Partenariat. Un an après la mort de Guy Bedos, la plateforme madelen de l'INA met en avant deux interviews croisées avec la comédienne Sophie Daumier, sa partenaire de scène des années 60 et 70, et épouse. Des entretiens de 1971 dans lesquels les deux vedettes du sketch "La Drague" se confient sur leur couple, entre confidences intimes, dérision et romantisme. Focus.
"La réussite à deux, ça ne date pas d'hier"
"Est-ce que dans l'histoire de ce métier il y a déjà eu des gens comme vous ? Un couple se présentant ensemble en scène, jouant ensemble la comédie, est-ce que ça existe ?". Voilà comment l'homme de radio Pierre Wiehn démarre son interview croisée de Guy Bedos et Sophie Daumier dans "A bout portant", en février 1971. A cette époque, le couple est ensemble depuis une dizaine d'années et cartonne sur la scène de Bobino, à Paris, grâce à son spectacle de sketchs en duo.
A propos de leur succès, le tandem confiait au micro de Jacques Chancel, dans un "Radioscopie" datant du 15 mars 1971. "Nous n'avons pas la réussite honteuse", lâche Guy Bedos, soutenu par Sophie Daumier qui souligne qu'ils travaillent énormément et "qu'il ne faut pas s'endormir". Et Bedos de confirmer : "Au bout du succès il y a l'échec. Cette réussite que nous semblons connaître ces temps-ci, c'est la réussite d'un spectacle. Nous réussissons en ce moment un spectacle. La réussite à deux, ce n'est pas d'hier".
"On ne sait plus très bien qui on est puisque tout le monde nous dit qui nous sommes"
Guy Bedos et Sophie Daumier fréquentaient le Conservatoire à la même époque à la fin des années 50 et ont commencé à travailler ensemble dans la pièce Cyrano de Bergerac, puis dans le film musical "Dragées au poivre" de Jacques Baratier. Le couple professionnel tombe amoureux au début des années 60, se marie en 1965 tandis que le succès frappe à leur porte. Si bien qu'à la question "Vous auriez fait carrière chacun de votre côté ?" posée par Pierre Wiehn, chacun répond avec l'humour et la dérision qu'on leur connait : "Je pense qu'elle n'aurait rien fait", "Lui non plus, ça aurait été un raté, un raté complet !".
Mais s'ils triomphent à l'époque à deux et semblent inséparables, comme le laisse entendre Jacques Chancel qui affirme que l'on "dit Bedos/Daumier", les deux artistes ne souhaitent pas être considérés comme une seule et même personne. "C'est très difficile de dire tous les deux tout le temps, parce qu'elle et moi, ça fait deux, réplique Guy Bedos au journaliste. Nous n'avons pas du tout les mêmes caractères. On partage des choses et nous sommes complémentaires, sans doute, on nous l'a assez dit. Mais on ne sait plus très bien qui on est puisque tout le monde nous dit qui nous sommes."
"C'est notre personnage public qui est connu"
Sophie Daumier et Guy Bedos sont sur la même longueur d'ondes lors de ces deux interviews de 1971 et n'hésitent pas à se déclarer leur flamme à leur manière, entre piques ironiques et élans romantiques timides. "On est un peu siamois, on vit ensemble, on travaille ensemble et effectivement on partage tout", décrit le comédien à Jacques Chancel, tout en insistant sur le fait que "C'est notre personnage public qui est connu, il reste une part d'ombre".
Une part d'ombre qui se dévoile grâce à quelques confidences tendres, notamment lorsque l'un et l'autre évoquent leur quotidien tout en communication et conversation interminables, chacun trouvant de nombreuses qualités à sa moitié. "Nous avions un besoin chimique de nous rencontrer", lance Guy Bedos qui raconte volontiers que c'est lui qui a fait la cour à Sophie Daumier en la faisant rire de longs mois pour la charmer.
"Je crois sincèrement que je mourrai jeune"
Six ans après ces interviews, le couple devient parent d'une petite Mélanie avant de divorcer la même année, en 1977. Souffrant de la maladie dégénérative neuronale d'Huntington, Sophie Daumier s'écarte peu à peu des planches. Elle qui avait "l'espoir d'être une petite vieille" rend son dernier souffle dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2003, à 64 ans. En mai 2020, c'est au tour de Guy Bedos de s'éteindre à 85 ans, lui qui disait croire "sincèrement [qu'il mourrait] jeune", toujours dans "A bout portant".
Son décès est survenu seulement quatre jours après celle de Jean-Loup Dabadie qui était le parrain de Nicolas Bedos. Le célèbre dialoguiste était très proche de Sophie Daumier et Guy Bedos, avait écrit de nombreux sketchs pour eux comme le fameux La Drague de 1972. Les fans l'entendront à plusieurs reprises durant l'interview croisée de Pierre Wiehn.
Retrouvez À bout portant et Radioscopie sur la plateforme madelen de l'INA.
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