Faire mieux avec moins de journalistes. Voilà la feuille de route du nouveau patron d'iTELE, Serge Nedjar, nommé par Vincent Bolloré mardi. Devant la rédaction hier, il a annoncé que la plupart des contrats précaires - CDD et CDU (contrat d'usage lié à une saison télé) ne seraient pas renouvelés. Même si "ce sera réglé au cas par cas", une cinquantaine de postes sont concernés. Objectif : réduire le déficit chronique de la chaîne, qui devrait encore perdre 24 millions d'euros en 2016. Des chiffres contestés par certains, qui rappellent qu'iTELE est la news factory de tous les journaux de Canal pour une dizaine de millions d'euros par an.
"On marche sur la tête"
Ce plan d'économies a été fraichement accueilli par les équipes. "La feuille de route, c'est de repasser devant BFM et gagner de l'argent, sans contrat précaire. Aux CDI de faire plus et mieux ! On marche sur la tête, la chaîne était déjà en sous-effectif", se désole une journaliste de la rédaction. Un autre rappelle qu'hier, la tranche 14h/18h n'était assurée que par une majorité de précaires, en régie et à l'antenne. iTELE pourra-t-elle produire demain autant de journaux avec un quart de sa masse salariale en moins ?
Ce projet, qui n'a pas été communiqué aux partenaires sociaux, arrive au moment où la concurrence sur le marché des chaînes d'informations s'intensifie : LCI a basculé sur la TNT gratuite, France Télévisions s'apprête à lancer sa chaîne gratuite en septembre et BFMTV étend son empire avec de nouvelles antennes, comme BFM Paris. Malgré la crise traversée depuis plusieurs mois, iTELE résiste bien sur le front des audiences. En avril, elle affichait 1% de PDA, contre 1,8% pour sa rivale.
"Il ne faut pas vendre iTELE"
"Il ne faut pas vendre iTELE, mais, au contraire, la garder et la redéployer en utilisant les forces de Vivendi et de Canal, expliquait récemment Vincent Bolloré. On peut y couvrir plus de sport, plus de cinéma, plus de culture, plus d'économie, plus d'international. Il faut se démarquer de la concurrence en jouant sur nos forces". Des synergies pour réaliser des économies. Mais certains journalistes voient dans l'arrivée de Nedjar une lueur d'espoir. "On se plaignait de ne pas avoir de pilote, maintenant on en a un, explique l'un d'eux. Si on le met là, c'est que Vivendi donne une chance à la chaîne". La dernière ?
