Tout le monde continue d'en parler. Il y a 20 ans, France 2 s'apprêtait à mettre à l'antenne un nouveau rendez-vous qui allait marquer à jamais les samedis soirs de la chaîne : "Tout le monde en parle", présenté par Thierry Ardisson entre 1998 et 2006. Le magazine "Society" revient ce jeudi sur l'histoire et les coulisses du talk-show qui pouvait réunir autour d'une même table des personnalités aussi diverses que Bret Easton Ellis, Loana ou Patrick Timsit. L'émission s'est arrêtée en juillet 2006 alors qu'elle était encore en grande forme côté audiences. D'où cette question, à laquelle personne n'a jamais vraiment répondu : pourquoi "Tout le monde en parle" s'est-elle arrêtée ?
Le dilemme "93, faubourg Saint-Honoré"
L'homme en noir rappelle dans "Society" que le climat a commencé à se dégrader avec l'arrivée à la présidence de France Télévisions de Patrick De Carolis en 2005. "Dès la saison 2006/2007, De Carolis précise que tout animateur qui officie sur France Télévisions ne peut désormais plus travailler sur une autre chaîne hertzienne", explique Thierry Ardisson, qui animait à la même époque "93, faubourg Saint-Honoré" sur Paris Première. L'animateur rapporte avoir cherché un compromis en proposant de basculer "93, faubourg Saint-Honoré" sur France 4, mais sa proposition est restée selon lui sans réponse.
Si ce problème de concurrence entre antennes est donc resté l'explication qui a toujours prévalue à la disparition de "Tout le monde en parle", Thierry Ardisson avance pour la première fois une autre hypothèse, à laquelle il accorde tout autant de crédit. "C'est de notoriété publique, De Carolis doit sa présidence à Bernadette Chirac, estime l'animateur. Or, je me moquais beaucoup de Bernadette dans 'Tout le monde en parle', du genre : 'Je comprends qu'il soit toujours dehors, Jacques, quand on voit sa femme...".
L'hypothèse Bernadette Chirac
Thierry Ardisson reconnaît avec le recul que ses attaques répétées n'étaient pas d'une "grande finesse". Et l'éternel complice de Laurent Baffie de conclure à propos de Bernadette Chirac et de Patrick De Carolis : "Il n'est pas impossible, comme pour lui renvoyer l'ascenseur, qu'elle lui ait demandé de me dégager".
Une hypothèse que ne partage pas en revanche Yves Bigot, ancien directeur des programmes de France 2. "Ce qui me fait dire que ce n'est pas à cause de Bernadette Chirac, c'est que la même année, Fogiel quitte France 3 (chaîne sur laquelle il animait "On ne peut pas plaire à tout le monde", ndlr). Bernadette adorait Marco... Non, selon moi, De Carolis et Patrice Duhamel (ancien directeur des antennes, ndlr), qui sont des journalistes politiques, ne voulaient pas prendre le risque d'avoir Ardisson en 2007, année d'élection présidentielle. Ils se chiaient dessus devant Sarko !", affirme celui qui est aujourd'hui le patron de TV5 Monde.
Intervention politique ou pas, Thierry Ardisson reconnaît quelques lignes plus loin que "Tout le monde en parle" était en fin de cycle. "Je crois que l'émission s'est arrêtée au bon moment, finalement. Je ressentais une forme de lassitude. Quand j'arrivais sur le tournage, j'avais moins la niaque, je ne sais pas comment dire, ça faisait un peu slip sale...", observe l'animateur avec le franc parler qui a fait sa marque de fabrique.
