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Léger comme le printemps, sans prétention, Chicas tombe très bien dans le contexte de la récente journée de la femme, par la diversité des portraits féminins qu'il propose et par la vision globale qui s'en dégage. Yasmina Reza, romancière et auteure de pièces de théâtre, se lance dans le cinéma avec ce film très personnel où elle a montré quelques aspects de sa mère et de sa sœur, en les scindant en quatre femmes différentes. Cette plongée dans la vie des femmes soudées par des liens familiaux n'est pas sans rappeler le ton des œuvres d'Almodovar, surtout quand on voit clairement à la fin la dédicace « A ma mère », comme dans Tout sur ma mère. Tout est dit.
L'amour de la mère rayonne, une mère qui aime ses filles comme elles sont, même un peu folles. La présence de Carmen Maura rayonne comme pilier du film, point central qui relie tout. Elle n'a rien perdu de sa personnalité que l'on pouvait admirer dans le fameux Femmes au bord de la crise de nerfs, mais Pilar, la veuve d'origine espagnole qu'elle incarne, semble moins à la limite du pétage de plombs et peut servir d'exemple auquel toutes les femmes peuvent s'identifier : une femme courageuse, pieuse, aimant ses trois filles et souhaitant refaire sa vie avec Ferdinand, parce qu'il n'est jamais trop tard pour être heureux, ou au moins pour essayer.
Toute en retenue et en finesse, son interprétation est contrebalancée par la présence d'André Dussollier, qui n'a aucun mal à faire croire à son personnage de gentleman un peu affecté et ridicule, qui amuse et sidère à la fois, avec une pointe d'admiration pour son attitude droite. Emmanuelle Seigner, il faut le dire, se trouve là dans un de ses rôles les plus intéressants. Il se dégage finalement de cette œuvre très simple une sorte de sérénité : les problèmes, espoirs et discussions du contemporain sont présentés en alternance avec des scènes de passé, parfois touchantes et poétiques. Et pourtant, on cherche. Où est la tension dramatique ?
Ce que ce film gagne en légèreté, il le perd en cohérence, puisque les histoires de chacune de ces femmes s'en vont dans toutes les directions, sans rapport entre elles. Il y la sœur star que l'on récompense d'un prix, adulée, mais très seule affectivement dans sa chambre d'hôtel. L'autre essaie pathétiquement d'être actrice en s'entraînant avec son mari, mais sa personnalité effacée ne le lui permet pas vraiment, alors que celle de son mari est écrasante. La troisième sœur a une aventure et resplendit un moment, puis se rend compte que cela ne lui cause que des problèmes.
Ce beau film, s'il est léger, donne une leçon et reste optimiste même s'il nous rappelle que tout n'est pas parfait dans la vie. Il ne force pas les choses mais les laisse se dérouler par elles-mêmes, pour finir par faire croire que la vie est un long fleuve tranquille, malgré ses tragédies qui apparaissent en second plan. Il reste toujours la famille, et c'est le plus important, nous dit Reza.