L'année médias 2019 vue par... Claude Askolovitch

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L'année médias 2019 vue par... Claude Askolovitch
L'année médias 2019 vue par Claude Askolovitch
L'année médias 2019 vue par Claude Askolovitch © KM
Durant tout le mois de décembre, les personnalités du PAF vont retracer l'année médias écoulée pour puremedias.com.

Que retenir de l'année médiatique écoulée ? Pour la septième année, puremedias.com a proposé à plusieurs personnalités de revenir sur ces douze derniers mois, avec la désormais traditionnelle "Année médias vue par...". Au tour de Claude Askolovitch, chroniqueur dans l'émission "28 minutes" sur Arte. Le journaliste assure également la revue de presse quotidienne de la matinale de France Inter.

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La personnalité médiatique de l'année ?
Un twittos états-uniens aux cheveux peroxydés, au teint orangé et à l'expression orale déficiente, écrite inexistante, en dehors de saillies de 380 signes max, qui mises bout à bout sont plus épaisses que l'Ulysse de Joyce, et polluent l'entendement. Il n'est que l'archétype de l'idiotie qui déborde sur notre pauvre monde. Mieux vaut se souvenir d'un ancien boxeur enragé de colère, chargeant à poings nus les forces de l'ordre sur un pont de Paris, dont certains feront un héros du peuple, et dont un président trouvera qu'il parle trop bien pour un pugiliste gitan.

La personnalité politique de l'année ?
Une vieille dame tuée à sa fenêtre par le projectile que lance un policier, c'était en décembre 18 pardon, avant l'an 2019. Un jeune homme noyé dans la Loire, qui faisait la fête de la musique à Nantes quand la police a chargé. Toutes les victimes des forces de l'ordre égarées du rôle qu'on leur fait jouer. Mais aussi un policier épuisé jusqu'au suicide, ou un agriculteur qui renonce à la vie et dont on écoute enfin le malheur parce que son fils en a réalisé un film. La victime de puissances mauvaises et supérieures est la personnalité politique de l'année.

Le coup médias de l'année ?
Si on admet le cynisme comme étant un "coup", l'infamie mercantile de CNews offrant tribune à un faussaire d'extrême droite plusieurs fois condamné, au demeurant idiot dans ses obsessions, est sans doute le coup (bas) de l'année.

Le mensonge médiatique de l'année ?
Dans l'embarras du choix, les complotismes à la syntaxe et à l'orthographe déficientes de quelques leaders gilets jaunes valent le déplacement. L'imposture de l'avocat Juan Branco, qui fait passer une loghorrée pâteuse pour un livre révolutionnaire, et gogos y croient, est de la même eau. Les approximations d'un grand économiste, Thomas Piketty, sur les retraites, disent la déchéance du temps. Mais par-dessus tout, avant toute chose, l'obstination singulière du président de la République dans un syllogisme pervers, refusant à plusieurs reprises que l'on puisse parler de "violences policières", puisque dans un Etat de droit, la chose serait impossible, cet aplomb sémantique du pouvoir qui d'une posture nie les yeux arrachés, les membres brisés, les vies disloquées, est le mensonge médiatique ou pas, le plus pénible de la période.

L'émission TV de l'année ?
"28 minutes". Ce choix m'est personnel, tant le bonheur professionnel est fragile, et miraculeux de durer. Que le public, de plus en plus nombreux, fingers crossed, y adhère, donne à ce miracle l'expression de la vérité. Et puis aussi. Le Tour de France sur France télé, plus encore regardé cette année pour nos cyclistes de France, et l'année où j'ai perdu Poulidor, nous sommes encore là. Et aussi. Quelques lumières dans un doc consacré aux européennes pour "C Politique", où soudain on voyait ce qui se jouait chez un gandin nationaliste et autres animaux éphémères captés par Camille Girerd. Et aussi. N'importe quel direct, sur BFM notamment mais pas seulement, quand des confrères tentent de saisir le moment, sous les lazzis désormais, les crachats et les coups, le mépris, il faut au contraire être fiers d'eux.

L'émission radio de l'année ?
Les matinales de France Inter, j'ai dit "les", ce qui inclut le "5-7" aussi bien que "le 7-9". Comme dit plus haut : ce choix m'est personnel, tant le bonheur professionnel est fragile, et miraculeux de durer. Que le public, de plus en plus nombreux, fingers crossed, y adhère, donne à ce miracle l'expression de la vérité. Et puis aussi. Sur Culture, juste à côté, l'arrivée aux commandes d'une leçon d'histoire de Xavier Mauduit me ravit. Et puis aussi, je n'y pensais plus. "L'After" de RMC, sur le foot, pas simplement pour le foot, mais pour ce que j'ai appris tardivement, que ce génial café du commerce avait accueilli, entendu, sauvé, un type génial tombé dans la panade, devenu SDF, qui tchatche sur le foot se faisant appeler Polo Breitner (c'était un maoïste allemand). Et puis enfin, l'avez-vous entendu, un podcast réalisé tout seul, absolument, par un vétéran du métier du nom de Sylvain Attal, sur les années trente qui nous ressemblent tant. Cela s'appelle "Les temps modernes".

La série de l'année ?
"Maradona au Mexique" ! Egalement la revisitation de l'affaire Gregory... Ah oui, deux fois Netflix. Bah oui, deux fois Netflix.

Le dérapage médias de l'année ?
Le faux Xavier Dupont de Ligonnès. C'est trop facile en même temps.

Le flop TV/radio de l'année ?
Comme l'an passé et l'an à venir, l'amoncellement de vaines paroles de bruits de cancans de rien où s'abîme l'intelligence, quand la télé fait blablater journalistes et clampins au lieu d'ouvrir les fenêtres. Certaines, "L'Heure des pros", sont plus tristes que d'autres, (c'est pitié, Praud à ses bonnes heures est un bel esprit) mais en général c'est de trop - j'en fus, j'en fuis.

Le/la journaliste de l'année ?
David Dufresne. Qui tout seul, punk inguéri, est allé recenser sur Twitter les bavures policières où se brisaient les os des manifestants. Il n'est pas le seul, mais a été le métier en un bonhomme incarné.

L'animateur/animatrice de l'année ?
Babette Quin pour ses yeux qui scintillent et l'inquiètent, qui n'en parle jamais mais en écrit fort bien. Oui, c'est ma paroisse. On ne parle jamais aussi juste que quand on connait de près. A l'inverse pourrais-je dire, la plasticité de Praud, cité plus haut, celle de Naulleau, ce qu'ils arrivent à contorsionner de leur culture et de leur intelligence, est une forme de génie. Ce que j'en pense, moralement, peut-être en snob, n'a pas grande importance. Ils sont les Valentin le désossé de la distraction cathodique. On ne dit plus cathodique je crois.

La personnalité médiatique qui marquera 2020 ?
Je n'en sais rien. C'est mieux de ne pas savoir.

Claude Askolovitch
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