Malgré l'appel à sa "libération immédiate" lancé par les États-Unis le 10 novembre, la junte birmane a condamné pour dissidence à 11 ans de prison le journaliste américain, Danny Fenster. Le rédacteur en chef du magazine d'investigation, "Frontier Myanmar" était poursuivi pour trois chefs d'accusation : incitation à la dissidence, association illégale, violation de la loi sur l'immigration.
Arrêté en mai
Pour motiver sa condamnation, le tribunal a fourni des éléments du ministère de l'information, entièrement contrôlé par la junte. Ce dernier affirme que Danny Fenster, au moment de son arrestation, travaillait pour un média local, "Myanmar Now", dont la licence a été retirée peu après le coup d'État, a précisé son avocat, rapporte l'AFP.
Danny Fenster avait été arrêté le 24 mai, près de quatre mois après le coup d'État militaire contre l'ancienne dirigeante civile Aung San Suu Kyi, à l'aéroport international de Rangoun alors qu'il tentait de quitter le pays. Le journaliste de 37 ans est retenu depuis au sein de la prison d'Insein, où sont incarcérés de nombreux prisonniers politiques.
"Frontier Myanmar" s'est dit dans un communiqué "profondément déçu", cite l'AFP. "Nous voulons juste qu'il soit libéré le plus rapidement possible afin qu'il puisse rentrer chez lui et retrouver sa famille". "Son maintien en détention est inacceptable. Le journalisme n'est pas un crime", a récemment déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine.
Mis en examen pour terrorisme et sédition
Mais le calvaire du journaliste pourrait perdurer. Dans une procédure distincte, il est également mis en examen pour terrorisme et sédition. Il risque la prison à vie.
Depuis le putsch du 1er février, le régime poursuit une sanglante répression contre ses opposants : plus de 1.250 civils ont été tués et plus de 7.000 sont en détention, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui rapporte des cas de tortures, de viols et d'exécutions extrajudiciaires. Plus de cent journalistes ont, par ailleurs, été arrêtés depuis le putsch, selon Reporting ASEAN, une association de défense des droits, qui relève que trente et un sont toujours en détention.
Mise à jour du mercredi 17 novembre 2021 à 9h30 : Danny Fenster été libéré de prison et gracié en Birmanie où il a passé six mois en détention. Il a pu revenir aux Etats-Unis.
