Christine Angot a trouvé un allié. Samedi dernier, sur le plateau de "On n'est pas couché" sur France 2, l'écrivain et polémiste avait estimé que "quand on est artiste, c'est toujours un plan B (...) C'est toujours le résultat d'un échec de devenir artiste en fait". Une affirmation qui a suscité de vives réactions, souvent consternées. Mais ce matin, sur Europe 1, dans sa chronique "Le fin mot de l'info", Raphaël Enthoven a pris contre toute attente la défense de Christine Angot, en choisissant pour fil rouge la figure de l'écrivain.
"Haro sur Angot et bonjour tristesse"
"Tout le monde lui tombe dessus depuis trois jours. Alors que c'est bien connu, l'art est un enthousiasme, une expérience de liberté. On ne choisit par l'art comme on choisit le droit ou la philo après le bac, c'est-à dire-faute de mieux", a commencé par expliquer Raphaël Enthoven, avant de résumer sa pensée ainsi : "Bref, haro sur Angot et bonjour tristesse".
Le chroniqueur a estimé que dire que l'art naît d'un échec est "non seulement intelligent, mais surtout c'est vrai". "Que dit Christine Angot ? Qu'on rêvait d'être avocat, culturiste, matinalier, instituteur ou médecin et puis finalement, faute de mieux, donc, on devient écrivain, comme le plan B de toutes ces belles ambitions avortées, a-t-il résumé. Or, qui parmi ces gens qui trouvent ce propos désolant, n'a pas rêvé d'abord d'être quelqu'un d'autre ou de faire d'abord autre chose ?".
"Qui n'a jamais éprouvé le sentiment vertigineux que son existence est la négation de toutes les vies qu'il n'a pas ?, a poursuivi Raphaël Enthoven. C'est ça, l'échec. L'échec n'est pas d'échouer, l'échec est de comprendre que nous n'avons qu'une vie alors que nous avons l'appétit pour 1.000". Et c'est là, selon le philosophe, que l'écrivain entre en scène. Pour lui, c'est un "torero de l'échec. Un alchimiste qui fait de la danse avec du chagrin et qui console des vies qu'on rate en nous donnant la chance de les sentir", a-t-il défini.
"Le plan B, c'est beaucoup mieux que ça"
"Les gens reprochent à Christine Angot d'avoir dit que le choix de l'art était un plan B. Mais c'est peut-être parce qu'ils ont du plaisir en amateur à se représenter comme glorieuse l'existence de l'artiste incompris, a estimé Raphaël Enthoven. Or, le plan B, c'est-à-dire le plan de l'écriture, c'est beaucoup mieux que ça. Le plan B, c'est le plan sur lequel toutes les existences ont enfin simultanément droit de cité".
Pour lui, le plan B est "l'usine de l'écrivain qui transforme en pépites chacune de vos déceptions et qui, par la force du consentement à ses propres échecs, parvient parfois à mettre l'échec lui-même en échec". Et le chroniqueur de parvenir à l'observation suivante : "Bref, le plan B, c'est pas l'échec ; le plan B, c'est le paradis". Le fin mot de l'info de Raphaël Enthoven a paraphrasé une célèbre citation de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas écrivain, on le devient, à mesure qu'on apprend à échouer", a-t-il conclu. puremedias.com vous propose d'écouter cette séquence.
