Lui est dépressif, il vient garder la maison et le chien de son frère parti en vacances. Elle n'est pas loin d'être dépressive, elle est l'assistante du frère et vient de temps en temps voir le chien. Bref, un pitch qui pue la comédie romantique hollywoodienne, partant du canevas standard du couple improbable qui finira forcément ensemble avec quelques ingrédients venant des films générationnels (la vingtaine, et la quarantaine).
Sauf que le traitement de Noah Baumbach n'épargne rien à ses personnages. Situations très embarrassantes, clashes perdus d'avance, pétages de plomb, postures ridicules (et pas forcément drôles), et léthargie ; de l'anti-glamour constant gèle le processus romantique et permet au film de s'aventurer dans une narration au rythme bizarrement lent.
Un Ben Stiller touchant et flippant
Le rire vient régulièrement par gêne et incompréhension du comportement de Greenberg, qui provoque un malaise avant de trouver sa soupape dans la comédie. Bien loin des rôles qu'il s'attribue dans ses propres films, Ben Stiller joue beaucoup plus avec son langage corporel qu'avec les mots. Dès qu'il se retrouve muet, Greenberg se transforme en un corps jamais à sa place, tantôt statique, tantôt hyperactif, un paradoxe sur pattes qui ne se trouve jamais au bon endroit.
Le personnage titre est en effet un dépressif complètement largué qui vire régulièrement à la parano assez violente. Agressif et manipulateur puis timide et mal à l'aise, Ben Stiller joue un mec insaisissable, difficile à cerner. En somme, une belle représentation d'un fou de nos temps modernes – comme vous et moi – loin des traditionnelles « études sociologiques intergénérationnelles » que le cinéma rate régulièrement.
Rire des choses tristes
Dans ce film, chacun sa névrose. Les personnages parlent en monologues, rien ne se partage entre eux. Plutôt du genre à nous faire rire entre deux situations déprimantes, Greenberg n'est au final qu'une simple chronique dans la vie chaotique de Robert Greenberg, avec un point de départ mais pas vraiment de but. Certaines choses se perdent dans le traitement, mais on ne peut pas dire que le film ne tient pas ses promesses, car il ne nous en fait aucune. Un film imparfait qui arrive à nous toucher par son décalage constant.