Mammuth : De l'art brut baigné dans une sensibilité déconcertante

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Mammuth : De l'art brut baigné dans une sensibilité déconcertante
"Mammuth" est le film le plus soft de Kervern et Delepine, sans pour autant perdre la hargne qui caractérise chacune de leur création. Une lutte perdue d'avance avec moins de colère, un tout petit peu moins de folie... mais aussi marquant qu'un "Aaltra".

Un an après Louise Michel, Mammuth est un nouveau road-movie grolandais qui ne ressemble pas tellement aux précédents, tant il règne dans l'ambiance une mélancolie moins acide que d'habitude. Toujours dans une logique contestataire sur les tares de notre société, les auteurs – car ce sont avant tout des auteurs – du film continuent à disséquer le rôle social du travail et ses effets sur l'être humain.

Abordant un sujet brûlant, la retraite, Benoît Delepine et Gustave Kervern s'engagent dans une voie toujours aussi déprimante et sale, mais avec une sensibilité bien plus à fleur de peau que dans leurs précédents travaux. Ils retrouvent également une forme en dehors des standards du moment : après le noir et blanc en 4/3 d'Aaltra et Avida, Mammuth se paye le luxe d'avoir été intégralement tourné en 16mm. L'image est très granuleuse et semble nous venir d'ailleurs.

Un premier rôle poids-lourd



Gérard Depardieu officie avec une retenue savoureuse. Quasi-muet, ce gros lion tournant dans sa cage durant les 10 premières minutes du film se libère grâce à sa fameuse moto, lui donnant son surnom pachydermique. La lourdeur physique du personnage est mélangée avec une simplicité et une douceur très touchante. Perdu et abandonné dans ce monde glauque et poétique, il interprète un de ses rôles les plus marquants.

De plus, il trouve dans Mammuth sa meilleure scène d'amour depuis bien longtemps, vouée à être culte. Les rencontres de Mammuth sont du même acabit que les apparitions de guests dans les précédents films des grolandais. On retrouve avec une jouissance non dissimulée Benoît Poelvoorde et Bouli Lanners en personnages autistes et crasseux peuplant la France du fond. Une nouvelle gueule, Anna Mouglalis, s'immisce avec une facilité déconcertante dans l'univers absurde des auteurs du film.

De la poésie trash



La surprise du film revient à Miss Ming, déjà entraperçue dans Louise Michel. Une actrice et un personnage au-dessus du tout, planant dans un autre univers, nageant dans une poésie trash et enfantine. Chacune de ses apparitions vole la vedette à Depardieu, et elles sont bien plus attendues que les scènes avec Isabelle Adjani et Yolande Moreau (néanmoins très bonnes).

Cette poésie souligne l'originalité majeure du film, qui est de narrer un voyage initiatique effectué par un homme qui semble n'attendre plus rien du reste de sa vie. Partant d'une situation plutôt idéaliste (un homme considérant le travail comme essentiel, part à la retraite après une vie consacrée au labeur), le personnage se transforme petit à petit. Au final, le but de départ (récupérer des documents administratifs pour la retraite) s'oublie au contact d'une multitude de rencontres. Des travailleurs désabusés, des arnaqueurs, des patrons malhonnêtes... Le résultat du voyage est un film sensible et mélancolique. Benoît Delepine et Gustave Kervern officient encore en tant qu'artistes-magiciens, avec toujours ce savoir-faire si particulier. Comment un film aussi moche... arrive-t-il à être si beau ?

Louise Michel
Louise Michel
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