François Lenglet : "Je n'ai pas envie d'être celui qui a un avis sur tout"

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François Lenglet : "Je n'ai pas envie d'être celui qui a un avis sur tout"
Par Benoit Daragon Journaliste
François Lenglet
François Lenglet © Abaca press pour RTL
Alors que "L'angle éco" revient ce soir, le journaliste de France 2 et RTL est sur puremedias.com.

Ce soir, "L'Angle éco", le magazine économique de France 2 présenté par François Lenglet investit sa nouvelle case de diffusion : le jeudi soir, en deuxième partie de soirée. Au sommaire, un numéro intitulé "Dieu, la valeur qui monte dans l'économie" ! L'occasion de rencontrer le journaliste de France 2 et de RTL et chroniqueur au "Point".

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Propos recueillis par Benoît Daragon.

puremedias.com : Ce soir, vous vous intéresserez à l'irruption du fait religieux dans l'économie. Vous qui vous déguisez souvent dans l'émission, vous avez enfilé une soutane ?
François Lenglet : Non ! (rires) Pour l'émission, je me suis rendu dans des mosquées, des monastères et des églises, etc., mais je n'ai pas marché sur l'eau, rassurez-vous ! On tentera de répondre à plusieurs questions : Pourquoi les marchés du halal et du casher sont en plein boom ? Pourquoi le Vatican est-il si riche ? Et pourquoi les protestants ont-ils inventé le capitalisme ? Pour cela, on va diffuser des enquêtes et des reportages pour lesquels on est allé notamment au Vatican. Après les attentats de novembre, on s'est demandé s'il fallait poursuivre l'émission ou pas... Et puis finalement, on s'est dit qu'il était aussi de notre mission de donner un éclairage à notre manière sur le sujet avec, par exemple, une enquête sur la montée des revendications religieuses sur le lieu de travail.

Parlons d'entrée de la réalisation de "L'Angle éco". Elle est très soignée, avec de jolies images faites par un drone !
Oui, la mission est double : on veut être le plus spectaculaire et le plus qualitatif possible. Pour cela, on a le drone et on filme avec plusieurs caméras en même temps. On a des heures de rush, c'est extravagant. C'est un travail de titan pour les équipes. On essaye aussi de bien produire l'émission, en étant parfois très clipé, en faisant des raccourcis temporels quand on le peut, ou au contraire en s'arrêtant sur un détail parlant.

Et vous vous mettez en scène, en enfilant des casques de chantier !
Oui ! Mais il faut s'arrêter à temps pour ne pas tomber dans le ridicule. La mise en scène permet de donner de la personnalité au programme. Dans un magazine, on peut se moquer de son personnage, ce qui n'est pas possible au JT ou dans "Des Paroles et des actes".

"La nouvelle direction a préféré mettre deux émissions en prime time"

Ce soin, c'est ce qui explique qu'il n'y ait eu que sept émissions à ce jour ?
Celle-ci est la huitième. On a commencé l'émission il y a un peu plus d'un an, avec comme objectif d'en faire 5 par an. Ca a bien marché, puisque nous avons fait la meilleure audience de la case. L'ancienne direction voulait augmenter la fréquence de l'émission et la nouvelle direction a préféré rester au même rythme mais avec deux émissions en prime time. Car il y a peu d'économie à la télévision en première partie de soirée à part "Cash Investigation" et "Capital". Si on fait les scores de "Capital", on sera content !

Ce passage en prime, qu'est-ce que ça change concrètement dans la préparation de l'émission ?
On a plein d'idées de sujets, mais ce n'est pas encore calé. Tous les sujets ne se prêtent pas au prime. L'émission sera plus longue pour atteindre 110 minutes en tout. Ca va imposer des petits changements de construction. On ne peut pas faire la même chose en plus long. On va tenter de ralentir aussi le rythme, qui est parfois un peu soutenu. On reproche parfois à nos dessins-animés d'être stroboscopiques.

Les dessins animés, les tableaux, c'est ce qui vous permet d'apposer votre marque de fabrique : la vulgarisation de l'économie.
Ce qui m'intéresse le plus, c'est de trouver le truc simple dans une question compliquée. Car souvent les choses les plus importantes sont les plus simples. Mais trouver ces choses simples, c'est compliqué. Car il faut aller à l'essentiel. C'est aussi ce que je tente de faire à la radio. L'autre jour, j'ai remarqué que le chiffre de l'emploi marchand était le même en 2015 qu'en 2001, alors que la population a augmenté de 5 millions. Ce chiffre super simple permet d'expliquer la hausse du chômage, des impôts et de la dette ! Ca résume toute la situation française. C'est ça que j'aime faire : simplifier l'économie et la relier à la société.

Vous passez l'essentiel de votre journée à chercher ce genre de données ?
Oui, des chiffres, des idées. J'essaye de comparer une donnée qui vient de sortir en France avec un chiffre passé ou avec la situation d'un pays étranger. Je peux passer des heures sur le site de l'INSEE allemand avec Google Translator ! Je lis aussi mes confrères, notamment le "Financial Times" qui est le meilleur journal du monde, et les études de quelques économistes comme Patrick Artus. C'est toujours contradictoire mais ça fait réfléchir. Les meilleures chroniques viennent toujours d'un moment où j'ai découvert un truc qui m'a beaucoup intéressé. Quand je sais déjà tout, le public le sent tout de suite. Par contre, quand j'ai une approche nouvelle, ou une information étonnante, ça marche ! Avec Yves Calvi, on joue souvent l'étonnement à l'antenne.

