Cédric Klapisch ("Dix pour cent") : "Beaucoup d'acteurs ont refusé de jouer dans la série"

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Cédric Klapisch ("Dix pour cent") : "Beaucoup d'acteurs ont refusé de jouer dans la série"
Par Benoit Daragon Journaliste
Cédric Klapisch, réalisateur de "Dix pour cent"
Cédric Klapisch, réalisateur de "Dix pour cent" © Christophe BRACHET / FTV
Le réalisateur revient sur la préparation et le tournage de la série "Dix pour cent", dont il a signé deux épisodes.

En signant deux épisodes de la série "Dix pour cent" de France 2, Cédric Klapisch réalise sa première série télévisée. L'occasion pour puremedias.com d'aller rencontrer ce cinéaste qui a marqué toute une génération avec la trilogie "L'Auberge espagnole", "Les Poupées russe" et "Casse-tête chinois". Le réalisateur de "Un air de famille" et de "Ma part du gâteau" semble très content de son expérience dans ce genre qui, outre-Atlantique, a déjà attiré les plus grands noms du cinéma. Il travaille déjà sur un autre projet de série.

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Propos recueillis par Benoît Daragon.

puremedias.com : Comment vous, qui avez écrit les scénarios de tous vos films, êtes arrivé sur le projet "Dix pour cent" ?
Cédric Klapisch : Très simplement ! Dominique Besnehard m'avait parlé de son projet pendant le tournage de "Casse-tête chinois", dans lequel il avait un petit rôle. Quelques mois plus tard, il m'a fait lire deux épisodes. Et il y avait beaucoup de choses qui me plaisaient. Donc je lui ai dit que si je pouvais aider pour l'écriture ou la réalisation, ça m'intéressait ! La question était de savoir comment moi je pouvais m'insérer là-dedans. Mais j'ai vite vu que c'était un travail d'équipe, entre Dominique Besnehard, le producteur, qui amenait pas mal d'idées, idem pour l'autre producteur Harold Valentin et la showrunner Fanny Herrero. Le travail en groupe et le fait de bosser sur une série m'a convaincu.

Vous n'étiez pas juste un technicien !
La question a vite été de savoir qui avait le final cut de la série... Et ils m'ont dit, voici les scénarios, tu as le droit de changer des choses si tu veux, discutons-en ! Et tout s'est fait en groupe.

Concrètement, quel a été votre apport : Les anecdotes ? Les blagues ? La mécanique ? Le rythme ?
Le rythme était déjà dans les textes de Fanny Herrero. Avec son équipe, ils connaissent parfaitement les rouages d'une série télé, et ça se voyait dès l'écriture. La série avait déjà une narration très bien structurée, avec des détails truculents. Ils ont cette vision américaine de l'efficacité d'un récit. Mon apport a surtout été sur la façon de rendre les scènes crédibles pour le spectateur. Quand on écrit pour la comédie, très souvent, on écrit pour l'efficacité d'un effet comique. Et moi, justement, j'ai essayé de mettre plus de réalisme. J'ai donc demandé que les dialogues et les situations soient parfois nuancés pour apporter du réalisme.

Vous avez tourné le premier épisode, celui qui donne le ton et la bible de la réalisation ?
Non, car on n'a pas du tout tourné dans l'ordre ! On a optimisé le temps en tournant à la suite les scènes dans le même lieu et passant chacun notre tour derrière la caméra. Avec les deux autres réalisateurs, on a choisi en amont les techniciens. On a parlé ensemble de la méthodologie et du dispositif de mise en scène à l'avance. Avoir la même équipe technique nous a permis de garder un socle de réalisation en commun. On a aussi trouvé des solutions rapides et légères, pour être efficace et filmer rapidement. Sans le vouloir vraiment, on a écrit ensemble une bible.

"Beaucoup d'acteurs ne voulaient pas faire croire que leur personnage puisse leur ressembler"

C'est vous en personne qui avez convaincu Cécile de France, révélée au grand public dans "L'Auberge Espagnole", et avec qui vous êtes ami, de participer ?
Oui !

