"Il est triste ce 35e anniversaire en vérité", lâche, émue, Nolwenn Leroy. 18 ans après sa première venue aux Enfoirés, la deuxième gagnante de la "Star Academy" a une nouvelle fois répondu présente à l'appel des Restos du coeur. En janvier dernier, avec une cinquantaine d'artistes, la chanteuse de 41 ans est montée sur la scène de l'Arkea Arena de Bordeaux pour sept représentations à guichets fermés pour récolter des fonds pour l'association imaginée par Coluche en 1985. En marge de l'un des concerts, et à l'occasion du spectacle 2024 des Enfoirés ce vendredi 1er mars à 21h10 sur TF1, celle qui est également marraine de la fondation Abbé Pierre a accordé un entretien à puremedias.com. Elle revient sur son engagement, les difficultés actuelles de l'association et le manque d'action du gouvernement.
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Propos recueillis par Benjamin Rabierpuremedias.com : Les Enfoirés fêtent cette année leur 35 ans. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Nolwenn Leroy : C'est une édition pleine de souvenirs et de nostalgie. C'est très chargé en émotion de revoir toutes ces images d'archives, de revivre toute l'histoire des Enfoirés. Cet anniversaire, c'est aussi l'occasion pour nous de faire le bilan 35 ans après le premier concert, par rapport au combat qu'on mène, au message que porte les Enfoirés. Quand on fait le bilan, quand on voit la situation dans laquelle sont les Restos, ce n'est pas réjouissant. C'est un anniversaire et en même temps un constat qui est difficile. Il est triste ce 35e anniversaire en vérité...
En septembre dernier, Patrice Douret, président des Restos du coeur, annonçait que l'association imaginée par Coluche en 1985 pourrait mettre la clé sous la porte d'ici trois ans si rien n'était fait. Qu'avez-vous ressenti ?
Tout le monde est tombé des nues. C'est de la colère qu'on ressent. Tous les Enfoirés sont en colère. On est tous des citoyens, on ne peut pas rester silencieux face à cette misère. Ce n'est pas quelque chose qui doit faire partie de notre quotidien. On a tous envie d'apporter notre pierre à l'édifice. Peut-être qu'à un moment donné, cette colère qui nous réunit tous, va faire bouger les choses. Il ne faut pas perdre espoir. Tous les engagements et les dons sont les bienvenus pour changer les choses mais on a besoin d'aide de plus haut à un moment donné.
"La misère est un sujet secondaire aujourd'hui en France et pour moi c'est intolérable"
Les aides publiques sont-elles suffisantes selon vous ?
En plus de mon engagement pour Les Enfoirés, je suis marraine de la fondation Abbé Pierre. Je fais le même constat chaque année. Des solutions il y en a mais on n'a pas de ministre du Logement en France par exemple (l'interview a été réalisée le 21 janvier 2024 après la nomination de Gabriel Attal à Matignon, ndlr). En 2024, dans notre pays, des mamans dorment toujours dehors avec leurs enfants. On parle quand même de la septième puissance du monde. On sait qu'il y a des solutions mais on a du mal à les mettre en place durablement. On se dit que c'est trop lent, qu'il faudrait que la lutte contre la misère soit une priorité. Et ça ne l'est pas aujourd'hui. Clairement. C'est un sujet qui est secondaire et pour moi c'est intolérable.
Vous êtes présente aux Enfoirés pour la 18e fois de suite. Est-ce qu'il n'y a jamais eu en vous une forme de désespoir, de lassitude devant la misère qui s'accentue d'année en année ? Pour rappel, Les Restos ont distribué, en 2023, 171 millions de repas, 40 millions de plus qu'en 2022...
On n'a pas le choix. On sait pertinemment qu'en attendant de trouver les solutions, il faut pallier l'urgence. C'est ce que font les Restos depuis tant d'années. Aujourd'hui plus que jamais car il y a de plus en plus de personnes accueillies, de plus en plus de gens dans le besoin. On s'en est rendu compte cette année avec l'appel de Patrice Douret. Qui aurait pu s'imaginer que l'association des Restos soit dans le rouge ? Maintenant il y a même des étudiants qui vont aux Restos du coeur... C'est dramatique.
Vous êtes désormais un pilier de la bande. Quel lien avez-vous développé avec les autres artistes ?
C'est comme dans tous les liens d'amitié, c'est de plus en plus fort, on se connaît beaucoup mieux. J'ai senti une évolution dans la façon dont chacun prenait sa place dans le groupe. Au début, on doit trouver sa place. Ce qui est merveilleux, c'est que même si on est de plus en plus nombreux, il y a toujours de la place pour les nouveaux. Les autres font en sorte que ce soit facile. On est lié par ce message, ce combat qui nous lie.
Les Enfoirés, cela dure une semaine mais restez-vous en contact toute l'année ?
Oui, on a un groupe Whatsapp avec beaucoup de monde. Parfois, je suis même obligée de le mettre en silencieux tellement il y a de messages. Parfois, je me fais un point en fin de journée car entre les messages, les smileys, les lol, les kiss et les coeurs, ça peut être très chronophage. On l'avait créé au moment du Covid et il est resté et on s'envoie des messages régulièrement toute l'année.