Interview
Ambre Chalumeau ("Quotidien") décroche son premier prime sur TMC : "Le couperet de l'audience le lendemain m'effraie"
Publié le 24 janvier 2023 à 18:45
Par Benjamin Rabier | Rédacteur en chef
Addict aux audiences, Benjamin Rabier a choppé le virus de la télévision grâce à la « Star Academy ». Intrigué par l’envers du décor, il a décidé d’en faire son métier. 20 ans plus tard, s’il ne rate (presque) jamais un prime de « The Voice », il peut vibrer devant une compétition sportive, se passionner pour un documentaire ou dévorer une série en un week-end.
Après deux années de chroniques dans "Quotidien", Ambre Chalumeau présente son premier prime time sur TMC ce mardi 24 janvier 2023. Interview.
"Une soirée avec Astérix et Obélix" : Bande-annonce du premier prime d'Ambre Chalumeau ("Quotidien") sur TMC. © © RALPH WENIG / TF1
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"Vous allez vite découvrir que je fais des réponses trop longues et que je ne réponds pas vraiment aux questions. Ça va devenir problématique pour vous", nous prévient-elle d'emblée avec le sourire. À 25 ans, Ambre Chalumeau est devenue un visage incontournable de "Quotidien". Dans le talk-show de Yann Barthès, la journaliste incarne la culture. Avec son phrasé bien particulier et sa passion débordante, Ambre Chalumeau a immédiatement conquis les téléspectateurs de TMC. Après deux ans de chroniques, elle s'offre ce mardi 24 janvier 2023 son premier prime time autour de l'un des événements ciné de ce début d'année : le retour d'Asterix et Obelix au cinéma. Un nouvel exercice qu'elle a accepté de décrypter avec puremédias.com.

Propos recueillis par Benjamin Rabier.

puremédias.com : Comment est née cette émission ?
Ambre Chalumeau : L'année dernière, en discutant avec le producteur de l'émission, l'envie m'est venue de tenter un long format, un prime. On a ensuite dû trouver le thème qui serait susceptible de tenir sur un 90 minutes, d'être dans l'actualité et d'avoir des images accessibles en termes de droits. C'est la sortie du film "Astérix et Obélix : L'Empire du milieu" qui nous a donné l'idée. On a parlé avec les équipes de Guillaume Canet qui nous ont donné accès au dernier mois de leur post production et donc à la possibilité de comprendre comment on fabrique un film pareil.

Il y a encore des choses à dire sur la BD la plus vendue au monde ?
Quand j'ai commencé à plancher dessus, je ne mesurais pas tout ce qu'on allait pouvoir en dire. Parler d'Asterix, c'est parler de tout : de cinéma hollywoodien, de politique, de féminisme, de rire universel. Astérix est un dénominateur commun qui relie Jacques Chirac, Céline Dion, Bernard Pivot... C'est complètement fou. 1h30, ça suffit à peine pour tout couvrir. J'ai découvert plein de choses sur Astérix et j'espère que cette émission en fera découvrir aux téléspectateurs.

Comment avez-vous constitué la programmation de l'émission composée de Guillaume Canet, Zep ou encore de Sylvie Uderzo, la fille d'Albert Uderzo?
Asterix est un sujet qui plaît. C'est un doudou d'enfance partagé par énormément d'artistes. Beaucoup en parlent avec plaisir. L'étape d'aprèsn c'était de trouver beaucoup de gens qui en parlent avec des choses intéressantes à dire. Si vous regardez des interviews des dessinateurs de BD d'aujourd'hui, vous découvrirez très rapidement qu'ils citent Goscinny ou Uderzo. Il y a beaucoup de chercheurs en géopolitique qui vous diront qu'Asterix a été un regard hyper perspicace sur les dynamiques mondiales et la politique française. Quand on creuse comme on l'a fait, on trouve extrêmement vite qu'Asterix est partout. Quand on a débuté les recherches pour ce documentaire, Juliette Armanet est venue sur le plateau de "Quotidien". Sans se douter qu'on préparait une émission sur Asterix, elle nous a révélé que son single "La flamme" était inspiré par les sirènes du dessin animé Asterix. C'est vous dire à quel point Asterix est partout.

"Je ne suis pas une intervieweuse professionnelle, je ne suis pas la reine de l'entretien piège" Ambre Chalumeau

S'infiltrer dans les coulisses d'un film titanesque comme celui de Guillaume Canet, est-ce simple ?
C'est encore une fois la force d'Asterix. Guillaume Canet est un immense fan de la BD. Ca transparait dans son film. L'idée de participer à un documentaire sur ce sujet lui a tout de suite plu. On vient aussi avec une marque, "Quotidien", qui est connue, en qui ils ont confiance.

"Astérix et Obélix : L'Empire du milieu" est une co-production TF1. Est-ce que ça complique les choses pour poser les questions qui fâchent ?
Je ne maîtrise pas de la matière explosive. On est venu demander à un réalisateur comment il réalise, à un acteur comment il joue... J'imagine même que cette co-production a plutôt ouvert des portes. Pour être honnête, j'en ai absolument aucune idée.

