"Insoupçonnable" est un thriller mou, lent, mais sauvé miraculeusement par son dernier acte, aussi surprenant qu'inattendu.
Henri est convaincu que Lise, sa nouvelle et jeune femme, l’aime sincèrement. Henri est aussi convaincu que Sam, le témoin de leur mariage, est le frère de Lise. La machination est parfaite. Enfin presque. Adapté d'un roman de Tanguy Viel, Insoupçonnable lorgne du coté des films d'Hitchcock : soupçons, faux semblants, mensonges, trahisons et coups bas, on sent l'influence du cinéaste londonien. Hélas, le film est plus que bancal et risque de tomber dans l'oubli.
Un « Jean-Pierre Mocky présente » n’aurait pas fait pire
Le gros défaut du film est sans conteste sa mise en scène. Molle, lente, sans envie, on a la vague impression que Gabriel Le Bomin se contrefout de son œuvre et de l'histoire. La réalisation est d'une telle platitude qu'on se croirait dans un téléfilm de prime time sur TF1 ou, pire, dans une fiction de la collection « Mocky présente » sur 13e rue.
A la différence de Mocky, qui n'a pas un sou, Le Bomin a quand même un budget confortable. Certes, on ne lui demande pas d'être Scorsese et de faire des plans de folie, mais avec une telle intrigue, il aurait quand même pu être un peu plus inventif. Trop scolaire et trop gentil pour convaincre.
Laura Smet et Marc-André Grondin transparents
L'autre souci majeur du film est son casting. Autant Charles Berling et Grégori Derangère sont impeccables, autant les rôles principaux laissent à désirer. Soyons francs (et un peu méchants) : Laura Smet ne fait pas ce métier grâce à son talent. Inexpressive, elle ne laisse passer aucune émotion et pire, ne distille aucun charme.
Une actrice comme Vahina Giocante, bien que pas extraordinaire, aurait quand même délivré un charme vénéneux à la place. Elle aurait été parfaite en femme fatale intrigante. Laura Smet n'a rien à faire là dedans. Mais le pire, et c'est un crève-coeur de le dire, c'est Marc-André Grondin. Ce jeune acteur est très sympathique mais ici, avouons-le, il ne joue pas très bien. Le regard vide et la motivation au placard, on a la désagréable impression de voir un Gaspard Ulliel du pauvre.
Un twist renversant
On suit donc le film avec un ennui mortel (mais bon dieu, c'est un Godard ou un thriller ?), on se surprend même à bailler pendant certaines scènes tant elles sont surlignées et explicatives (le long dialogue dans la scène du canot, par exemple) et tout à coup, sans crier gare, aux trois quarts du film, l'intrigue s'emballe et on assiste à un twist assez surprenant et crédible en terme d'écriture scénaristique.
Le scénario, au départ sympathique mais linéaire, offre enfin son morceau de bravoure et roule le spectateur dans la farine. Certes, ce n'est pas Usual Suspects, mais on est assez surpris et séduit par ce revirement. Une insoupçonnable qualité bien cachée dans un film mollasson.