Nouvelle fiction sociétale "coup de poing" ce soir sur France 2. Après les très bons téléfilms "La Soif de vivre" et "Prêtes à tout" proposés la saison dernière, la chaîne publique signe une très bonne fiction ce soir avec "Les Impatientes", une mini-série au format 3x52 minutes. Produite par Septembre Productions, la série, originellement destinée à France 3, est intégrée au dispositif des "soirées continues" de France 2. La diffusion des trois épisodes sera ainsi suivie, à 23h30, par un débat animé par Julian Bugier autour de la place des femmes en prison. La soirée se poursuivra, à 1h, avec une rediffusion du documentaire "Détenues", réalisé par Marie Drucker.
Série sur la place des femmes dans l'univers carcéral - prévenons tout de suite qu'elle n'a rien à voir avec "Orange Is The New Black -, "Les Impatientes" se déroule très essentiellement dans une maison d'arrêt pour femmes. C'est dans ce cadre, et plus précisément dans celui d'une petite cellule, que se rencontrent trois femmes, aux parcours très différents, qui vont être forcées de cohabiter. "Les Impatientes" raconte ainsi le croisement, à l'ombre, des destins de Maude Girard, une mère de famille ordinaire dont la vie a basculé après la mort de sa fille, Leïla Kahyat, une jeune délinquante déjà accoutumée à la vie en prison, et Isabelle Maroni, une brillante chercheuse au tempérament plus solitaire.
Destins de femmes
Côté cast, Noémie Lvovsky livre une interprétation remarquable de Maude Girard, au rôle absolument central dans la série puisque le spectateur entre dans l'univers carcéral en même temps qu'elle. Coiffeuse quinquagénaire, Maude est emprisonnée après avoir tenté de tuer le jeune homme qu'elle juge responsable de la mort de sa fille. Le spectateur est ainsi amené à suivre ses premiers pas derrière les barreaux, son évolution, et comment cette femme au coeur tendre va se lier d'amitié avec ses compagnes de cellule, et devenir un vecteur de lien social dans cet univers ultra-codifié où l'on accueille les nouvelles venues avec méfiance et brutalité.
Dans sa cellule de 9m2, Maude fait connaissance avec Leïla Kahyat, une délinquante au tempérament chaud et au regard perdu, bien intégrée parmi les autres détenues. Sous ses airs de petite frappe, le personnage interprété par Roxane Potereau va se révéler n'être qu'une jeune fille paumée et sous l'emprise de son petit-ami dealer. Avec Maude, c'est un lien quasi-maternel que la jeune femme va tisser. Le trio de colocataires d'infortune est complété par le personnage d'Isabelle Maroni, incarné par Léonie Simaga. Brillante et cultivée, cette dernière peine à s'adapter à la vie sociale en prison. Peu appréciée en dehors de sa cellule, Isabelle compte toutefois comme allié le chef des surveillants, un maton bienveillant, incarné par Thierry Godard, qui a appris à composer avec les détenues, dont la plus ancienne d'entre elles, "la baronne", incarnée par Catherine Jacob.
Touchant sans être larmoyant
Récompensées dans la catégorie "meilleure interprétation féminine", les trois actrices principales des "Impatientes" parviennent à rendre leur personnage profondément humain et remarquablement touchant, sans tomber dans la mièvrerie. Bien qu'utopique, malgré le sentiment de réalisme qu'elle dégage, la mini-série ne tombe jamais dans la lourdeur et le trait n'est que rarement forcé dans l'interprétation de ces "Impatientes", habile métaphore des impatiences, ces fleurs qui fleurissent à l'ombre. Si le scénario n'est pas développé outre mesure, ce sont les personnages et leurs interactions dans ce milieu fermé, ni magnifié ni assombri, qui font le sel de la série.