Les téléspectateurs vous connaissent pour vos chroniques, là, c'est un nouvel exercice : l'interview. Comment l'avez-vous appréhendé ?
C'était super agréable de travailler sur ce prime car ça me change totalement de l'exercice de la chronique qui est un travail de bureau où vous passez quelques heures sur un sujet puis le lendemain vous passez à autre chose. Là, je suis restée quatre mois sur un sujet en profondeur. J'ai rencontré des gens et fait des interviews. Il a fallu que la petite nerd devienne sociale. Je ne suis pas une intervieweuse professionnelle. Je ne suis pas la reine de l'entretien piège. Ce n'est pas moi qui vais réussir à arracher des scoops. En revanche, je pense qu'ils voient que ça m'intéresse profondément.

Après deux ans de "Quotidien", on a encore le trac d'interviewer des gens comme Gilles Lellouche ou Guillaume Canet ?
Evidemment. Je tiens d'ailleurs à souligner à quel point Gilles Lellouche a été extrêmement sympathique. Je pense que c'est facile pour certains acteurs de se dire "ils sont sérieux, ils m'ont envoyé une nana de 25 ans ?". Ils n'ont vraiment pas fait ça. Le trac était là... C'est des gens que j'admire car ils font une profession que j'admire et je suis hyper honorée qu'ils m'expliquent à ce point leur travail. Qu'ils brisent un peu l'illusion et qu'ils m'expliquent comment ils fonctionnent. Donc non, je ne suis pas du tout blasée, ni même sereine face aux acteurs ou aux réalisateurs. Je crois que c'est aussi un des intérêts que ce soit moi qui le fasse car je suis nouvelle. Je découvre des choses peut-être autant que les téléspectateurs. Je ne parle pas avec un point de vue d'experts qui prendrait le téléspectateur de haut.

"J'ai super hâte de le montrer aux gens mais je stresse et je suis un peu paniquée" Ambre Chalumeau

C'est votre premier prime. Ressentez-vous une forme de pression concernant les audiences ?
Fatalement oui. J'ai cette chance de travailler avec un producteur et des équipes dont je sais que la fierté du documentaire qu'on a fait est aussi importante que les audiences qu'il fera. Je sais qu'ils ne seront pas méchants avec moi si les audiences ne sont pas au rendez-vous. Après évidemment que je me mets une petite pression. La quotidienne ne repose pas sur mes épaules. Là, c'est quatre mois de travail qui vont être sanctionnés par une diffusion un soir. J'ai super hâte de le montrer aux gens mais je stresse et je suis un peu paniquée. Le couperet de l'audience le lendemain m'effraie.

Un deuxième numéro est-il prévu ?
J'adorerai mais pour le moment on a eu aucune discussion dans ce sens. L'envie est là, on va voir comment celui-là est accueilli.

Vous avez rejoint "Quotidien" il y a bientôt trois ans. Qu'est-ce que ça a changé dans votre vie ?
Des gens me reconnaissent dans la rue et j'ai gagné une certaine exposition sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas toujours tendres mais comme j'incarne la chronique culture, je m'en tire bien. Je pense que la vie des chroniqueurs politiques ou de la société est beaucoup plus compliquée que la mienne. Je sais que quelqu'un comme Maïa Mazaurette qui tient des propos féministes est victime d'une haine en ligne suffocante. Je sais que des reporters qui font des sujets politiques se font souvent aborder dans la rue par des gens pas forcément aimables. Moi de ce côté-là, ça va. Je n'ai pas twitter, j'essaye de m'en tenir éloignée. Je me suis piquée à cette aiguille au tout début de "Quotidien". Je regardais ce qu'il se disait. C'est vertigineux et pas toujours agréable. Je ne peux pas dire que ma vie s'est transformée mais elle est différente. Aujourd'hui, je ne m'autoriserais plus de chanter "Gabrielle" de Johnny Hallyday ivre morte dans un karaoké un samedi soir de peur que ça ne se retrouve sur internet. Après je ne suis pas Kim Kadarshian, ma petite notoriété reste à taille humaine. D'ailleurs, je ne dirai pas que je suis célèbre, je dis que travaille dans une émission qui est célèbre.

"J'aimerais bien me diversifier, en injectant de la nouveauté dans mon travail tout en restant à 'Quotidien'" Ambre Chalumeau

Vous pensez déjà l'après "Quotidien" ?
Pas du tout. "Quotidien", c'est un rythme extrêmement rapide et prenant, une machine à laver, je n'ai toujours pas pris le temps de prendre le recul nécessaire pour penser à la suite. Tant que les gens de "Quotidien" veulent bosser avec moi, je reste. Après j'ai des envies d'évoluer, de tenter un nouveau format comme ce prime. J'aimerais bien me diversifier, en injectant de la nouveauté dans mon travail tout en restant avec eux.

Ca voudrait dire arrêter de traiter l'actualité culturelle ?
Je ne sais pas si je saurais faire autre chose (rire). La culture c'est une passion depuis toujours. Si j'ai une valeur ajoutée au monde, c'est celle-là. Tout en parlant de culture, on peut faire des choses différentes. Du court, du long, du moderne, de l'entretien, de la pastille... Je pense qu'il y a encore plein de choses à inventer.

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