C'est ce qu'on appelle être mis face à ses propres contradictions. Lundi 8 juillet, le président de France Télévisions, Rémy Pflimlin, annonçait lors d'un colloque sur l'égalité homme-femme, la mise en oeuvre prochaine de nombreuses mesures volontaristes afin de renforcer la place des femmes sur les antennes du service public. Parmi les engagements les plus importants du service public, celui de lutter contre les stéréotypes sexués relayés sur ses antennes.
Et, à en croire plusieurs associations féministes, le président de France Télévisions va pouvoir dès à présent se mettre au travail. Ces dernières ont en effet été particulièrement choquées par "le florilège incroyable de propos sexistes" qui auraient été tenus dans la nouvelle émission culinaire de France 2 , "Qui sera le prochain grand pâtissier ?", diffusée mardi soir. Elles ont ainsi décidé de s'en plaindre ouvertement auprès de Rémy Pflimlin dans une lettre relayée par le site d'information "Médiapart" et signée par un collectif de 40 associations intitulé "Féministes en Mouvements".
"Fatigant, énervant, révoltant"
Dans leur missive, également adressée à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti et à la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, le collectifs explique qu'il est "curieux – pour ne pas dire fatigant, énervant, révoltant – d'entendre, en prime time, des phrases d'une bêtise aussi crasse que 'les petites filles aiment les coccinelles et les petits garçons les dinosaures, les trucs bruts de décoffrage'". Les signataires de la lettre ajoutent que d'autres phrases prononcées durant l'émission laisseraient à penser "que les femmes auraient des compétences particulières pour réaliser des gâteaux", sans pour autant les citer. Selon elles, "ce genre d'inepties fige dans le marbre les stéréotypes et les préjugés, qui sont à la racine des inégalités".
"La télé-réalité ne peut pas tolérer le sexisme"
Et le collectif de se lancer dans une comparaison audacieuse pour souligner l'inadmissibilité de tels propos dans une émission de télévision, fût-elle de télé-réalité : "Imaginez-vous par exemple un seul instant que vous auriez gardé à l'écran des propos expliquant : 'les petits asiatiques aiment les chapeaux pointus et les petits africains les tam-tams' ? Non. La télé-réalité ne peut être une excuse pour tolérer le racisme, l'homophobie ou la lesbophobie. Elle ne peut donc pas tolérer le sexisme".
En conclusion, les associations féministes exigent du président de France Télévisions qu'il s'engage publiquement à ce que "ce type d'émission ne véhicule plus de propos sexistes". Elles demandent également à rencontrer Rémy Pflimlin "afin d'échanger ensemble sur les actions à mener".
