Et si la mort faisait partie du passé ? C'est le postulat de départ d'"Ad Vitam", nouvelle série en six épisodes lancée ce soir en prime time par Arte. Portée par Yvan Attal, elle a été créée et réalisée par Thomas Cailley, qui a décroché en 2015 trois César, dont celui du meilleur premier film pour "Les combattants". Dans le monde d'"Ad Vitam", la moyenne d'âge est de 83 ans grâce à la régénération, un bain de jouvence qui offre aux adultes la possibilité d'arrêter le vieillissement de leurs cellules. Un monde où la surpopulation guette et où le droit à mourir est devenu une revendication.
Yvan Attal joue ici un flic âgé de 119 ans, prénommé Darius Asram, qui traîne le poids de sa lassitude et de ses nombreuses années de service. Alors que la doyenne de l'humanité fête ses 169 ans, les corps de sept jeunes suicidés sont découverts sur une plage. Darius est chargé de l'enquête. Il sollicite l'aide de Christa (Garance Marillier), une jeune fille instable qui séjourne dans un centre de soins pour mineurs révoltés. Par le passé, Christa a fréquenté la secte d'un certain Caron, à l'origine d'une vague de suicides chez les jeunes...
"Un homme qui ne vieillit pas est-il encore humain ?"
La série d'Arte, qui a décroché le prix de la meilleure série française au festival Séries Mania cette année, joue sur le mélange les genres en étant tout à la fois un récit policier, un thriller, un road movie, un récit d'aventure, avec bien sûr une dose de fantastique, sans effets spéciaux superflus.
Pour le réalisateur Thomas Cailley, l'immortalité pose de nombreuses questions au coeur de la série. "Un homme qui ne vieillit pas est-il encore humain ? La vie sans fin a-t-elle un sens ? La question qui nous intéressait le plus était celle de la transmission : quelle place donner aux jeunes générations dans un monde où on ne meurt plus ? Une civilisation peut-elle survivre sans se renouveler, sans transmettre ? C'est ce malaise existentiel que nous avons eu envie de sonder".
Thomas Cailley confie s'être inspiré de Scottie dans le "Vertigo" d'Hitchcock pour écrire le personnage de Darius. "Comme lui, Darius perd progressivement prise sur le réel, et fait l'expérience d'un véritable gouffre existentiel". Une problématique qui va le rapprocher de Christa, jeune fille à fleur de peau, avec qui il va enquêter. "Christa a passé 10 ans en détention. C'est comme si son adolescence lui avait été volée. Physiquement, elle se comporte tour à tour comme un enfant et comme une adulte". Darius va petit à petit lui transmettre le goût de la vie.
Outre Yvan Attal et Garance Marillier, la série est portée par un cast de haut niveau : Niels Schneider (découvert chez Xavier Dolan, César du meilleur espoir pour "Diamant noir"), Rod Paradot (César également pour "La Tête haute"), Anthony Bajon (primé à la Berlinale pour "La Prière" de Cédric Kahn), Anne Azoulay ("Léa", "Bird people"), Hanna Schygulla (égérie de Rainer Werner Fassbinder) et Ariane Labed ("Fidelio, l'odyssée d'Alice", "The Lobster").
