Alors qu'il va avoir 70 ans en octobre, Charles Enderlin, le correspondant de France 2 à Jérusalem, s'apprête à prendre sa retraite à la fin de l'année. Quelques mois avant de quitter la chaîne publique, le journaliste spécialisé dans le conflit israélo-palestinien rend lundi les clés du bureau de la chaîne à Jérusalem qu'il occupe depuis 1981. Il sera remplacé par à Franck Genauzeau, 37 ans. Un hommage lui sera rendu demain dimanche dans le journal de 20 heures de la chaîne.
Comme il le raconte dans une longue interview au "JDD", Charles Enderlin est parti en Israël en 1968 "pour accomplir un projet citoyen" (il a passé six mois dans un kibboutz, ndlr) après s'être fait virer de l'université après les évènements étudiants de mai. Sa carrière de journaliste débute en 1971. Il travaille dans une radio israélienne puis devient correspondant de RMC avant de rejoindre Antenne 2 (France 2) en 1981. Devenu grand reporter, il deviendra le chef du bureau de France 2 en Israël en 1991.
Une carrière endeuillée par l'affaire Mohammed Al-Dura
Le journaliste a suscité une vive controverse avec un reportage tourné le 30 septembre 2000. Alors que la seconde Intifada faisait rage, on y voit Mohammed Al-Dura, un jeune palestinien de 12 ans, dans les bras de son père Jamal, pris au piège au milieu de violents combats entre Palestiniens et Israéliens. Une rafale de coups de feu survient. Le père est grièvement blessé et l'enfant meurt devant la caméra de France 2. Charles Enderlin laisse entendre dans son reportage que les tirs mortels viendraient des positions israéliennes. Ce qu'Israël a toujours fermement démenti, rejetant la faute sur les combattants palestiniens et accusant le journaliste d'avoir truqué son reportage. Charles Enderlin a toujours défendu son travail. Il s'en est expliqué longuement dans son livre "Un enfant est mort".
Malgré son départ de la rédaction nationale de France 2, Charles Enderlin va continuer à faire des documentaires "pour décrypter différemment l'histoire du Proche-Orient", explique-t-il à "Télérama". Il souhaite réaliser "une grande fresque" sur le sujet et a déjà de nombreuses idées sur ses angles d'attaque.
