Trente ans. Depuis trois décennies, Arthur est l'un des visages incontournables du PAF français. Après s'être confié sur le lancement de "The Wheel" sur TF1 vendredi et après avoir évoqué sa carrière d'animateur sur la première chaîne de France, l'animateur-producteur qu'on ne présente plus accepte de revenir pour puremedias.com sur les grandes tendances du marché et sa casquette de producteur à travers son entreprise "Satisfaction". Entretien.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
Puremédias : "The Wheel", "Star Academy", "Love Island"... Depuis plusieurs mois, les anonymes sont de retour en force à la télévision. Est-ce une tendance de fond, selon vous ?
Arhur : J'ai l'impression. La télévision est cyclique. Pour moi, la vraie tendance du moment, c'est le retour en force du jeu et du jeu nostalgique. Et notamment en prime-time. On le voit avec tous les jeux qui ont été lancés ces derniers mois ("100% logique", "Le grand quiz", ndlr). Ce retour de la nostalgie, ça m'arrange car nous avons dans notre catalogue chez Satisfaction (sa société de production, ndlr) les jeux plus puissants ("La roue de la fortune", "Tournez manège", "Qui veut gagner des millions ?", "Jeopardy", ndlr) . On les a tous et c'est la grande grande tendance du moment. Donc, tant mieux pour nous.
On dit que la télévision innove de moins en moins. Que répondez-vous à cela ?
J'ai l'impression que les pays sont attentistes. Il n'y a plus vraiment de tendance en fait. La véritable évolution en France, c'est l'essoufflement des séries américaines et donc le besoin pour les chaînes de les remplacer par du flux. Le jeu, c'est du flux qui coûte moins cher que du gros divertissement. "The Voice" ou "Vendredi tout est permis" en prime, ça coûte moins cher qu'un unitaire comme "The Wheel" ou qu'un "Grand concours des animateurs". Ces programmes permettent de compenser le départ des séries US en ouvrant des cases au même tarif.
Justement, cette année, vous avez multiplié les collaborations internationales. Pourquoi ?
Le marché français est petit. La France est un beau pays mais ça reste un petit pays avec très peu de chaînes. Les guichets sont restreints quand vous êtes producteurs. Vous avez TF1, le service public et M6. On fait le plein de parts de marché mais on se partage le gâteau à plusieurs. Aujourd'hui, on a des ambitions européennes d'où notre association avec Elisabeth Murdoch, James Corden et d'autres qu'on annoncera bientôt dans d'autres pays comme l'Italie, l'Espagne, des petits scandinaves et j'espère les Etats-Unis. Satisfaction est une "boutique production", on n'est pas le mastodonte Banijay mais on existe quand même et nos formats se vendent dans le monde entier. On est toujours le premier exportateur de formats français dans le monde.
Ne pensez qu'à la France aujourd'hui, c'est impossible pour lancer de nouveaux formats ?
C'est difficile de fabriquer un format en ne pensant qu'à la France. Aujourd'hui, quand on travaille un format, on l'imagine en 52 et 120 minutes et même temps en 42 minutes dorénavant. Et puis, c'est aussi difficile d'acheter des formats quand on est "que" la France. Quand vous avez d'énormes productions qui arrivent en disant "j'achète ce format pour 40 pays" et que vous vous arrivez en disant "je viens juste pour parler de la France" c'est compliqué. Ce qui fait qu'on y arrive, c'est qu'on a les animateurs et des accords avec les chaînes. C'est ce qui nous sauve encore.
On dit beaucoup que la télévision a arrêté de vouloir ramener les jeunes devant le petit écran. Qu'en pensez-vous ?
Mes enfants ne regardent plus la télévision. Quand je les écoute, la télé pour eux, c'est Twitch et la SVOD, c'est Youtube. Après, ma petite fille ne ratera pour rien au monde "Mask Singer" et mon petit garçon "Koh-Lanta". Quand le programme les attire, ils y vont. La question c'est de fabriquer des programmes qui puissent à la fois permettre aux plus jeunes et aux plus âgés de regarder. C'est le grand écart qui est hyper dur en ce moment. Il faut aller les chercher là où ils sont, sur le digital, et espérer les ramener vers la télévision. Ou aller travailler là où ils sont sur le digital.
Vous développez des productions pour Twitch par exemple ?
Il y a eu de gros événements sur Twitch : la formule 1 de Squeezie et le match de foot d'Amine. C'est des gros événements pour Twitch mais ce serait des émissions classiques pour une chaîne comme TF1. Maintenant, on a une équipe digitale avec plein de monde. Mais honnêtement, à mon âge,... On a une équipe qui fait beaucoup de digital mais on est surtout focus plateforme (Amazon Prime Video, Netflix ou Disney+, ndlr). On va là où les gens regardent mais la télé en a encore sous le pied. On le voit, dès qu'un nouveau format arrive, dès qu'il y a un événement, ça marche bien.
Est-ce que Netflix et Amazon sont demandeurs de flux ?
Aujourd'hui, tout le monde est demandeur de flux. Même les plateformes. Il y a un grand retour du flux, parce que ça coûte moins cher, c'est moins long à produire. Dès le début de la grève des auteurs américains, on a reçu des coups de fil de toutes les majors américaines nous demandant ce qu'on pouvait leur livrer très vite. On produit beaucoup pour les américains. On a produit une série documentaire du réel qui s'appelle "Love Trip", c'est le "Emily in Paris" de Disney+. On a créé le format et on l'a produit en France, ils nous ont juste amenés le casting. C'est parti sur Hulu, Fox et Disney+. C'est la vraie tendance. On est en train de lancer un nouveau format qui s'appelle "Mytho" qui va faire le tour du monde. On espère qu'il passera par Paris car je suis censé le présenter en prime-time. Je travaille aussi sur une émission qui s'appelle "Juge Arthur" mais c'est encore un peu tôt pour en parler.