Dominique Besnehard vous a aussi embauché pour convaincre des acteurs ?
Ils ne m'ont pas pris pour ça ! Et d'ailleurs, on ne pensait pas qu'autant de gens à qui on a proposé les scénarios allaient décliner. Beaucoup, beaucoup d'acteurs ont refusé de jouer dans la série. Du coup, c'est vrai que Dominique et moi, car nous sommes deux personnes qui connaissons beaucoup les acteurs et qui avons une bonne image auprès d'eux, on a aidé tous les deux à faire venir des acteurs qui étaient un peu réticents.

Pourquoi étaient-ils réticents ?
Ce n'est pas facile de jouer avec son propre nom. Quand on est Line Renaud, il faut assumer de jouer un personnage qui s'appelle Line Renaud et qui est très différent de vous ! Beaucoup d'acteurs ne voulaient pas faire croire que leur personnage dans la série puisse leur ressembler. Et puis il faut de l'auto-dérision. C'est très courant en Angleterre et au Etats-Unis mais pas beaucoup en France... Mais les gens qui ont accepté y sont allés à fond ! Julie Gayet, par exemple. Dieu sait que son statut est particulier en ce moment, et pourtant elle a totalement joué le jeu !

Elle a dit oui tout de suite ?
Oui, oui, oui (il sourit).

Du coup, les scénarios ont évolué au fur et à mesure des refus ?
Oui, pour l'épisode avec Nathalie Baye et Laura Smet, il fallait une mère et sa fille, un père et son fils, deux soeurs, deux frères... Il a été réécrit cinq fois au fur et à mesure des difficultés du casting... Ca a été très difficile mais on a eu de la chance car Dominique Besnehard est très proche de Nathalie Baye !

Et ça vous a plu, ce projet dont vous n'êtes pas à l'origine du scénario ?
Mais une des raisons pour lesquelles j'ai accepté, c'est justement parce que je n'étais pas à l'origine du scénario ! Donc j'étais très content. J'aime bien écrire mais c'est long ! Et là, l'idée était de faire quelque chose très vite, même si j'ai bossé un an en tout sur la série. Ca peut paraître long, mais pour faire six heures de fiction, soit trois long-métrages, c'est peu ! Certes, je signe deux des six épisodes mais j'ai l'impression d'avoir travaillé sur les six ! Cette série, on la partage.

"Je trouve ca bien que les frontières entre cinéma et télévision explosent"

Pourquoi n'avez-vous pas travaillé plus tôt sur des séries ?
J'ai découvert la série de qualité il y a peu de temps. Et il y a encore moins longtemps qu'on peut faire en France la même chose qu'aux Etats-Unis. Le déclic pour moi, ça a été "Six Feet under". C'est la première fois où j'ai été totalement addict à une série et où je me suis dit qu'une série pouvait être plus intéressante que de nombreux films ! Comme dans le cinéma, il y avait de la création dans "Six Feet under".

Et en France, quel a été votre "déclic" ?
"Les Revenants" sur le drame. "Fais pas ci, fais pas ça" sur la comédie. Et le travail d'Éric Rochant (qui a réalisé deux saisons de "Mafiosa", ndlr). Il a ouvert une voie en montrant qu'un réalisateur de cinéma pouvait aller à la télévision et que c'était tout aussi prestigieux. Pour moi, la barrière entre télévision et cinéma s'est levée. Et je ne le pensais pas il y a dix ans encore.

Mais vous n'allez pas faire comme Steven Soderbergh : le cinéma va rester votre activité principale ?
Oui mais je trouve ça bien que les frontières entre cinéma et télévision explosent, pour les acteurs comme pour les réalisateurs. Le fait que Kevin Spacey joue dans "House of Cards", ça donne envie aux acteurs français d'aller voir du côté de la télévision, sans avoir peur d'être catalogué comme un acteur de télévision et avoir peur de voir sa cote baisser. Ciné, télé, pub, théâtre, aujourd'hui un acteur peut tout mélanger car les spectateurs ne font plus la distinction.