"Ce besoin de comprendre l'économie ne se reproduira peut-être pas en 2017"

Votre chronique dans la matinale de RTL vous permet de défricher des sujets pour vos émissions de télévision ?
Ca marche dans tous les sens ! Souvent, l'équipe de France 2 m'entend à la radio et ça leur donne une idée de sujet pour le soir. Le suivi de l'actualité au quotidien, c'est le matin à RTL, et le travail de fond, je le fais pour mes livres. Et parfois, les sujets en réalité augmentée pour le journal de France 2 nécessitent évidemment plusieurs jours de préparation !

Mais même le matin, vous avez une approche magazine de l'économie !
Oui, c'était le contrat de départ. D'ailleurs, la première année, j'étais à 8h15, en deuxième partie de matinale, alors qu'il y a avait une autre chronique économique, celle de Christian Menanteau, tournée vers l'actualité, une heure plus tôt. Ca m'allait très bien car mon truc est de garder une distance avec l'actualité. Et puis, le contrat a changé quand Yves Calvi m'a proposé de passer à 7h40. J'essaye de garder un pas de côté sauf quand l'actualité est très forte. Je fais aussi des reportages où je suis totalement décalé par rapport à l'actualité.

Vous aviez marqué la campagne présidentielle de 2012 avec vos infographies et vos tableaux dans "Des Paroles et des actes". Vous pensez qu'ils feront toujours mouche en 2017 ou que la sécurité va prendre le dessus sur l'économie ?
Je pense que 2012 était marquée par la crise. Beaucoup de gens ont découvert l'économie dans cette crise que personne ne comprenait, surtout pas les spécialistes qui se trompent tout le temps. Même si on peut penser qu'une grosse secousse se prépare, ce besoin de comprendre l'économie ne se reproduira peut-être pas en 2017. Entre temps, les questions de sécurité sont très présentes, à cause du terrorisme. Mais l'économie n'est pas sortie des radars. Le chômage est encore en tête des préoccupations des Français. Et dans la course à l'Elysée, la politique économique reviendra forcément sur le devant de la scène.

Honnêtement, en 2012, j'ai bénéficié d'un effet nouveauté. Ma bobine était nouvelle dans le poste. J'étais le mec chauve que personne ne connaissait qui a interviewé le président de la République. Et on n'est pas nouveau très longtemps.

"Je n'ai pas envie d'être un mec qui a un avis sur tout"

Mais pourriez-vous utiliser votre savoir faire en matière de vulgarisation, en faisant des chroniques de fact-checking sur les chiffres de la sécurité ou du terrorisme ?
Pourquoi pas ? Mais je suis assez prudent. Quand on est reconnu dans un domaine, on perd un peu de son incontestabilité si on se diversifie trop. Je n'ai pas envie d'être un "toutologue", un mec qui a un avis sur tout. J'aurais peur de me perdre un peu. Mais il va falloir renouveler les graphiques. Après, je veux rester celui qui tient tête et rétablit la vérité, chiffres à l'appui. Et pour cela, il faut anticiper les réponses et les esquives de son interlocuteur et affuter ses relances.

"Il va falloir renouveler les graphiques". Vous imaginez vous en passer ?
Non je ne vais pas lâcher mes courbes. C'est un bon outil mais il peut y en avoir d'autres. J'y réfléchis tout le temps. J'ai travaillé sur les objets, en plus des histogrammes 3D.

Vous travaillez sur des nouveaux graphiques en réalité augmentée ?
Je bosse avec Arnaud Vincenti, qui est une sorte de savant fou à France 2, pour moderniser tout cela, avec des bulles en 3D qui se déplacent. C'est formidable, on peut utiliser ça de façon très pertinente pour donner de l'info. Pour le prime, j'espère qu'on aura des trucs comme ça. Je vais aller me faire faire un clone en 3D pour pouvoir faire des lancements un peu marrants.

"Le projet de chaîne info séduit plutôt"

En ce moment, ça bouge beaucoup à la rédaction de France 2. La nouvelle direction semble vouloir changer pas mal de choses. Comment est l'ambiance dans la rédaction ?
Elle n'est pas mauvaise ! Les gens sont dans l'attente. Il y a la nouvelle direction, qui vient pour l'essentiel de l'extérieur, la fusion des deux rédactions et le projet de chaîne info. La rédaction se pose pas mal de questions par rapport à tous ces sujets même si le projet de chaîne info séduit plutôt.

Cette nouvelle direction va sans doute vouloir imposer sa marque. Vous pensez, vous, que "Des Paroles et des actes" est le format pertinent pour couvrir la présidentielle 2017 ?
Honnêtement, je suis un acteur de deuxième rang dans l'émission. C'est à David Pujadas et aux rédacteurs en chef de l'émission et à la chaîne qu'il faut le demander. D'après ce que je comprends, personne ne remet en cause le fait que France 2 dispose d'une grande émission politique en première partie de soirée. Le rôle de "DPDA" n'est pas en cause, ce qui n'empêche pas qu'ils aient envie de rénover un certain nombre de choses. Mais on peut rénover dans la continuité. Tout le monde est prêt à améliorer ce qui doit l'être.

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