La lumière sera-t-elle faite un jour sur "l'affaire Cahuzac", qui oppose le ministre du budget au site d'informations Mediapart ? A chaque nouvelle révélation, la partie adverse contre-attaque. Nouvel épisode en date, les révélations faites par Le Nouvel Observateur sur les informations transmises par la Suisse au gouvernement français sur le supposé compte bancaire détenu par Jérôme Cahuzac .
"Il a été possible de vérifier si Jérôme Cahuzac a fermé un compte à l'UBS en février 2010, comme l'affirme Mediapart. D'après les Suisses, il semble que ce ne soit pas le cas. D'autres recherches, apparemment tout aussi négatives, seraient remontées jusqu'à l'année 2006 (pour des raisons de prescription)", écrit L'Obs. "Il semble", "apparemment", il n'en fallait pas plus à Mediapart pour remettre en doute les informations obtenues par l'hebdomadaire. D'autant plus qu'une dépêche Reuters, publiée quelques heures plus tard, affirme que "l'interprétation faite par L'Obs du document est inexacte".
"Je ne veux la mort de personne"
Malgré ces imprécisions, Jérôme Cahuzac estime que cet élément apporte un début de preuve de son innocence dans ce dossier. "Contrairement à ce que certains ont pu écrire dans certains quotidiens, je ne me suis jamais senti coupable, même si j'ai pu paraître accablé par le soupçon terrible qui pesait sur moi. Donc, ça n'est pas à moi de dire si je suis hors de cause ou pas. En conscience, je l'ai toujours été", lâche-t-il dans les colonnes du Monde. En réitérant ses attaques envers le site géré par Edwy Plenel : "Je ne veux la mort de personne. Je peux même accorder le crédit, une forme de sincérité, à vos confrères de Médiapart. Il se trouve qu'ils se sont trompés, sincèrement peut-être, mais ils se sont trompés. Le reconnaître relèverait d'une certaine élégance."
Mediapart s'est-il "trompé", comme l'affirme le ministre ? Fabrice Arfi, auteur de l'enquête sur Cahuzac, persiste et signe dans une note mise en ligne sur le site. "A ce jour, aucun journaliste n'a pu voir ledit document. Pas plus que quiconque ne sait quelles ont été les questions précises posées par Bercy. M. Cahuzac a-t-il par exemple demandé aux Suisses de chercher la trace d'un compte à son nom ? Ou d'un compte dont il fut l'ayant droit économique ? La différence est de taille, mais personne ne peut ni ne veut, pour l'heure, répondre à cette question", écrit-il.
Les médias responsables ?
Il s'étonne par ailleurs du chemin emprunté par ce document, de la Suisse aux services de Bercy alors qu'une enquête judiciaire pour "blanchiment de fraude fiscale" est en cours. "Après avoir fait semblant de rédiger une demande de levée du secret bancaire pour obtenir un certificat de moralité fiscale auprès de l'UBS - il a déclaré ne plus vouloir le faire désormais -, M. Cahuzac utilise les moyens de l'administration qu'il dirige pour tenter de court-circuiter une enquête judiciaire en cours le visant", dénonce Arfi.
Le journaliste de Médiapart tient pour responsable "le système médiatique" qui, en moins de 24 heures, "s'est enflammé autour d'une note que personne n'a vue, à partir d'un article d'un journal qui évoque ses conclusions au conditionnel." Pendant ce temps, l'enquête judiciaire suit toujours son cours. Démêlera-t-elle le vrai du faux ? Les deux parties y ont grand intérêt, leur honneur et leur réputation sont en jeu.