Cette série est une satire des coulisses du cinéma français. Ca vous a rappelé des souvenirs ?
Oui, même si ce sont des choses que je n'ai pas vécues personnellement ! Quand Julie Gayet et JoeyStarr jouent deux acteurs qui ne se supportent pas mais doivent jouer un couple, on sait que ça a pu arriver à d'autres réalisateurs ! Ca m'a amusé de raconter ça, par exemple. Tout est inspiré de la réalité, vécue par Dominique Besnehard ou par d'autres ! Idem pour la compétition pour un même rôle entre Line Renaud et Françoise Fabian qui se détestent dans la série. Ce sont des situations qu'on connaît forcement !

"On a fait venir tous les agents de Paris à une projection. Ils ont beaucoup ri !"

Et votre agent, il a aimé la série ?
Je n'ai plus d'agent depuis bien longtemps ! (rires) Mais on a fait venir tous les agents de Paris à une projection. Ils ont beaucoup ri ! Les retours ont été très positifs. Plusieurs m'ont dit qu'ils ne s'étaient jamais rendu compte à quel point leur métier de tous les jours était plus glamour, plus intéressant qu'ils ne le pensaient. Ils gèrent des problèmes qui procurent du stress et n'avaient pas conscience qu'ils pouvaient être matière à fiction. Et franchement, quand dans la série, un agent enchaîne les coups de téléphone et à chaque fois c'est une star de cinéma au téléphone, ce n'est pas de la caricature. C'est leur métier. Et on montre bien qu'ils sont aussi des conseillers artistiques qui aident leurs clients à choisir leurs projets, à gérer les différends avec les réalisateurs. Et puis ce qui leur a plu c'est que c'est une série en faveur des acteurs, qui leur rend hommage. Et je voulais d'ailleurs profiter de cette série pour créer une nouvelle génération de comédiens.

Travailler avec des jeunes acteurs, ça vous poursuit depuis le début de votre carrière !
Oui mais il y a toujours de jeunes acteurs qui arrivent ! Le casting a été un moment formidable car il fallait distribuer 80 rôles, de tous les âges.

La saison 2 est en cours d'écriture ?
Oui ! On ne sait pas encore si la série va marcher. Mais si elle marche et que France 2 lance la production d'une deuxième saison, on n'a pas trop envie qu'elle arrive dans deux ans. On veut pouvoir revenir dès la rentrée prochaine !

"J'ai actuellement un autre projet de série"

Etre showrunner à part entière d'une future série, ça vous tenterait ?
Pour moi, un vrai showrunner dans le sens américain du terme comme Tom Fontana ou Alan Ball, est susceptible de faire le scénario et la mise en scène, voire d'assurer la production en même temps. Mais oui ça me tenterait car j'adore le fait qu'on puisse installer un récit long, avec plus de personnages, plus de complexité dans l'intrigue. J'ai actuellement un projet de série avec Santiago Amigorena, un scénariste avec qui je travaille depuis longtemps. On est au tout début de quelque chose comme ça !

Aujourd'hui, "L'Auberge espagnole" ce serait une série ?
Au niveau de la façon de filer une histoire oui, la trilogie n'est pas très éloignée de la série. Et quand j'ai écrit la suite, j'ai dû m'appuyer sur des pistes inexplorées du premier ! Les scénaristes de "Dix pour cent" font exactement ça en ce moment quand ils écrivent la saison 2 !

Comme dans tous vos films, vous apparaissez dans un plan. Pourquoi ce gimmick ?
Ca a commencé il y a bien longtemps dans mes court-métrages, car ça m'amusait de pouvoir signer mes films comme cela. Et puis c'est devenu un principe, et je trouve ça bien car ça permet de me voir vieillir et de dater mes films. Là, je ne souhaitais pas apparaître mais on cherchait des personnalités du cinéma pour un plan. Et comme personne n'était disponible, à part Gilles Lellouche qui a accepté de venir pour une petite scène, on a pris ce qu'on avait sous la main, c'est-à-dire moi !

Vous n'abandonnez pas totalement le cinéma puisque vous tournez actuellement un film qui s'appelle "Le vin et le vent" ?
Oui je tourne ça en Bourgogne avec Pio Marmaï, Ana Girardot et François Civil ! Ca raconte l'histoire d'une famille de vignerons et de trois jeunes qui reprennent le domaine de leurs parents. C'est un film que j'avais en tête depuis longtemps et je suis content de l'avoir enchaîné avec "Dix pour cent".

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