En octobre, i-TELE progresse de 0,1 point sur un mois et un an, à 0,8% de part d'audience selon le dernier Médiamat mensuel de Médiamétrie. La chaîne d'information du groupe Canal+, qui a initié en septembre dernier une refonte de sa grille dopée aux stars de l'info, progresse pour la première fois depuis plusieurs mois. En face, BFMTV est toujours à un haut niveau, en réalisant plus du double de sa rivale, à 1,9% en octobre. Céline Pigalle, directrice de la rédaction d'i-TELE, décrypte pour puremedias.com ces résultats.
Propos recueillis par Julien Bellver.
i-TELE gagne 0,1 point d'audience en octobre, c'est le début de la reconquête ?
J'espère bien ! Pour monter l'escalier, il faut franchir la première marche. Nous prenons 0,1 point et la concurrence perd 0,1 (BFMTV, NDLR). Donc non seulement on progresse mais on resserre l'écart avec le concurrent qu'on nous disait inaccessible. Par ailleurs, le mois d'octobre n'a pas été porté par une grosse actualité, c'est donc la nouvelle grille d'i-TELE, sa nouvelle structure, qui nous permet d'avoir ces résultats. On est heureux, cela nous donne de l'élan pour la suite.
Vous y voyez les effets de la nouvelle grille, mise en place en septembre ?
C'est une évidence ! Le pari, qui consistait à dire que nos téléspectateurs devaient savoir qui sont les visages qui les attendent à chacun des moments d'info de la journée, est payant. Chacun des carrefours sur lesquels nous avons misé sont ceux qui réalisent de belles performances. La tranche de Bruce Toussaint progresse de 14% en parts de marché, Laurence Ferrari de 25%, Olivier Galzi de 15%, Léa Salamé de 9%. Quand vous mettez tout ça bout à bout, il y a un effet levier.
"Ce que nous allons développer un peu plus chaque jour, c'est une ligne éditoriale différente"
On a beaucoup reproché à i-TELE d'avoir une identité brouillée ces dernières années. Est-elle en train de s'éclaircir ?
Je crois que notre identité s'affirme un peu plus chaque jour. Je veux m'élever contre le vocabulaire qui consiste à parler "des chaînes infos" comme si ce modèle nous empêchait d'avoir une ligne éditoriale. Ce n'est pas vrai ! Ce que nous allons développer un peu plus chaque jour, c'est une ligne éditoriale différente. Par exemple, on a pu contester le fait d'avoir souligné les huées contre François Hollande pendant les cérémonies du 11 novembre. Sur i-TELE, il y avait aussi cette séquence, d'un jeune historien, qui s'en prenait aux manifestants en regrettant qu'ils abîment un moment d'unité nationale. Ces images étaient chez nous, et pas en face. Elles racontaient aussi un autre aspect de ce pays. Elle a peut-être fait plaisir à ceux qui sont lassés qu'on ne soit que dans la colère.
Quand i-TELE ne relaie pas la Une nauséabonde de "Minute" sur Christian Taubira, c'est aussi un choix éditorial ?
Oui, c'est un choix ! Qu'est-ce que 'Minute' représente dans la presse française ? Rien ! Leur faire cette publicité, leur permettre d'être régulièrement cité dans nos éditions, mis en valeur... Mais pour quoi faire ? Pour faire la pub qu'ils recherchent ? Nous n'avons pas souhaité participer à cela. Voilà un exemple de notre ligne éditoriale. Nous essayons de nous imposer comme une marque d'info, qui fait des choix.
"Nous ne subissons pas les événements, nous ne sommes pas obligés de nous laisser hystériser"
Quand les chaînes d'infos sont attaquées, on dénonce une mécanique qui consiste à ne plus réfléchir. Il y a à i-TELE des journalistes qui réfléchissent, hiérarchisent l'information ! Quand Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls s'expriment sur le sujet de la Une de "Minute", vous pouvez choisir de faire toutes les ouvertures des JT là-dessus ou considérer qu'il y a d'autres événements plus importants. Nous ne subissons pas les événements, nous ne sommes pas obligés de nous laisser hystériser. Il n'y a pas de fatalité à ce que la chaîne info soit un poulet sans tête.
On a beaucoup moqué sur les réseaux sociaux "le stagiaire d'i-TELE", qui fait beaucoup de fautes dans les les bandeaux de titre... Vous l'avez enfin viré ?
Il n'y a pas eu UN stagiaire d'i-TELE à qui il a fallu couper la tête (Rires). Les fautes d'orthographe, additionnées sur le web, se sont en réalité produites sur plusieurs mois... C'est pour ça qu'on l'a appelé "le stagiaire d'i-TELE". Honnêtement, c'est drôle, ça peut m'arriver moi-même d'utiliser l'expression désormais. J'ai de l'humour mais je sais que tout ce qui est écrit à l'antenne compte énormément pour le téléspectateur. Dans l'oeuvre de crédibilité de notre travail, il est indispensable qu'on soit beaucoup plus vigilant là-dessus. J'ai demandé aux rédacteurs en chef d'être plus concernés par ce bandeau et j'espère bien qu'on va faire des progrès.