès des plus vulnérables, des plus fragiles (…) Tout au long de sa vie, il s’est battu pour plus de justice." Premier pape jésuite et latino-américain, il aura profondément marqué l’Église catholique et son époque.
En commençant son pontificat en 2013, l'homme de foi est quasiment un inconnu en dehors de son pays, n'ayant jamais occupé de poste à la Curie qu'il n'appréciait d'ailleurs guère. Mais il révèle très vite sa nature profonde en se rangeant du côté des déshérités. En quelques mois, François, le nom qu’il s’est attribué en référence à saint François d’Assise, a envoyé valser l'étiquette papale, se montrant proche des gens et cartonnant vite à l'audimat. Élu personnalité de l’année 2013 par le Time, il se fait également des ennemis, notamment chez les plus conservateurs, en raison de sa volonté d'ouvrir l'Eglise sur le monde et de venir en aide aux miséreux.
Le successeur de Benoît XVI s'inscrivait en revanche dans une ligne plus traditionnelle lorsqu'il s'agit de se positionner sur des sujets de société tels que l'homosexualité ou le mariage des prêtres. En 2023, tout en affirmant que criminaliser l'homosexualité est un "tort", il insiste sur le fait qu'il s'agit d'un "péché". La même année, sur la question du célibat des prêtres, il souffle aussi le chaud et le froid en déclarant "ne pas être prêt" à revoir cette obligation. Puis d'ajouter: "Nous verrons que le moment viendra où un pape, peut-être, le reverra." Sa vie aura été jalonnée d'hospitalisations à répétition, la première à l'âge de 21 ans après qu'une grave pneumonie entraîne l'ablation partielle de l'un de ses poumons. Mais ses graves ennuis de santé ne l'empêchaient pas de continuer à parcourir la planète pour aller à la rencontre de chefs d'État et des catholiques du monde entier. Pourtant, le pape lui-même ne pensait pas être le visage de l'Église catholique pendant une si longue période de temps. "Deux ou trois ans. Et puis, à la Maison du Père!", avait-il même lancé dès 2014 sur le ton de la boutade face aux journalistes. Dès demain commenceront les Novemdiales, 9 jours de prières et de messes au Vatican et dans l'Église pour le pape défunt.